Jordan Peele explique pourquoi après Us, il n'écrira pas de premier rôle pour un comédien blanc

La Rédaction | 28 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 28 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Get Out fut un succès surprise, et Us a déjà des airs de véritable phénomène sur le sol américain. Un triomphe pour un réalisateur qui compte bien ne pas en rester là.

La réussite internationale de Get Out pourrait aisément le faire passer pour une production maline, mais ce serait oublier combien son discours sur les tensions raciales aux Etats-Unis a fait là-bas l’effet d’un petit électrochoc. Electrochoc pas toujours bien reçu d’ailleurs, comme en témoignent les quelques voix qui ont vu dans la satire de Jordan Peele un manifeste raciste (LOL).

Interrogé par le Hollywood Reporter, le cinéaste a expliqué que le sujet de Get Out avait représenté un énorme défi d’écriture pour lui.

 

Photo Jordan PeeleJordan Peele sur le tournage de Get Out

 

« Tous les quinze jours, je me demandais ce que j’étais en train de faire. J’écrivais un film où un noir était la victime absolue, pendant que tous les blancs étaient diaboliques, et j’attendais des gens qu’ils passent un bon moment… Mais si jamais je parvenais à en faire quelque chose de divertissant… C’est le défi qui m’a replongé dans le film. »

Visiblement toujours aussi remonté dès lors qu’il est question d’analyser les questions sociales qui structurent le corps politique américain, Jordan Peele a réalisé Us (dont vous trouverez la critique ICI et le décryptage ), qui ne traite plus des questions raciales mais bien des notions de propriété et de lutte des classes aux Etats-Unis.

Un récit emmené notamment par la formidable Lupita Nyong'o. Si son rôle et la symbolique ne sont pas comparables à celui de Daniel Kaluuya dans Get Out, il y a une logique dans le casting pensé par Jordan Peele.

 

photo, Jordan PeeleSur le tournage de Us, avec Lupita Nyong'o

 

« De mon point de vue, je choisirai des acteurs noirs dans mes prochains films. Je m’estime privilégié de pouvoir dire à Universal : "je souhaite réaliser un film d’horreur à 20 millions de dollars avec un premier rôle noir", et obtenir une réponse positive.

Je ne me vois pas choisir un premier rôle blanc dans un de mes films. Non pas que j’ai un problème avec les mecs blancs. Mais j’ai déjà vu mon lot de films où ils tenaient le premier rôle. »

Difficile de donner tort à Peele quand il y a deux ans à peine, les Oscars faisaient face à une fronde générale suite au manque criant de diversité dans ses nominations, elles-mêmes fruit d’une production sacrément monocolore.

Pour Jordan Peele, ses choix s’inscrivent justement dans une démarche historique bien particulière.

 

Photo Daniel KaluuyaGet Out

 

« Ce qu’il y a de vraiment fantastique en ce moment, c’est le sentiment d’appartenir à une époque, une forme de renaissance, qui vient prouver que les mythes entretenus par l’industrie en matière de représentation, étaient faux. »

En effet, la justification classique des studios interrogés sur la répartition des rôles au sein de l’industrie a toujours été le manque d’intérêt du public pour des personnages non-blancs, ou pour des récits portés par des comédiens autres que caucasiens.

Une légende que Get Out, Black Panther, Moonlight, Le Majordome et beaucoup d’autres ont pulvérisée ces dernières années.

 

photoUs

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commentaires
Jay Malkoburn
06/03/2023 à 13:38

@Jordan Peele

Prend "Dieudonné " en 1er rôle, il marche super fort, surtout en France ...

hanni_84577
11/11/2020 à 10:38

Get out était très bien... Us pour moi Nullissime.... Lovecraft Country à part encore parler de l'esclavage et cie encore nullissime et racoleur avec ce nom de Lovecraft mais si le mec continue a n"aller que dans le chemin du racialisme et bien il va vite déchanter à mon avis....

Simon Riaux
12/09/2019 à 11:23

@Sandy

Et heureusement, vous êtes là pour le rappeler, avec des démonstrations très très précises.

Sandy
12/09/2019 à 11:21

"Ils n'ont pas le moyen de faire en sorte que le fait d etre blanc vous pose problème" je cite. Sauf qu'aujourd'hui on peut se faire agresser, y compris en milieu scolaire, voire être victime d'un crime du simple fait d'être blanc comme du simple fait d etre juif. On pourra difficilement dire à la victime du viol collectif d'Evry en 2014 qu etre blanche ne lui a pas posé de problème. Et c'est la même réalité que l'on observe dans d autres pays occidentaux USA inclus. Où un jeune handicapé blanc a été séquestré et torturé par 4 Noirs à Chicago en 2017. Cela avait d'ailleurs fait la une des médias américains. La sociologie n est pas une science et son degré de crédibilité est nul.

Simon Riaux
12/09/2019 à 11:11

@Sandy

Bonjour Sandy,

Il y a une incompréhension de départ sur le sens des termes que vous employez. Quand on parle du racisme comme ne pouvant exister que sous forme de système, ça ne veut pas du tout dire "le système est raciste nia nia nia ".

Déjà personne n'a jamais dit "le racisme anti-blanc n'existe pas dans le monde". C'est son existence au sein de pays occidentaux qui est discutée et remise en cause (ou soutenue).

Personne ne dit "c'est le système qui est responsable" ni ne lie les responsabilités individuelles. Ce que disent les sociologues qui soutiennent que le racisme anti-blanc n'est pas une réalité en France, c'est qu'un individu ou une poignée d'individus potentiellement racistes ou hostiles aux blancs, n'ont pas le pouvoir d'entraîner d'effets systématiques.

En gros, si dans votre ville trois types haïssent les blancs, et quand bien même ils les haïssent très très forts, ils n'ont pas les moyens de faire en sorte qu'être blanc vous pose un problème. Leur haine ne va pas vous empêcher de trouver un job, de louer un appart, d'aller en boîte, etc etc etc.

En gros plutôt que "c'est le système", il faut plutôt entendre "c'est un phénomène collectif". Donc oui, aujourd'hui, en France et dans les pays occidentaux voisins, être blanc n'est pas un facteur défavorisant, aliénant ou connoté négativement. Donc, techniquement, on n'observe pas de racisme à l'égard des blancs.

C'est du moins la logique suivie par les sociologues défendant cette idée (en simplifiant bien comme il faut hein).

Sandy
12/09/2019 à 11:02

Certains commentaires ressortent l'ineptie selon laquelle le racisme anti-blancs n'existerait pas parce qu'il ne serait pas systémique. Triplement inepte et très facile à debunker. 1) le racisme vient des individus et ceux qui prétendent le contraire prouvent qu'il tentent de se dédouaner de leur propre racisme. Si le système est l'unique responsable, l'individu n'a plus à repondre de ses actes 2) le racisme anti-blancs est systémique au Zimbabwe où des milliers de blancs ont été massacrés. Le régime de Robert Mugabe a été l'exemple même d'un régime violemment raciste, au même titre que l'Apartheid en Afrique du sud 3) l'antisémitisme non plus n'est pas systémique. Dire que le racisme anti-blancs n'existe pas revient donc à dire "l'antisémitisme n'existe pas", or ce sont au contraire les deux formes de racisme qui se manifestent aujourd'hui par le plus 'd'actes violents .

Sandy
12/09/2019 à 07:51

@Alfred Borden Les Noirs passent leur temps à pleurnicher dans les médias. Ce ne sont pas les Blancs, ni les latinos ni les Asiatiques ni les musulmans qui pleurnichent. Et pourtant plus de crimes racistes sont commis dans le monde par des Noirs que par des Blancs. Beaucoup plus. Quant à Get off c'est l'un des films les plus racistes qui aient jamais été tournés : il véhicule les thèses d'organisations d'extrême droite suprémaciste (Nation of Islam, New black Panthers...).

explicite
04/05/2019 à 21:40

C'est dingue, c'est toujours la même chose, partout sur internet de la haine pure et dur dès qu'il s'agit de la communauté noir. On se permet de lire en travers et de condamner à la va vite, parcequ'en definitive tous les motifs sont bons. Si les rôles étaient inversés, il y aurait du sang dans les rues depuis bien longtemps. Je vous pis se à la raie ban de de mer de.

Alfred Borden
03/04/2019 à 11:18

Il a 100% raison.

Et vous voir tous pleurer ici dans les commentaires ne fait que confirmer son propos.

cepheide
31/03/2019 à 14:38

Comment peut on être fier d etre noir ? on ne peut être fier que de ce que l'on a gagné soi-même, pas de ce qu'on a recu en héritage.
Un jour les blancs en auront assez de cela.
Ce serait dommage. Ce peele est un raciste light, mais un raciste quand meme.

Et ce propos n enleve rien a mon degout de la domination et de la cruauté d un groupe humain sur un autre.

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