Us sur Netflix : on décrypte la fin, son sens et ses multiples symboles

Simon Riaux | 25 mars 2022 - MAJ : 25/03/2022 16:14
Simon Riaux | 25 mars 2022 - MAJ : 25/03/2022 16:14

Pour tous ces moments où on se retrouve à la fin du film avec plus de questions que de réponses, avec l'envie d'en discuter pour savoir ce qui s'est passé à l'écran, Ecran Large a la Soluce.

Le but : revenir sur ces films, dans l'actualité ou du côté des classiques, afin d'expliquer, décortiquer et tenter de comprendre et analyser ces conclusions qui alimentent théories et débats.

ATTENTION ÉNORMES SPOILERS !

 

 

KESSKISSPASS ? 

Enfant, Adelaide a fait une rencontre traumatisante dans le Palais des Glaces de fête foraine de Santa Cruz, qui l’a laissée traumatisée et muette durant de longs mois. Bien des années plus tard, mariée à Gabe Wilson et mère de deux enfants, elle se rend à nouveau dans la région à la faveur de vacances estivales.

Mais les membres de la famille ne tardent pas à être attaqués par leurs doubles, manifestement maléfiques et décidés à les tuer. Emmenées par Red, copie conforme d’Adélaïde à la voix gutturale, les copies traquent leurs modèles sans relâche, jusqu’à ce qu’ils s’échappent de justesse, en direction de la maison de leurs voisins et amis.

Une fois arrivés, les Wilson découvrent les cadavres de leurs proches, remplacés eux aussi par des doubles mutiques et agressifs. Ils parviennent à éliminer les assaillants, avant de comprendre grâce à un reportage télévisé que le phénomène a lieu simultanément dans tous les États-Unis, où individus muets et vêtus de rouge sont apparus pour massacrer leurs doubles.

 

Us : photoGrosse ambiance

 

Le fils Wilson est kidnappé par le décalque d’Adelaide, qui part à sa poursuite, dans les sous-sols du palais des glaces où elle s’est perdue jadis. L’affrontement avec Red, son imitation, tourne à son avantage alors qu’elle la massacre. Mais ce combat s’est accompagné de révélations. Red était l’authentique Adelaide, mutilée par son simulacre lors de la scène d’introduction et forcée de vivre sous terre, avec tous les doubles des habitants de la surface.

Enfermée des années durant au sein de cet inframonde déshumanisé, l’authentique Adelaide a gagné le statut de messie le jour de ses 14 ans, alors qu’elle est parvenue à danser, prouvant aux copies du monde du dessous qu’il était possible de s’émanciper de leurs modèles. Elle a dès lors fomenté une révolution dans le but de remplacer les Américains de la surface, prendre leur place, mais aussi tuer la véritable Red, qui lui a volé sa place au soleil.

 

photo, Madison CurryAdelaide ou Red ?

 

QUI SONT LES DOUBLES ?

Ont-ils toujours existé ? Sont-ils le fruit d’une expérience scientifique ou philosophique ? Le film ne tranche jamais la question, nous laissant avec quelques indices, plus ou moins directifs. Red indique que jadis, ceux d’en bas furent créés pour effectuer tout le labeur, autorisant ceux de la surface à vivre une vie de confort. Mais elle précise aussi qu’il fut envisagé de permettre aux uns de contrôler les autres. Or, cette relation paraît sacrément erratique, dépendant bien plus d’une forme d’ascendant psychologique que d’une donnée physique.

Ainsi, quand Jason veut éliminer Pluto, il parvient à le contrôler, tandis que Dahlia paraît obligée d’imiter Kitty et ses opérations de chirurgie esthétique, se découpant le visage à l’aide de ciseaux. Pour autant, on assiste bien tout le long du film à la révolte des doubles.

 

photo"Hello there"

 

Un élément, toutefois laisse à penser qu’ils ont été le fruit d’une vaste expérience, ou, à tout le moins, l’objet d’un système de domination institué. L’un des principaux décors du monde souterrain est ainsi une salle de classe (qui évoquera Le Grand Nulle Part aux vétérans du premier Silent Hill sur PS1).

Ordonnée à l’extrême, cette pièce évoque autant l’école, qu’un lieu de formation, qu’une certaine ingénierie sociale. La présence des lapins est à la fois symbolique, poétique, et significative de la condition de ceux du dessous. La multiplicité des cages, qui ornent les murs dès le générique de Us, renvoie à cette idée d’un fonctionnement contraint, industriel, à la limite du clonage.

 

photoDeux masques, deux ambiances...

 

Dans ce contexte, les prénoms font bien sûr sens, et ceux des doubles sont "éclairants". La copie de Jason se prénomme Pluto. Pluton était le gardien du monde souterrain, c'est d'ailleurs le seul maître de Cerbère,  le chien à trois têtes protégeant l'entrée des enfers. En astronomie, il est souvent considéré que Pluton est à une distance du soleil qui la condamne aux ténèbres perpétuelles. Quant à Umbrae, son prénom renvoie au centre d'un objet assombri lors d'une éclipse. Soit un véritable condensé de ténèbres.

Ces deux appellations ont pour but d'asseoir leurs porteurs comme des êtres sombres, bien évidemment, mais aussi d'appuyer le substrat mythologique qui nourrit chaque aspect du film.  

 

photoUne pièce aux multiples facettes...

 

QUE VEULENT-ILS ?

Les doubles ne sont pas exactement des doubles maléfiques, du moins pas dans l’acception classique qui est faite de cette idée. Ils ne sont d’ailleurs pas maléfiques à proprement parler. Ils symbolisent une masse en souffrance qui a été littéralement expropriée, privée d’existence, de liberté, d’autonomie, de confort. Une masse qui s’est vu supprimer jusqu’au savoir de son existence, jusqu’à son histoire, devenue une légende orale quasi absurde.

Tout cela nous l’apprenons de la bouche de Red. Traumatisée par son kidnapping et par la vie que lui a volée la fausse Adelaide (Lupita Nyong'o) , elle a progressivement fait prendre conscience aux simulacres enfermés sous terre de leur condition. Ils revendiquent désormais ces privilèges, et font de la chaîne humaine qu’ils composent l’incarnation de leurs revendications.

 

photoDes revendications acérées...

 

Cette dernière provient évidemment du spot publicitaire en faveur d’une action caritative qu’a regardé la vraie Adelaide, dans le tout premier plan du film. Initiative naïve et un peu ringarde imaginée par ceux de la surface pour se donner bonne conscience, cette chaîne devient avec les années passant le symbole de la connexion détruite et renouvelée des doubles (qui tranchent leur lien d’oppression avec les habitants du dehors, pour choisir de se tenir par la main). La violence du mouvement de libération amenant à cette chaîne rougeoyante vient encore souligner l’hypocrisie du monde du dessus.

Enfin, Red nous apprend également que les doubles ne sont pas des duplicatas. Non, il s’agit de deux corps se partageant une seule âme. C’est pourquoi, au-delà de la revanche sociale, les copies veulent tuer leurs maîtres. Il n’y a qu’ainsi qu’ils pourront s’en affranchir totalement.

 

photo, Lupita Nyong'oQui a eu l'idée folle de découper l'école ?

 

L'inscription "Jeremiah 11 : 11" revient à plusieurs reprises dans le film. Elle fait référence au Livre de Jérémie, texte connu sous deux formes (une longue et une plus brève. Le prophète en question, célébré dans les traditions juives et chrétiennes, aurait vécu au VIe siècle avant Jésus Christ. Voici le passage de ses écrits auquel fait référence l'inscription évoquée plus haut.

"C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel: Voici, je vais faire venir sur eux des malheurs Dont ils ne pourront se délivrer. Ils crieront vers moi, Et je ne les écouterai pas".

Fils d'un grand prêtre de Jérusalem, Jérémie annonce au peuple d'Israël, qui se compromet alors avec les païens et se souille en adoptant leurs moeurs et leurs rites, que sa cité et ses temples seront détruits en guise de châtiment. Le parallèle avec les évènements du film de Jordan Peele est évident. Mais il a cela d'intéressant qu'il les ouvre sur un sens mythologique, et nous pousse à les considérer à nouveau selon l'angle d'une lecture mystique et cataclysmique. Ceux du dessous annoncent ainsi l'avènement d'un châtiment dont ils sont le glaive.

 

photo, Shahadi Wright Joseph, Winston Duke Shahadi Wright Joseph et Winston Duke

 

C’EST QUOI CE MONDE SOUTERRAIN ?

Au-delà de sa dimension d’usine, cet univers est aussi le trou noir où se concentrent les grands impensés américains, y attirant fantasmes et cauchemars. À ce titre, l’ouverture de Us nous donne de précieux indices sur la nature du divertissement qui nous attend. Tout d’abord, la fête foraine évoque très clairement un livre culte de Ray Bradbury : La Foire des Ténèbres.

Cette connexion fait du lieu, mais de tout ce qui va en découler, une excroissance fantastique des traumas et des peurs de l’Amérique, plutôt qu’un film « réaliste » situé dans le monde que nous connaissons, comme pouvait l’être Get Out.

Ensuite, symboliquement, le simple fait que l’univers alternatif se situe sous terre, qu’on y trouve des lapins en quantité, et des pièges tels qu’un Palais des Glaces en font une extension, une relecture, du terrier du Lapin Blanc d’Alice au Pays des Merveilles. Ainsi, dès le début de son œuvre, Jordan Peele annonce clairement son désir de basculer dans la fable, le conte, une modalité du récit qui ne nécessite pas de rester en prise continue avec notre réalité.

 

photo, Lupita Nyong'oUn duel physique et symbolique

 

C’EST POLITIQUE ?

Get Out était une satire passionnante des tensions raciales traversant la société américaine, mais aussi de leurs représentations. Avec son nouveau film, Jordan Peele change un peu son fusil d’épaule. Il demeure possible d’analyser Us comme un commentaire de l’actualité américaine récente (on verra pourquoi), mais le récit paraît tendre vers une critique plus philosophique, presque esthétique, de l’Histoire américaine.

Ainsi, représenter l’Amérique comme un rêve accessible à ceux qui écrasent leurs semblables (qu’ils soient noirs ou blanc, le phénomène est transversal, touchant toute la société américaine) est en soi un geste politique, mais surtout une véritable turbine métaphorique que le spectateur est libre d’investir, pour lui donner le sens qui lui apparaît comme le plus fort.

Ceux du dessous sont-ils les natifs américains, parqués dans des réserves et largement génocidés par l’Amérique en devenir ? Les laissés pour compte du capitalisme, trimant aux confins d’un pays-continent qui ne les voyait plus, jusqu’à ce qu’ils lui assènent une gifle en élisant Donald Trump ? Leur retour vengeur est-il celui d’un peuple détruisant le mensonge bien huilé de la société qui mena jadis un Nixon au pouvoir ?

 

photo, Lupita Nyong'oQui a volé qui ?

 

Quantité de petits indices sont là pour donner une coloration très lutte des classes au scénario. Par exemple, les tenues rouges renvoient directement à une certaine imagerie perçue comme marxiste, quand les tenues/uniformes des copies évoquent directement celles utilisées dans le système carcéral américain. Système carcéral où le travail ouvrier est très répandu, ce qui à nouveau fait écho au film. À ce titre, l’usage des ciseaux renvoie aussi à une autre tâche ingrate, souvent invisibilisée, à savoir le travail du textile et de la couture, que le capitalisme a toujours réservé aux plus faibles et laborieux des groupes sociaux.

Et quand Red déclare "We are Americans”, elle dévoile là une grande partie du discours de Peele, comme elle nous invite à trouver un second sens au titre du métrage. Us (« nous ») devenant par ricochet U.S. (United States, les États-Unis). Mais pour autant, Jordan Peele a-t-il voulu nous dire que les classes populaires américaines s’étaient lancées dans une révolution violente et impitoyable contre les possédants, voire la classe moyenne ?

C’est le « twist » du film qui nous aide à nuancer cet aspect de l’intrigue.

 

photo"We are Americans"

 

C’EST QUOI CE TWIST ?

Nombreux sont les spectateurs à s’être plaints d’avoir vu venir le « twist » à deux cents kilomètres, et de n’avoir été nullement surpris de l’issue imaginée par Peele. Ce développement final, dévoilé à l’aide d’un flashback dans l’ultime scène de Us n’étant absolument pas un twist, rien d’étonnant à ce que beaucoup l’aient vu venir.

En effet, la toute première scène est limpide. Et les nombreux allers-retours temporels aussi. Évidemment Adelaide et Red ont échangé leurs places dès l’ouverture du récit. Mais le fait d’officialiser cette inversion, de la faire survenir dans les dernières secondes du métrage et de la faire valider par le personnage de Jason, qui regarde sa mère, avant d’acquiescer et d’enfiler à nouveau son masque, a un sens bien particulier.

 

photo, Lupita Nyong'o"Adelaide" revient dans le terrier du lapin pour effacer les dernières traces de son forfait

 

Placer ce nœud narratif à cet endroit n’a pas pour but de sidérer le spectateur, mais de nuancer le rôle des habitants de la surface et ceux de l’outre-monde. Nos héros sont, et ont toujours été, des imposteurs, des escrocs, qui non content d’occuper une place d’oppresseurs, l’ont volée, tandis que les copies doivent symboliquement leur oppression à un vol pur et simple.

Une appropriation de l’effort d’autrui extrêmement violente et opérée en connaissance de cause. Il ne s’agit donc pas d’un twist, ce flashback monté ne nous apprenant rien que nous ne sachions déjà, mais plutôt d’un ultime clou dans le cercueil de cet acte d’accusation lancé contre l’Amérique.

Mais ce n'est pas tout... Ce twist pourrait bien en dissimuler un... Beaucoup plus vicieux. Ainsi, quand Jason remet son masque, comme s'il acceptait le jeu de dupe signé avec sa mère, son geste pourrait avoir une signification qui va bien au-delà de la simple acceptation de la nature usurpée de leur condition sociale. Et si Jason avait lui aussi été victime d'un échange ? Plusieurs éléments vont dans ce sens.

 

photoUn twist peut en cacher un autre

 

Dès le début du film, ses parents indiquent (et répètent) que leur préado a récemment changé (de vocabulaire, de caractère, de comportement). Bien sûr, dans  tout autre récit, il ne s'agirait là que d'une banale évolution d'un jeune garçon préparant  gentiment sa crise d'adolescence, mais dans Us, nous ne pouvons bien sûr pas nous satisfaire d'une explication aussi rassurante. Un autre indice nous fait tiquer : sur la plage, Jason joue dans le sable, mais ne bâtit pas un château. Interrogé, il répond qu'il construit un tunnel. Un autre symbole, qui semble beaucoup plus représentatif de l'imaginaire d'un habitant du monde souterrain, que d'un môme innocent.

Un indice supplémentaire a de quoi titiller sévèrement : pendant toute l'intrigue, Jason joue avec un accessoire de magie, répétant qu'il n'arrive pas à se rappeler son fonctionnement, ou comment il a bien pu mettre la main dessus, tandis que son double nous est présenté comme un pyromane sévèrement brûlé par le résultat de ses expériences. Sachant que la plupart du temps, ce sont les actions des individus de la surface qui conditionnent les mouvements de leurs copies souterraines, la seule explication logique serait la conséquence d'un échange.

 

photoVrai Jason ? Faux Pluto ?

 

Durant un été précédent, Pluto et Jason ont échangé leurs places, à la manière de Red et Adelaide des années plus tôt. Ainsi, pendant que le vrai Jason s'exerce à la pyromanie, son double dissimulé dans la famille Wilson ne peut s'empêcher de reproduire ses gestes, sans les comprendre ni les maîtriser. Enfin, quand ils sont tous deux confrontés en plein jour, le double infiltré (celui que nous appelons Jason donc) parvient à reprendre le contrôle totalement, précipitant Pluto dans les flammes. C'est pourquoi quand Adelaide voit cette silhouette rouge brûler, elle pousse un cri déchirant : elle comprend alors que comme elle le fit 30 ans plus tôt, les deux enfants ont échangé leurs places, et c'est donc son véritable enfant qui meurt sous ses yeux.

Par conséquent, le faux twist qui conclut Us devient beaucoup plus cruel que ce que les apparences laissaient percevoir. Adelaide ET Jason ont usurpé l'identité de leurs semblables. Le scénario ne s'attarde pas suffisamment sur la question pour rendre cette hypothèse indiscutable, mais les signes qui parsèment l'intrigue sont nombreux, et dessinent un discours dont la noirceur est saisissante.

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commentaires
Simon Riaux
29/03/2022 à 14:56

@Barnabé Cherèle

Attention toutefois, le Figaro est connu pour fréquemment publier absolument n'importe quoi en matière de langue française.

Barnabé Cherèle
29/03/2022 à 14:52

@Simon par pitié arrête avec tes "faire sens" !!!
https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/06/27/37003-20170627ARTFIG00007-faire-sens-ne-faites-plus-la-faute.php

IOBO
17/12/2019 à 12:50

Ce que je ne comprend pas c'est que lorsque RED raconte pour la première fois une bribe de son histoire (lorsqu'ils sont oklm sur le canap en mode réunion de famille) ELLE PARLE DE SOUVENIRS qu'elle possède et qui sont ANTERIEURS à sa rencontre avec Adélaïde (le couloir avec ses parents) de même elle lui dit "pourquoi ne m'as tu pas emmené avec toi voir le monde de là haut" (je sais plus exactement la réplique) donc dès ce moment là elle aurait pu dire "ah oui au fait c'est toi l'ombre c'est moi celle du dessus à la base "......
je comprend que le réalisateur a voulu faire une fin stylée, avec un twist ouf dingue mais le scénario manque de cohérence malheureusement.....

noir et blanc
29/03/2019 à 22:44

Ah j publiais les parents de l héroïnebau début dans la fetevforaine

noir et blanc
29/03/2019 à 21:20

Et je parle aussi des figurants

noir et blanc
29/03/2019 à 21:19

Et sinon dans vos analyse il ne me semble pas voir que vous ayez remarque que la famille des persos principaux et leurs doubles sont les seuls personnages noirs du film. Après j ai pa s tout lu et j ai peut être rate ce point.

FafanLeFanu
27/03/2019 à 12:37

Merci pour cette analyse, qui constitue un excellent complément au film.
Personnellement j'ai trouvé que la surabondance de symboles nuit à la première vision du film, après laquelle je me suis senti perdu et déçu du coup.

Mais depuis que je l'ai vu, le film me hante. J'avais repéré certains symboles, manqué d'autres.

Il y a aussi l'attraction qui sert de porte d'entrée au monde souterrain qui est au début liée à un shaman amérindien puis à la fin du film est devenue une attraction liée à Merlin. Allusion à la réappropriation du patrimoine amérindien par la pop culture? Élément supplémentaire quant à l'origine des doubles? J'ai l'impression qu'il y a autant de lectures que de spectateurs.

Même si vous reconnaissez qu'elle est contestable, j'aime beaucoup votre théorie sur Jason/Pluto.

Simon Riaux
27/03/2019 à 11:44

@MassLunar

A peu près tous les points que vous soulevez sont valides hein, pour le coup, je ne prétends pas du tout avoir la réponse "ultime", mais disons qu'il y a de quoi interroger pas mal le récit.

???
26/03/2019 à 02:15

Pour ce qui est de la théorie de Jason, elle tient la route vu qu'à aucun moment du film on voit Jason ouvrir la bouche à cause de sa grande brûlure sur le visage. Et pour ce qui est de son comportement, c'est normal qu'il soit ainsi vu la stupéfiante connexion qu'il avait avec son double.

MassLunar
25/03/2019 à 23:43

Je ne suis pas vraiment d'accord avec votre théorie concernant le personnage de Jason. Dans le final, je pense que c'est plus un geste d'acceptation de sa part, le fait de mettre son masque comme une volonté de vouloir cacher la vérité, celle qu'il a sous les yeux. Jason se doute de quelque chose concernant sa mère et c'est aussi ce qui rend le final assez terrifiant, assez sombre, cette confrontation silencieuse entre le garçon et sa mère comme si un voile venait de tomber sur cette famille.
Si je ne suis pas concrètement d'accord avec cette théorie du faux/vrai Jason, c'est que parmi ceux du dessous, seule la véritable Adélaide semble douée de parole, elle savait déjà parlé quand elle fut enlevée, c'est peut-être ce reste de "verbe" qui a pu la différencier face aux autres habitants du dessous, en plus de la danse.
Car ces habitants ont quelque chose en commun, ils sont primitifs et ne savent pas parler, des borborygmes, des grognements ou autre hurlements, ils imitent ceux de la surface puisqu'ils partagent la même âme mais ce sont des imitations primales, "analphabètes" et Pluton fait clairement partie des gens du dessous. Son comportement est animal. Si il avait été échangé durant un été, il aurait sans doute conserver un reste de surface comme la véritable Adélaïde. Ou alors, l'échange aurait été possible qu'en bas-âge, alors que tous deux n'auraient été que des bébés, mais à ce compte-là, ses parents ne lui auraient pas dit " tu as changé, tu ne parlais pas comme ça avant". Cela n'aurait pas de sens.
Après, concernant l'attachement d'Adelaide ( la fausse) face à la mort de Pluton, vous pouvez remarquer qu'elle possède la même empathie face à la mort d'Umbrae. Ne serait ce pas plutôt un attachement inconscient pour les habitant d'au -dessous dont elle est originaire ? Ne voit -elle pas le reflet de ce qui aurait pu être sa véritable famille ?

En tout cas, très bonne analyse Simon Riaux. Je viens tout juste de voir ce film et, pour moi, c'est un petit bijou. Jordan Peele fait vraiment partie des réalisateurs les plus doués de sa génération. Je pense que je vais le revoir avec plaisir !!

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