Pierre Richard (Victor)

Lucile Bellan | 8 octobre 2009
Lucile Bellan | 8 octobre 2009

50 ans de carrière. Il a été Pierre Malaquet le distrait, François Perrin le grand blond avec une chaussure noire, François Pinon le héros de Francis Veber... mais alors qu'il s'apprête à jouer son propre rôle dans Cinéman, il revient en grand-père qui cache bien son jeu dans Victor. Le rôle de sa vie ?

 

Qu'est-ce que cela vous fait d'être un peu le grand-père idéal pour les Français ?

Il fallait bien ça vienne un jour. J'ai joué les filles, puis les pères et maintenant, j'en suis aux grands-pères. Je n'irais pas forcément plus loin. Par contre, je ne pense pas incarner le grand-père idéal. Pour Victor, je pense que s'il avait été interprété par quelqu'un d'autre, je ne citerais pas de nom parce que ce n'est pas une question de talent, mais il aurait été odieux. Pour le grand-père idéal, ça tient peut-être à mon physique. Une fois, un enfant a dit à ses parents en me voyant : « Wouah, c'est le père Noël ». J'avais les cheveux plus longs à l'époque, c'était après je ne sais plus quel film. Mais je ne suis pas sûr d'être un bon Père Noël non plus, d'autant que je n'aime pas trop cette période de l'année.

 

Vous n'aimez pas Noël et l'hiver ?

Ah si ! J'adore l'hiver avec la neige. Et j'aime les pays froids. Mais on s'égare... Je crois que je suis un bon grand-père ceci dit. Je n'ai pas été un bon père mais je suis un bon grand-père. Je n'ai pas été un bon père, parce que quand on est un jeune comédien, on pense à finir les fins de mois. Quand on est connu, on se demande comment vont se passer les dix prochaines années. Et on fait tellement attention à soi et à sa carrière, qu'on oublie parfois les plus proches. J'essaye de me rattraper avec mes petits-enfants.

 

 

 

Ce qui est sûr, c'est que lorsque vous présentez le film, il y a une émotion qui passe dans la salle.

Tout le monde me dit ça. Je crois que c'est la longévité qui veut ça : « Tiens, il est encore là ? Ça fait plaisir ».

 

C'est peut-être aussi en rapport à votre attitude générale, et à votre carrière. Dans le film, vous restez un personnage sympathique, un gentil filou.

C'est quelque chose que je regrette un peu. J'aurais voulu être plus filou encore à la fin du film, mais c'est personnel. C'est le film de Thomas Gilou, pas le mien. En tout cas, ça m'a amusé d'incarner ce personnage qui est différent que tout ce que j'ai pu faire avant, dans la mesure où, comme vous l'avez dit, c'est un escroc. Il est manipulateur, j'ai rarement été manipulateur au cinéma et si je détruisais des choses sur mon passage, c'était soit par distraction, soit par maladresse. Mon personnage était toujours solaire. Là, ça m'a amusé de jouer un personnage plus manichéen.

 

 

Pour l'avenir, vous pensez partir de ce coté-là ?

J'irais là où on me proposera d'aller. Je vois déjà ce qu'on me propose, et après je prends si ça m'intéresse. Finalement, j'ai jamais anticipé ce que j'allais faire ou eu un plan de carrière. J'ai eu de la chance, car c'est rarement moi qui ouvre des portes mais quand ça s'entrouvre, je sais m'y engouffrer.

 

Comme travailler avec Pierre-François Martin Laval... avec Essaye-moi et King Guillaume.

Oui, il aime le burlesque et il aurait pu à mon âge faire Le Distrait et j'aurais pu faire les films qu'il fait maintenant. Il y a quand même des affinités, un goût tout les deux du burlesque poétique. Mais le mien est plus dénonciateur. C'était corrosif Le Distrait, mine de rien. Alors que lui, c'est plus dans la poésie.

 

 

Vos projets ?

Je suis en train de répéter la suite de Détournement de mémoire, un spectacle que j'ai joué pendant des mois à Paris. C'est un one-man-show où je ne parle pas forcément de moi mais des gens avec qui j'ai travaillé, des anecdotes drôles. Et aussi une réflexion sur la vie, la mort, la vieillesse, la vie de comédien, le travail. Ce deuxième spectacle s'appelle Franchise postale.

 

Propos recueillis par Lucile Bellan

Merci à l'équipe du Festival du Film Francophone d'Angoulême

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