Tim Burton (Big Fish)

Didier Verdurand | 22 septembre 2004
Didier Verdurand | 22 septembre 2004

Quand on connaît le look extravagant de Tim Burton et ses œuvres qui flirtent parfois avec le macabre, il y a de quoi se poser quelques questions sur l'entrevue à venir, avec un petit groupe de journalistes. Toujours avec ses cheveux en pétard, Tim Burton affiche un grand sourire lorsqu'il pénètre dans la pièce. Sa compagne, Helena Bonham Carter, vient d'avoir un bébé. On imagine facilement un squelette de poupée trainer parmi les jouets, mais c'est de Big Fish, son meilleur film depuis bien longtemps (certains diront dix ans, quand sortait Ed Wood) qu'il est venu nous parler.

Pourquoi avoir choisi de mettre en scène Big Fish ?
D'habitude, les grands studios veulent un film avec une star et une histoire qui se résume en deux lignes. Avec Big Fish, j'avais l'occasion d'explorer différents types de relations, notamment celle entre un fils et ses parents. Je pouvais aussi montrer de quelle manière une personne qui est attirée par l'irréel peut le transformer en sa propre réalité. Les gens ont des préoccupations très terre-à-terre de nos jours, pourtant il ne faut pas oublier que nous vivons des situations surréalistes parfois. Regardez Schwarzennegger qui est devenu Gouverneur de Californie ! Quelle est votre idée de la réalité désormais ?


Avez-vous tourné les scènes dans l'ordre ?
Non, il n'en était pas question pour des raisons climatiques, et parce que nous ne restions que rarement plus d'une journée ou deux au même endroit. Il arrive beaucoup de choses aux personnages, et cela n'était pas facile pour les comédiens qui ont su trouver toutes les nuances nécessaires à la crédibilité. Ce tournage a été un vrai puzzle.

Albert Finney et Ewan McGregor ont-ils travaillé ensemble ?
Ils se sont rencontrés, nous avons dîné plusieurs fois ensemble pour discuter de leur rôle commun. Je les ai laissé assez libres, car ils sont assez talentueux pour ne pas avoir à forcément répéter les mêmes gestes ou mimiques pour que l'on se rappelle qu'ils interprètent le même homme. Copier l'autre n'aurait eu aucun intérêt.

Pourquoi avoir choisi Marion Cotillard pour incarner l'épouse de Billy Crudup, sachant que ce personnage n'est pas dans le roman ?
Je pensais que Billy Crudup en aurait tellement assez de ses parents qu'il déciderait de s'échapper le plus loin possible, donc pourquoi pas en France ? Je ne connaissais pas Marion, mais elle m'a semblé avoir une ouverture d'esprit idéale pour faire le lien entre Billy et Albert Finney. Je rajoute, et le pense sincèrement, que j'ai particulièrement aimé travailler avec Marion, même si elle avait tendance à plus parler aux canards du parc de notre hôtel, qu'aux membres de l'équipe. (Rires.)


L'imagination et l'Art seraient-ils des moyens de combattre la peur de la mort ?
Oui, et je me rends compte surtout dans mon entourage professionnel que la peur, et pas seulement de la mort, est un sentiment très présent. Les gens ont peur de prendre des décisions, de changer, etc… Je suis d'une nature plus positive, la vie sans toutes ces peurs est tellement plus agréable à vivre !

Y aura-t-il des scènes coupées sur le DVD ?
En fait, il y en a peu car je pense vraiment qu'il faut se laisser un certain temps, afin d'avoir une bonne vision rétrospective. Il faut digérer ses émotions pour pouvoir ensuite analyser. Je ne veux pas bâcler ce travail, donc il faudra attendre quelques années…comme pour Ed Wood !

Quel sera votre prochain film ?
Je suis en train de produire The corpse bride, que Mike Johnson se charge de réaliser. Ma fonction est équivalente à celle que j'avais avec Le Noël de Monsieur Jack, et c'est d'ailleurs dans le même style d'animation. En ce qui concerne ma prochaine mise en scène, je ne suis pas encore totalement fixé, mais je développe actuellement une adaptation de Charlie et la chocolaterie.


Avec la Warner ! Ce sont des retrouvailles après l'abandon de votre projet de Superman avec Nicolas Cage !
Certains cadres de l'époque n'y sont plus. Je dois avouer que j'avais une certaine méfiance, car une mauvaise expérience comme celle que j'ai eue avec Superman laisse des cicatrices. Il faut aussi savoir tourner la page, et chaque film est une nouvelle aventure.

Propos recueillis par Didier Verdurand en janvier 2004.

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