Halloween est là et dans son sillage, les innombrables recommandations de visionnages horrifiques. Alors plutôt que de vous proposer une longue liste de grands classiques, on s’est dit que vous auriez peut-être envie de découvrir des bizarreries qui sortent un peu des colosses du genre.
Tueurs à têtes de hibou, lapins géants, marginaux difformes, prostituées explosives, peintre diabolique, poltergeist vénère, masques mutants, berger allemand foufou et démons citrouille… On vous a préparé une sélection de petits films pour vous la péter à Halloween.
Frankenhooker
Un étudiant en médecine essaie de ressusciter sa fiancée décapitée à l’aide de morceaux de corps issus des corps de prostituées de Manhattan. Si vous n’êtes pas déjà en train de vous ruer chez le loueur le plus proche pour trouver cette petite merveille d’exploitation dégénérée, on ne sait pas ce qu’il vous faut.
Création totalement iconoclaste de Frank Henenlotter, artiste génial issu de l’underground vidéo New Yorkais, le film suinte un amour immodéré des franges de la société, des marginaux, et des tarés en tout genre. Nanti d’un budget minuscule, mais d’un sens de la démerde remarquable, Frankenhooker et bourré ras la gueule de gerbes de violences jubilatoires. Et les copains de Carlotta ont eu l’excellente idée de le rééditer en Blu-Ray et DVD.
Scène Culte : toutes celles mettant en scène des explosions de prostituées.
Bloody Bird
Un tueur au masque de hibou sème la mort dans un théâtre alors qu’une troupe s’affaire à ses dernières répétitions. Premier long-métrage de Michele Soavi (Dellamorte Dellamore, Arrivederci amore, ciao) et également connu sous le nom de Deliria, ou Stage Fright est une étonnante réussite.
En dépit d’un rythme un peu inégal (le récit met un peu de temps à décoller), ce mélange de slasher et de giallo particulièrement stylisé sait jouer avec malice sur les deux registres esthétiques, et se veut une proposition plastique autant qu’un concentré d’adrénaline. Les trente dernières minutes du film comptent parmi les plus étonnantes et surréalistes qu’aient offertes le cinéma d’horreur.
Scène Culte : le tueur composant un tableau surréaliste et dément à l’aide des corps de ses victimes, à même la scène.
Night of the Lepus – Les Rongeurs de l’Apocalypse
Non, vous ne rêvez pas, il existe bel et bien un film dans lequel des lapins géants viennent terroriser une petite bourgade américaine et boulotter ses habitants. Preuve manifeste que dans les années 70, on trouvait plus facilement du LSD que de bonnes idées, Night of the Lepus tient tout simplement de la pure hallucination.
Doté d’effets spéciaux capables de faire rire les morts, le film enchaîne les séquences ahurissantes, alors que de malheureux comédiens déguisés en lapins font leur possible pour terroriser un casting (ou des maquettes), manifestement en descente de carambars.
La Scène Culte : tout le village se rassemble pour massacrer les vilains lapins géants qui mangent les gens. Un concentré de faux raccords, d’effets spéciaux baveux et de violence animale totalement assumée et dégénérée.
L’Au-Delà
Lucio Fulci demeure un des réalisateurs d’horreur italiens les plus inclassables et fascinant. Malgré des comédiens inégaux et un scénario aussi décousu qu’à l’accoutumée, il emballe ici un véritable sommet de terreur surréaliste. Grâce à un point de départ propice aux gros délires tripés et gorasses (une porte s’ouvre sur l’enfer en Louisiane, parce bah… heu… voilà quoi), il infuse dans cette production une dimension tour à tour poétique et vénéneuse, qui rendrait presque ses défauts attachants.
En l’état, L’Au-Delà est un véritable labyrinthe, extrêmement violent et hypnotique, dont plusieurs images marquantes ont essaimé dans le cinéma d’horreur contemporain (les yeux révulsés de Oui-Ja : les Origines).
La Scène Culte : le dernier plan du film, qu’il est difficile de vous décrire sans spoiler comme des cochons, est une pépite de terreur et de réussite esthétique.
Halloween 3 : le Sang du Sorcier
Probablement l’épisode le moins apprécié de la saga, il s’agit pourtant du meilleur (exception faite, bien évidemment, du tout premier réalisé par Carpenter). Non seulement il répond au souhait initial de Big John, qui souhaitait que la marque Halloween corresponde à une anthologie de récits horrifiques et pas une série de suites stériles, mais le film est rempli d’idées toutes plus déviantes les unes que les autres.
Et comment ne pas se régaler le soir d’Halloween, avec cette histoire de masques meurtriers, aux excès de brutalité ahurissants ? Bah on ne sait pas justement.
Scène Culte : un enfant découvre que dans les films d’horreur des années 80, la pitié n’existe pas, et qu’on a vite fait de se faire exploser la tête. Sprotch.
Ténèbres
Ce n’est pas souvent l’œuvre que l’on cite en premier de Dario Argento et à bien des égards, ce giallo aux teintes délavées est très éloigné des délires formalistes aux couleurs vertigineuses de Suspiria ou des Frissons de l’Angoisse. Détesté par une partie des fans du réalisateur, Ténèbres est pourtant son dernier (très) grand film.
Ce récit qui met un auteur américain aux prises avec un serial killer est une sorte de conclusion apportée brillamment au genre qui aura fait la gloire du réalisateur. Si Les Frissons de l’Angoisse était une sublimation du giallo, Ténèbres en est la rubrique nécrologique. Œuvre comptant parmi les plus amères d’Argento, on y trouve quelques uns de ses plus beaux meurtres, mais aussi un ton désespéré particulièrement puissant, qui achève de faire du film un poème glacial renversant.
La Scène Culte : Dur de trancher entre le double meurtre au rasoir, ou le rêve/cauchemar, séquence la plus érotico-onirique mise en boîte par le grand Dario, qui s’achève sur l’image d’une femme enfonçant ses chaussures à talons rouges au fond de la gorge d’un mystérieux jeune homme.
Les Yeux de la Forêt
Tous les ingrédients des films de maison hantée sont là et très bien utilisés : les couloirs sombres, les courants d’air, les yeux inquiétants et brillants qui se détachent d’une forêt plongée dans la pénombre, le discours sur l’adolescence et évidemment les fantômes (encore que, pas vraiment. Mais bon, no spoil on a dit). Et le pire, c’est que ça marche ! En cultivant le mystère, voire carrément la terreur à certains instants, Les yeux de la forêt va là où Disney ne s’était jamais vraiment aventuré : la peur, le macabre, les ténèbres. Toutes proportions gardées évidemment. En résulte un petit classique de l’horreur pour enfants trop méconnu, réellement impressionnant et qui tient la route.
La Scène Culte : Le lac gelé et notre héroïne piégée en dessous, manquant de se noyer. Tétanisant.
Pumpkinhead
Pumkinhead part un peu dans tous les sens certes, met longtemps à démarrer, étale une histoire stupide au possible et une mise en scène très inégale, mais que voulez-vous, c’est un classique. Au point qu’il a connu 3 suites et qu’un remake est actuellement à l’étude.
La Scène Culte : Le face-à-face final entre Lance Henriksen et le Pumpkinhead, tragique au possible.
The Enfield Haunting
Bon, ok, là, il y a triche, puisque The Enfield Haunting n’est pas un film mais une mini-série anglaise sortie en 2015. Mais l’occasion était trop belle et puis c’est Halloween, tout est permis.
Diffusée sur Arte le 27 octobre dernier dans l’indifférence générale, la mini-série est une autre lecture de la célèbre affaire Enfield dont s’est inspiré le récent Conjuring 2. Ici, pas de nonne maléfique, de Crooked Man ou d’époux Warren, on s’intéresse avant tout à Maurice Grosse et à Guy Playfair, les deux enquêteurs qui ont suivi la famille Hodgson pendant toute l’histoire.
Si The Enfield Haunting ne suit pas plus la « vraie » histoire que Conjuring 2, on préférera sans doute cette version qui, malgré ses imperfections, est avant tout un très beau récit sur le deuil et la nécessaire reconstruction. Nantie d’une très solide distribution (Timothy Spall, excellent, et la jeune Eleanor Worthington-Cox, extraordinaire dans le rôle de Janet Hodgson), d’une réalisation qui n’évite pas quelques jump-scares malheureux mais qui sait se montrer discrète quand il le faut, la mini-série dévie rapidement de son sujet principal pour nous prendre par le coeur, en n’oubliant pas cependant de nous coller une bonne frousse de temps en temps avec peu de moyens.
Une autre approche de l’horreur moderne, débarrassée de ses oripeaux chrétiens embarrassants et qui nous rappelle qu’une bonne histoire de fantômes doit avant tout parler de l’humain et de ses troubles intérieurs.
La Scène Culte : La dernière séance de communication spirite où la medium et Janet parlent avec des voix d’outre-tombe en parfaite synchronisation. Impressionnant et émouvant.
Cabal
Malheureusement, la Fox passe par là, charcute le film sur le banc de montage et le sort en le condamnant à un échec annoncé qui se produit évidemment. Gros flop en 1990, Cabal a totalement déconcerté son public qui s’attendait à une explosion gore et masochiste à la Hellraiser. Il n’avait pas encore compris que Barker n’était pas uniquement un déviant fascinant mais aussi un extraordinaire conteur d’histoires. Depuis, l’auteur a supervisé lui-même un director’s cut, sorti chez nous en catimini en 2015 et l’échec de l’époque l’avait tellement marqué qu’il aura fallu 5 ans pour qu’il retrouve le chemin des plateaux de cinéma à l’occasion de son Maître des Illusions.
La Scène Culte : Tout le film, quand on y réfléchit bien.
@Alix84
Comme vous le verrez en lisant les articles consacrés à Malick ou plus récemment à Tu ne Tueras Point de Mel Gibson, le christianisme comme sujet ne nous pose absolument AUCUN problème.
En revanche, « l’habillage catho » superficiel d’une partie du cinéma d’horreur nous semble très souvent relever de la bigoterie et du contresens. Donc on le signale.
@Alix
Il n’y a pas dans cette formulation, et le fait que nous mettons cela en valeur ces derniers temps dès que l’on parle de film d’horreur, une quelconque attaque envers une quelconque religion. Simplement une constatation, un peu fatigante et énervante, qu’avec la multiplication des films d’horreur de ces dernières années, nous sommes face au retour d’un discours chrétien moral et, pour le coup, dogmatique.
Si chacun est libre de croire ce qu’il veut et qui il veut, nous sommes par contre beaucoup plus nuancés face à cette démarche évidente de certains studios d’envisager l’horreur uniquement sous un angle théologique déterminé et fermé idéologiquement. Rien de plus 🙂
@Alix
J’entends bien, mais imagine que c’est tout aussi usant d’entendre les habituels « vous êtes des bobo-intello parisiens », « tout ça c’est juste la mode », qui n’ont rien de noble ou constructif. C’est de la paresse intellectuelle, à mes yeux, de réduire un avis autre à ces pauvres cases.Là aussi, c’est une tendance que je constate un peu partout – à commencer sur ce site, et dans d’autres de tes commentaires il me semble. La nuance, la curiosité, et le respect qui va avec, c’est quelque chose de primordial quand on essaie de construire un échange il me semble.
Je dois néanmoins nuancer mes propos initiaux par le fait que le terme « oripeaux Chrétiens » utilisé par le site n’avait pas forcément vocation à être insultant ni dégradant. Peut-être était-il seulement voué à pointer des stéréotypes cinématographiques.
Bonne soirée
Salut Frank Poole
Merci pour ton commentaire.
Ton point de vue n’est certes pas le mien mais je le respecte néanmoins.
Rien de dogmatique dans ce que je tente de dire. Juste un peu fatigué de voir des gens attaquer des religions qui sont souvent taxées explicitement ou implicitement de rigides et de régressives sans jamais expliquer concrètement pourquoi.
C’est une tendance que je constate un peu partout.
Bonne soirée
@Alix
Et en quoi leur avis, s’il est si anti-clérical, serait moins recevable que l’opposé ? Tout ceci relève de leur opinion. Sans compter que la religion est au coeur de nombreux films d’horreur, ce n’est pas une invention.
Ce n’est pas la première fois que je te lis sortir des choses comme « bobo », « intello », « à la mode », et autres motifs très communs (très branchés, justement : c’est paradoxal n’est-ce pas), pour désigner les opinions différentes. Ca me semble être bien peu convaincant comme tentative de réduire l’avis d’autrui, comme s’il ne pensait qu’au travers d’une mode, d’un schéma pré-mâché de pensée.
En d’autres termes : si je reprends tes arguments, je te dirais « ça te donne l’air plus cool, plus tolérant, plus anti-conformiste et libre d’esprit de dire que la religion c’est pas si mauvais, et que ceux qui sont anti-cléricaux le sont justement parce que c’est tendance ? ».
Là, tu devrais saisir à quel point l’argumentaire est creux.
« Oripeaux chrétiens « ??? je constate que votre anti-cléricalisme revient régulièrement dans vos articles. Pourquoi vous acharnez-vous à toujours vouloir évoquer la religion en des termes négatifs? Ça vous donne l’impression d’être plus cools? Plus tolérants ? Plus intello branchés parisiens ?
Dommage car l’article est intéressant dans le fond… notamment votre description de Cabal qui a toujours à mes yeux été un film aussi magnifique que sous estimé…
Diantre, que de bonnes choses sont ici citées !