Luke Cage : le premier faux pas de l'alliance entre Marvel et Netflix ?

Simon Riaux | 4 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 4 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le troisième Defender à entrer dans l’arène Netflix, Luke Cage, a donc dévoilé sur la plateforme américaine l’intégralité de sa première saison. Après un démarrage fracassant, se pose la question de la réussite artistique de cette nouvelle création.

Après avoir découvert les premiers épisodes du show, un double constat s’imposait. D’un côté Luke Cage bénéficiait d’un univers et d’une direction artistique qui lui permettaient de se hisser très au-dessus du tout-venant, de l’autre, la série souffrait méchamment de son format. Sur la durée, cette première saison parvient-elle à équilibrer ses ingrédients ?

 

 

LE GRAND SOMMEIL 

Hélas, non. Des épisodes avoisinant la soixantaine de minutes, voilà probablement la cause de l’échec de l’ensemble. Car si pendant une demi-douzaine d’épisodes, le récit se tient à peu près, la structure, obligée de dilater à l’extrême la moindre sous-intrigue, provoque progressivement l’écroulement du show sur lui-même.

Car pour nous faire avaler qu’un type surpuissant et indestructible va mettre 13 épisodes d’une heure pour régler un problème qui ne réclame finalement qu’une grosse pluie de gnons, il faut offrir au public un tempo qui le happe et soutienne la suspension d’incrédulité. Hors, Luke Cage fait précisément l’inverse, étirant de plus en plus à chaque épisode ses dialogues, ses articulations, quand ses séquences spectaculaires, peu ou pas soutenues par la mise en scène, peinent à maintenir intérêt et adrénaline.

 

Photo Alfre Woodard, Luke Cage

 

Et le scénario de tenter par tous les moyens d’empêcher son charismatique héros de régler le problème qui l’occupe à Harlem, quitte à totalement saboter cette même intrigue. On en vient ainsi à s’ennuyer ferme quand le récit écarte plusieurs épisodes durant son protagoniste principal, pour renouveler ses adversaires et lui inventer très artificiellement un point faible. Le récit se focalise alors sur Harlem, mais le show dévoile à cette occasion qu’il n’a ni la finesse d’analyse ni la force nécessaire pour aborder frontalement ces questions.

 

Photo Mike Colter, Luke Cage

 

D’UN Z QUI SIGNIFIE ZOZO

Luke Cage s’avère donc le premier véritable faux pas de la collaboration Netflix/Marvel. Depuis la première saison de Daredevil en passant par Jessica Jones, le rythme a toujours été la principale déficience de ces productions. Mais la mise en scène et la richesse des thèmes abordés empêchait ces précédents efforts de tirer à la ligne. Malheureusement, cette dimension est également à la peine dans Luke Cage.

 

Photo Mike Colter

  

Si la série démarre sur les chapeaux de roue et sait faire appel à tout un pan de la culture afro-américaine rarement appréhendé avec autant de talent et bienveillance, l’ensemble vire malheureusement au gros Z qui tâche en cours de route. Qu’il s’agisse d’une intrigue familiale qui ne dépareillerait pas dans un spin-off de Plus Belle la Vie, de révélations grosses comme des maisons sur le passé de Cage, ou d’un pseudo-climax dont la direction artistique rendrait une taupe aveugle, la série se met soudain à enchaîner les faux pas avec une régularité qui sape totalement sa crédibilité.

Enfin, on se désole que les articulations de l’ensemble deviennent si outrageusement visibles. D’un méchant initial qu’on identifie dès le début comme bien trop faible pour tenir la distance, en passant par une intrigante censée apporter une touche de drama Shakespearien, tout est mécanique, voire ridiculement souligné. Une fois encore, la durée excessive des épisodes n’aide pas à faire passer la pilule.

 

Photo

 

QUITTE OU DOUBLE ?

Evidemment, ce faux pas est loin d’invalider les espoirs placés dans le futur Iron Fist, programmé pour mars 2017, ou rendre caduque l’attente que génère The Defenders, le crossover concocté par Netflix. Mais le ratage de Luke Cage, si patent qu’il en effacerait presque les évidentes qualités du show et l’amour évident de la culture populaire qui en transpire, ferait bien d’inspirer une profonde remise en cause de la recette, usée jusqu’à la corde.

 

Photo Mike Colter

 

Car si les intentions sont résolument appréciables (offrir un cadre mature aux super-héros, prendre le temps nécessaire à l’édification d’un univers, ne pas esquiver la violence, ne pas verser dans le clin d’œil goguenard), elles réclament néanmoins d’être repensées et adaptées à chaque personnage. Car le traitement qui fit la réussite de Daredevil et Jessica Jones est ici précisément le point faible de Luke Cage.

Une déception d’autant plus dommageable que l’interprète principal du show, Mike Colter, fait ici une percée absolument remarquable. Lors des trois derniers épisodes, il s’impose même comme la seule raison de continuer à suivre Luke Cage. Gaegons qu’au contact de Charlie Cox et Krysten Ritter, il fera encore plus d’étincelles.

 

Affiche Mike Colter

 

 

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commentaires
Holly Body
07/10/2016 à 11:58

PUTAIN DE BORDEL DE CHIOTTE

Y aura t-il un moment où, quand certains rencontrent des avis différents du leur, il n'y aura ni "vous avez pas compris", "vous êtes idiots" ou "vous manquez de culture" (voire pire), mais simplement l'horrible vérité que oui, on peut avoir des différents différents sans que ce soit un problème!
@Vince
En quoi toi, tu aurais compris ? C'est si dur à accepter l'idée que ton opinion n'est pas la vérité indubitable, et que ça ne vaut ni plus ni moins que la critique ici ou celle des gens au-dessus ? Si tu veux qu'on te traite avec respect, montre en à l'égard es autres. Ton commentaire prouve que tu n'as rien compris à la richesse des avis et au fait que chacun a le droit de ressentir ce qu'il veut, sans qu'un gus vienne dire "pff t'as juste pas compris".

Vince
07/10/2016 à 08:00

Bravo à Netfix pour cette nouvelle série Marvel qui continue à réinventer les superhéros.
Luke Cage est superbement réussi au contraire de l'article ci-dessus dont l'auteur prouve surtout qu'il n'a pas tout compris.
Luke Cage, JJ et DD sont des shows pour adultes. De ceux-là Luke Cage est surement le plus riche auquel on peut juste reprocher des petites ficelles de scénaristes par moment sinon c'était parfait. La bande son est superbe.
Ma série de l'année 9.5/10.

mikegyver
05/10/2016 à 19:54

est-ce qu'on oublierait pas le materiau de base des fois ?

est-ce qu'un tel heros en 2016 peut tenir la route ? certes on peut changer des choses, mais ca reste luke Cage, et franchement si c'est un perso mineur de chez Marvel, y'a peut-etre une raison.

on peut y mettre toute la bonne volonté du monde, m'enfin voila quoi, Luke Cage le gros costaud.........mouais bof.

Champy
05/10/2016 à 10:42

Ceux qui conversent la haut n'ont pas vraiment lu les comics sur Luke Cage, qui étaient bien sûr distrayants mais "beaufs" à mourir, avec des histoires plus débiles les unes que les autres . Vous verrez même que les Afro-Americains de l'époque ont même pensé que se personnage avait été créé pour les ridiculiser davantage . A mon avis donc, c'est pour se débarrasser de cet héritage peu flatteur que la série a pris cette direction très diserte que j'apprécie bien .

Cervo
05/10/2016 à 10:25

"mé heureuzmen sa péteu pa tou le tant"

Merci les mongols.

Le rythme et la rapidité, ça n'a rien à voir. Le sens du rythme de Six Feet Under est prodigieux, tout en étant très lent. Daredevil est lent, mais ne manque pas de rythme. Quand tu répètes tout trois fois, que les actions de tes personnages sont prévisibles à 2000 km, que rien n'a de sens, que ton héros a la subtilité d'une planche, bah non, t'es pas dans une belle série prestige.

Les persos de Cage sont unidimensionnels et cons comme des briques. Après on peut aimer l'ambiance seventies (et encore, c'est pas ouf non plus, allez voir The Get Down, aussi chez Netflix). Les scènes d'action sont ennuyeuses à mourir.

Bref, c'est un loupé.

raff8
05/10/2016 à 09:49

sans avoir à choisir son camp c'est vrai que j'ai eu du mal sur cette série avec les dialogues, ça donne l'impression qu'ils en rajoutent pour bien souligner ce qu'ils veulent dire et du coup ça perd en impact ...
Après c'est loin d’être à jeter, ça reste quand même de la très bonne série. L'utilisation de la musique m'a fait penser à du Tarantino su certaines scènes, ça pète bien quand meme
Mais du coup quand t a habitué les gens à du haut niveau comme Daredevil tu deviens plus exigeant au visionnage.

Joko
05/10/2016 à 00:41

Tiens, adieu la nuance entre "série un peu lente qui étire sans vraie raison sa narration et manque d'enjeux" et "série pleine d'action voire carrément débile". Ravi de voir que tout est aussi simple, et qu'on doit choisir un camp.

nimbari
04/10/2016 à 23:38

J'ai lu beaucoup d'avis, et il parait évident que ceux qui n'ont pas aimé Jessica Jones n'ont pas aimé non plus Luke Cage. Beaucoup se plaigne du manque de profondeur des personnages Marvel au ciné et j'ai l'impression que ce sont les mêmes qui se font chier quand on propose l'approche inverse.

Pantherion
04/10/2016 à 23:11

Je suis en complet désaccord avec tout cela, on a pas besoin de bastons h24, il faut aussi créer l'histoire, la rendre plus complète pour mieux comprendre..

SMQ
04/10/2016 à 22:57

Et bien moi, comme Le connaisseur ci-dessus, j'ai bien aimé... Pas branché super héros du tout, connaissais pas le personnage (hormis son passage dans Jessica Jones (série que j'ai également aimée), et j'ai apprécié tranquillou le rythme lent, etc....
@La rédaction Mike Colter est certes excellent, mais perso ce n'est pas la seule et unique raison qui me fera continuer à regarder. J'en ai au moins une deuxième, et elle s'appelle Rosario Dawson !

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