C'était mieux avant : Mad Max VS Cliffhanger

La Rédaction | 26 avril 2015
La Rédaction | 26 avril 2015

Les bande-annonces de Mad Max Fury Road, c’est du costaud. Pourtant en 1993, la furieuse bande-annonce de Cliffhanger avait fait mieux. D’ailleurs, en y regardant de plus près, les 2 bandes annonces comportent quelques communs. Explications.

Novembre 2014 : Raaaaah !

Partout dans le monde, des gens sont témoins de la même scène troublante : leur voisin de bureau pousse de petits gémissements aigus devant son écran. Aux gémissements succède généralement un long râle de soulagement qui s’achève dans un gargouillis de plaisir répugnant.

Diagnostic : votre voisin de bureau vient de visionner la bande-annonce de Mad Max.

Il faut admettre que le réalisateur, George Miller, a bien fait son boulot. Ces 2 minutes de promo sont un magnifique travail de montage. Son et image s’embrassent dans une sublime orgie d’action et de violence sur le célébrissime requiem de Verdi.

Tout le monde crie au chef d’œuvre, au jamais-vu. Les superlatifs pleuvent par milliers et les serveurs du dictionnaire des synonymes s’effondrent sous le poids des visites de blogueurs à la recherche d’un adjectif original pour décrire l’expérience qu’ils viennent de vivre.

Seulement voilà, c’était mieux avant.

Mieux en 1993, bien avant internet, Youtube, Faccebook et la profusion de trailers qui précèdent aujourd’hui la sortie du moindre blockbuster. Il y a encore 20 ans, pour réussir la promo de son film, un studio avait le droit à une seule bande-annonce, 2 ou 3 tout au plus. Le concept de teaser nous était à peu près étranger. Et il est probable que si on nous avait dit à l’époque que les bande-annonces seraient un jour précédées de bande-annonces de la bande-annonce, on aurait cru à une mauvaise blague.

Bref, quand un réalisateur sortait son trailer, il jouait gros. Il ne fallait pas se rater. Et à ce jeu, il y avait un type particulièrement talentueux.

Février 93 : le choc

Un soir de févier 1993, en sortant des salles de ciné, les spectateurs ne parlaient pas du film qu’ils venaient de voir mais de la bande-annonce qui l’avait précédé. Cette bande-annonce qui les avaient tellement scotchés qu’ils avaient failli s’étouffer avec leur popcorn Baff. Cette bande-annonce, c’était celle Cliffhanger, réalisé par Renny Harlin.

Renny avait tout compris. Lui qui avait accouché quelque années plus tôt avec Die Hard (« 58 minutes pour vivre ») d’un chef d’œuvre absolu, savait comment un hit de musique classique joué en boucle pouvait sublimer un film d’action moderne. La série des Die Hard était portée par la 9ème symphonie de Beethoven. Cliffhanger se jouerait sur le requiem de Mozart. Oui, c’est à Mozart et Rennie Harlin que Sylvester Stalone doit les 2 meilleures minutes de sa longue carrière. Car Sly ne le savait pas encore mais rien ne pourrait plus surpasser le souffle de cette bande-annonce devenue mythique.

Merci Renny

Personne n’aurait imaginé que 22 ans plus tard, ce monument inestimable inspirerait le vieux George Miller. Encore moins que son forfait lui permettrait de relancer sa carrière en une seule bande-annonce. Bien sûr le montage s’est modernisé, les images profitent d’un traitement 3D et le requiem de Verdi a remplacé celui de Mozart. Mais celui qui a vécu l’émotion de février 93 reconnaitra sans mal les emprunts au chef d’œuvre original. Tout est là, même les messages promo affichés en typo majuscule dans un style vintage. 

1993

 

2015

 

Nostalgie et mauvaise foi nous direz-vous ? Reste que dans les années 90, une bande-annonce se donnait encore la peine de raconter une histoire. Celle de Cliffhanger, avec 40 secondes de moins que celle de Mad Max, parvient à énoncer tous les enjeux : du trauma initial de Sly l’alpiniste obliger de lâcher sa femme dans le vide, aux méchants qui sèment leurs valises de billets en haute montagne et communiquent avec des cabines téléphoniques portatives, en passant par toutes les scènes d’action clef, tout est là. Après ces 90 secondes, on ressentirait presque un début d’empathie pour ce Stalone en salopette de ski…

 

 

Alors soyez gentil, lorsque votre tour viendra de salir votre fauteuil, tâchez de vous souvenir que vous le devez à Renny, Mozart et Sylvester.

 

Tout savoir sur Mad Max : Fury Road

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commentaires
G
27/04/2015 à 10:35

Haaaaaaaa, les bandes annonces des années 90... C'était quand même autre chose, où il fallait appâter le spectateur dès le premier coup d'oeil. Pour rester sur Harlin, perso c'est surtout celle de Au Revoir à Jamais qui m'a marqué aussi...

Greg
26/04/2015 à 21:22

Sinon, il y a "HEAT" actuellement sur France 4... et ça, c'est un putain de chef d’œuvre absolu !! ;)

Greg
26/04/2015 à 21:12

Attention, pas de méprise, je kiffe 58 minutes !! Un vrai actioner, fun, drôle et divertissant (même si c'est à mes yeux le moins bon des 3... Parce que oui, il n'y a eu que 3 Die Hard ! Point final !!).
Mais le qualificatif "chef d’œuvre absolu" est vraiment utilisé n'importe comment actuellement. N'importe quel scribouillard qui parle cinéma le claque à tout bout de champ, qu'il sorte d'une rétrospective Sergio Leone ou de la projo du dernier Marvel !
Les mots ont un sens et du poids, et même dans un article qui se veut futile, l'utilisation abusive du label suprême dessert le cinéma comme l'art de la critique.

La redaction
26/04/2015 à 20:04

@Greg et 2cloo
Cet article n'a pas vocation à être pris au premier degré mais à voir certaines réactions, nous allons finir par nous convaincre que notre propos est justement subversif ;)
Dans sa catégorie, 58 Minutes est à nos yeux un classique du film d'action jouissif qui ne se prend pas au sérieux. Au contraire d'un Cliffhanger très premier degré mais tout aussi jouissif.
Sur l'art de la bande-annonce : nous partageons votre avis mais comment ne pas tenir compte des 20 ans qui les séparent ? Le trailer est devenu l'instrument de promo suprême indispensable pour nourrir l’appétit insatiable d'internet pour les contenus vidéos. Les enjeux qui entourent la sortie d'un trailer sont presque aussi importants que ceux qui entourent la sortie du film lui-même. Les moyens engagés sont à leur mesure. Sans compter l'évolution des moyens techniques à disposition. Nous trouvions amusant de mettre ces 2 bande-annonce en perspective car elle repose sur la même recette très efficace malgré leur 20 ans d'écart.

2cloo
26/04/2015 à 19:18

Yep Greg, tu l'as dit, "58 minutes pour vivre" n'est pas un chef d'oeuvre, il es peut être le plus mauvais des Die Hard avant le dernier, Renny n'a fait que pomper le précédent, sans aucune fraicheur, tout comme il a essayé de vampiriser le cinéma de John Woo, sans la grâce et le sens de la mise en scène.
Pour ce qui est de la musique classique dans le cinéma d'action, on la doit à Mc Tiernan, donc arrêter d'envoyer des fleurs à ce yes man dont le seul bon film " Au revoir à jamais " est du à son scénariste Shane Black et aux 2 têtes d'affiche Samuel Lee Jackson et Geena Davis ...
Et votre comparaison entre les deux bandes annonces est douteuse, celle de Mad Max est tellement mieux maitrisée, beaucoup moins épileptique que Cliffangher...

Greg
26/04/2015 à 19:02

"Renny avait tout compris. Lui qui avait accouché quelque années plus tôt avec Die Hard (« 58 minutes pour vivre ») d’un chef d’œuvre absolu"...

Non mais sérieux, faut arrêter de parler de chef d’œuvre à tort et à travers !!
A force d'utiliser cette expression pour tout et n'importe quoi, ça nivelle tout par le bas, et ça vide les propos du moindre intérêt.

Ah, et puis contrairement à ce que vous pourriez penser : non, ce n'est ni "COOL" ni "SUBVERSIF" de dire que « 58 minutes pour vivre » est un "chef d’œuvre absolu" ! Non, c'est juste ridicule.

TropdeBAtuelefilm
26/04/2015 à 18:20

Au dernier moment, le film avait été présenté à Cannes, et après la projection, les spectateurs sortaient en disant:"Ouais, c'est pas mal, mais bon..." Genre blasé, alors que c'était un putain de film d'action à l'époque, Et la scène du début, avec avec la corde, la fille et Sylvester, est restée gravé sur mes pupilles.

TropdeBAtuelefilm
26/04/2015 à 18:20

Au dernier moment, le film avait été présenté à Cannes, et après la projection, les spectateurs sortaient en disant:"Ouais, c'est pas mal, mais bon..." Genre blasé, alors que c'était un putain de film d'action à l'époque, Et la scène du début, avec avec la corde, la fille et Sylvester, est restée gravé sur mes pupilles.

thierry
26/04/2015 à 17:57

Ce qu'il y a de fortiche, c'est que même après toutes ces années, la scène de début de Cliffhanger me scotche toujours sur mon siège, je me dis; c'est fois c'est sur il va la sauver! :)

La Rédaction - Rédaction
26/04/2015 à 17:11

Samedi soir trop arrosé. Coquille corrigée. Merci de votre vigilance.

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