Festival Chéries-Chéris – Compte-rendu 2

Par Lucile Bellan
25 novembre 2009
MAJ : 15 octobre 2018
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Alors que je pensais me rendre à la projection du documentaire Assume Nothing puis du dernier film de Maria Beatty, Bandaged, je me suis aperçue au moment de prendre les places que mon cerveau avait du faire un looping quand j'ai regardé le programme, ces deux projections étant carrément incompatibles. Deux secondes de réflexion plus tard, je décide de laisser tomber Maria Beatty, bien que son deuxième long-métrage soit produit par Abel Ferrara, pour un univers que je connais encore mal : celui des transgenres.

 

 

Après coup, je ne regrette pas mon choix car en plus d'en avoir appris beaucoup quantitativement et qualitativement : sur les noms, les subtilités, les revendications et l'ahurissant chiffre de plus d'une centaine de meurtres répertoriés cette année contre les transgenres, j'ai aussi ouvert mes horizons, découvert une artiste passionnante (Rebecca Swan, la photographe qui a produit un livre Assume Nothing qui est aussi la base du documentaire) et… considérablement amélioré mon niveau en anglais, le film étant présenté en V.O. non sous-titrée. Je ne saurais que vous conseiller le visionnage de ce petit bijou, entre galeries de portraits, réflexion sur les sexes, l'éducation et la représentation des corps c'est aussi une invitation sans réserve pour le travail d'artistes talentueux et uniques comme Rebecca Swan bien sûr mais aussi l'étonnante Shigeyuki Kihara et tant d'autres. La caméra reste pudique, laisse la discussion ouverte entre les personnalités et elle et les langues se délient. Loin de quémander des lois en leur faveur, on y découvre des gens qui aspirent au calme, à la sérénité et à la parole, le droit d'exister en somme… le mininum qu'on puisse leur accorder. Une soirée riche en émotions et en bonne surprises : d'une, deux salles entières ont été réquisitionnées pour Assume Nothing (un succès mérité) et de deux, je me suis faite draguer pour la première fois par de charmantes lesbiennes (le public à 90% du documentaire)… mais c'était normal j'avais sorti ma minijupe de fête !

 

Evènement au Forum des images et au Festival de films gays et lesbiens : 3h30 de films porno  (du arty allemand lesbien au documentaire sur le porno gay français des 70s) pour la tant attendue soirée Lupanar, organisée avec la complicité du Porn Film Festival de Berlin. Devait-on s'attendre à ce que la salle 500 soit prise d'assaut ou alors qu'elle se vide irrémédiablement au fil des minutes et des cris de jouissance. Explications. Après un charmant court métrage allemand très soumission/domination, authority, c'est au tour du long métrage de Madison Young, une artiste féministe, Art House Sluts, une vision féminine et "sexy" de la Factory d'Andy Warhol. Maddie Superstar est donc une artiste à la rue, récupérée et starisée par Andy (une Andy aussi "ressemblante" que désopilante, blasée comme c'est par permis) qui va tirer bien des leçons de son quart d'heure de gloire. En prenant le parti du sexe-art, Madison Young nous livre un film aussi hypnotique que profondément rebutant. Les scènes de sexe aussi gratuites qu'extrêmement longues mélangent nourritures diverses et variées (de la charcuterie en général mais aussi la fameuse soupe à la tomate Campbell) et gestuelles agressives à la limite de la masculinité. Dans cette chair à nue aux gestes mécaniques et même systématiques, difficile d'y trouver son compte que ce soit en tant qu'esthète qu'en tant qu'amateur, c'est dommage d'autant plus que MadisonYoung ne manque pas de charme(s) et que ses couinements sont assez charmants.

 

 

En deuxième partie de cette programmation un peu spéciale, le documentaire Mondo Homo de Hervé Joseph Lebrun et Jerôme Marichy sur la production française de porno gay entre 1975 et 1982, s'est révélé aussi passionnant dans la thématique que profondément sympathique (une partie des "acteurs" de cette époque étaient présents dans la salle). Malheureusement, le film souffre de grosses faiblesses techniques  au niveau du son et de la qualité des extraits vidéo (mais ça on ne pourra pas leur reprocher les copies étant extrêmement rares). C'est donc ainsi, encore sous le choc de "l'orgie" de Madison Young, encore goguenards et admiratifs de la liberté des années 70 qu'il était temps d'aller se coucher.

 

 

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