Collectors MK2 - rééditions inutiles ?

C'est avec un certain intérêt doublé d'un scepticisme naturel que nous accueillions en début d'été le line up de la fin d'année de l'éditeur MK2 où figurait entre autres titres pour ce 4 octobre Hôtel du nord, Secrets et mensonges et Toto le héros. Scepticisme d'abord car Hôtel du Nord et Toto le héros disposaient déjà d'éditions fort louables et intérêt ensuite puisque que la Palme d'or 1996 n'avaient eu jusqu'ici que les « honneurs » d'un DVD exécrable édité par TF1 vidéo et d'un autre sans le moindre suppléments sorti l'année dernière déjà chez MK2.

 

De fait le très beau film de Mike Leigh dispose dorénavant d'une nouvelle édition en double DVD des plus recommandables avec une image de très bonne tenue (la même ceci dit que celle vue sur l'édition 2005) et un second disque pourvu de suppléments qui s'ils ne brillent pas par leur originalité, permettent tout de même de revenir enfin sur cette fable sociale grinçante teintée d'amertume. Ainsi outre un portrait du réalisateur britannique réalisé par Philippe Pilard finalement assez basique (les abonnées de la chaîne cinéfil le connaissent bien puisqu'il a animé pendant longtemps l'émission « Le club »), l'éditeur s'est un peu plus impliqué en demandant à Vincent Ostria (journaliste et réalisateur) de commenter quelques scènes clés du film. Un exercice passionnant tant le bonhomme sait mettre le doigt sur ce qui fait la force et l'originalité de ce cinéma qui rappelle celui de Ken Loach sans le côté tragique et systématiquement revendicatif.

 

Pour Hôtel du nord, la nouvelle édition se pare d'un second disque pas vraiment utile tant les documentaires exhumés par MK2 pour la circonstance sentent l'hagiographie datée (de celle de la fin des années Mitterrand) et produite par la Sept/Arte (la chaîne gauche caviar de l'époque devenue aujourd'hui celle des bobos). C'est que l'évocation en 50 minutes de la carrière du cinéaste par Didier Decoin depuis les bords de Marne, l'analyse par François Forestier du cinéma de Carné (ah le look grosses lunettes rondes et veste en jean avec manche relevée ras du coude, toute une époque !) ou les images volées en Hi8 lors du tournage d'un documentaire qui lui est consacré sonnent au final désespérément creux. Le malaise venant de cette volonté de filmer un homme à la fin de sa vie comme si l'on voulait rattraper le temps perdu, comme si l'on voulait s'excuser de sa mise au placard pendant tant d'année par la Nouvelle Vague. Reste le plaisir évident de voir Marcel Carné s'amuser de cette réhabilitation par l'image tel un petit vieux que l'on aurait sorti de sa maison de retraite et qui aurait le droit de manger tous les chocolats qu'il veut.

 

Concernant Toto le héros, inutile de se fouler en des lignes inutiles de commentaires puisque l'éditeur nous propose donc là tout simplement la même édition sortie en 2005. Celle-ci restant au demeurant fort recommandable avec un travail sur l'image et le son honnête et des bonus réalisés pour la circonstance dont un documentaire de près d'une heure avec le réalisateur et ses acteurs expliquant ses motivations et revenant sur la genèse du film. On notera tout de même que la caméra d'or 1991 et l'Oscar du meilleur film étranger 1992 bénéficie d'un nouveau packaging (à l'instar des deux autres titres), soit un boîtier cartonné double volets où les disques s'insèrent de part et d'autre et que l'on croyait abandonné depuis belle lurette tant celui-ci est tout simplement moche et par trop volumineux.

 

Au final, à l'exception de Secrets et Mensonges, l'acquisition de ces collectors est inutile si l'on est déjà possesseur des anciennes éditions. Pour les autres faites vous plaisir car il s'agit là de films ayant marqué le septième art avec au-dessus du lot un Hôtel du nord toujours plus moderne et touchant à chaque nouvelle vision et qui repose sur des éditions somme toute au-dessus du lot du tout venant DVD.