Powell et Pressburger, les Archers qui ne rataient jamais la cible
Découvrir aujourd'hui Le narcisse noir, Colonel Blimp, 49è parallèle ou Les chaussons rouges en DVD (ou en salle pour les plus chanceux) permet de réhabiliter les noms de Michael Powell et de son collaborateur le plus précieux, Emeric Pressburger, aux yeux du grand public français. Michael Powell était jusqu'alors l'homme d'un seul film, Le voyeur (Peeping Tom en version originale), qui n'a cessé depuis sa sortie contrariée en 1960 d'influencer une cohorte de réalisateurs et pas des moindres : De Palma et son Surs de sang (Sisters), Cameron et Bigelow pour Strange days, Scorsese, Coppola
La liste serait trop longue à énumérer, mais Le voyeur n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Les films antérieurs de Powell, qu'il a co-signé avec Emeric Pressburger sous la bannière des Archers, ont (trop) longtemps souffert d'un quiproquo de la part de la critique officielle, qui ne voyait dans ces films que des bluettes anglaises policées ou des uvres de propagande au service du ministère de la défense britannique un certain nombre de ces films ayant été initiés ou réalisés durant la Seconde Guerre Mondiale. De plus, par la faute de copies égarées ou maltraitées par les censeurs de l'époque, Powell et Pressburger avaient sombré dans l'oubli de ce côté de l'Atlantique. Paradoxalement, les films des deux cinéastes ont connu de multiples diffusions sur la télévision américaine faisant de la cible des Archers le logo de leur compagnie un gage de qualité et de nouveauté aux yeux du public cinéphile américain. Il aura fallu l'acharnement de Martin Scorsese et de Bertrand Tavernier pour que Michael Powell puisse retrouver le devant de la scène dans le courant des années 70, et soit réhabilité pour ce qu'il a toujours été : un des plus grands. Et prouver ainsi que Le voyeur n'était pas un événement « isolé », mais bien la continuité d'une uvre commencée trente ans plus tôt.
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