Collection RKO : nouvelle salve

Ilan Ferry | 2 mars 2006
Ilan Ferry | 2 mars 2006

Entre deux sorties d'éditions collector (le King Kong de 1933 pour ne citer que lui! ) les Éditions Montparnasse s'évertuent à sortir en DVD les grands titres du catalogue de la RKO. Au programme de cette nouvelle salve, dix DVD, qui, à défaut de se distinguer par leurs contenus éditoriaux (chaque galette n'ayant pour seul bonus qu'une présentation de Serge Bromberg, aussi intéressante que concise) n'en ont pas moins le mérite de nous faire (re)découvir des films aussi éclectiques qu'en prise avec leur époque. C'est ce qu'on appelle un travail de cinéphile.

Assassin sans visage (1949)
De Richard Fleischer avec William Lundigan et Dorothy Patrick

Ce polar habilement ficelé réussit à être proprement terrifiant dans sa description de l'affrontement entre un inspecteur tenace, profiler avant l'heure, et un tueur en série particulièrement retors. Bien avant L'Étrangleur de Boston, Richard Fleischer ouvre la voie aux films de serial killer préfigurant ainsi des chefs-d'œuvre tels que Le Sixième sens.Techniquement, l'image bénéficie d'une belle définition privilégiant comme il le faut les arrière-plans, la piste anglaise mono est, quant à elle, très claire. (Note DVD : 7/10). IF

La Femme sur la plage (1947)
De Jean Renoir avec Robert Ryan et Joan Bennett

Œuvre mineure dans la filmographie de son auteur où s'entremêlent drame onirique et film noir, cette nouvelle incursion américaine de Jean Renoir démontre que le réalisateur français peine à trouver ses marques dans le système hollywoodien de l'époque. Une édition techniquement bâclée : l'image est parsemée de griffures et de taches noires, tandis que la piste mono anglaise fait preuve d'un bourdonnement constant.(Note DVD : 5/10). IF

Feux croisés (1947)
De Edward Dmytryk avec Robert Mitchum et Robert Ryan

Maîtrisée de bout en bout, cette chasse à l'homme autour d'un crime antisémite est servie par des acteurs tous parfaits. Robert Ryan est génial d'ambiguïté et de colère retenue. On regrettera toutefois de voir Robert Mitchum sous-exploité au profit d'un personnage de flic incorruptible interprété par Robert Young. Beau brûlot contre l'intolérance, Feux croisés a d'autant plus d'impact qu'il trouve malheureusement un écho dans l'actualité récente. Si le contraste de l'image se voit quelque peu atténué dans sa deuxième partie, c'est au niveau du son que le bât blesse : aussi bien la piste française que la piste anglaise, toutes deux mixées en mono, souffrent d'un bourdonnement constant. (Note DVD : 7/10).IF

Une fille dans chaque port (1952)
De Chester Eskrine avec Groucho Marx et William Bendix

Débarrassé de ses frères terribles, Groucho Marx continue l'aventure en solo avec cette comédie enlevée utilisant le quiproquo comme principal ressort comique et scénaristique. Malgré quelques gags fonctionnant parfaitement, prouvant, si besoin est, que l'acteur s'en sort très bien tout seul, il manque à l'ensemble un supplément qui faisait tout le charme des films avec les Marx Brothers. La nostalgie, sûrement ! L'édition est techniquement irréprochable, l'image est parfaitement nette, tandis que la piste anglaise mono bénéficie d'une belle clarté. (Note DVD : 6/10). IF

Pavillon noir (1945)
De Franz Borzage avec Paul Henreid et Maureen O'hara

Mené tambour battant, Pavillon noir surfe sur un genre en vogue à l'époque. Borzage bouleverse les conventions du film de pirates et l'érotise par l'ajout d'enjeux amoureux inattendus. Maureen O'Hara apporte cette touche de sensualité bienvenue, tandis que Paul Henreid tente tant bien que mal de s'affranchir du succès de Casablanca. Malheureusement, cette édition nous offre un Technicolor terne loin de rendre justice au film, tandis que la piste anglaise mono monte davantage dans les graves que son homologue française beaucoup plus douce. (Note DVD :7/10). IF

Demoiselle en détresse (1937)
De George Stevens avec Fred Astaire, Joan Fontaine, George Burns, Gracie Allen

Une rencontre de hasard et un quiproquo sont le moteur de cette succulente comédie musicale, un tantinet mielleuse, signée George Stevens. Fred Astaire y figure sans sa « cavalière » de toujours, Ginger Rogers, pour finalement être accompagné de George Burns et Gracie Allen dans de mémorables numéros à la mise en scène astucieuse, inspirée et portée par la musique de George Gershwin. L'actrice Joan Fontaine fait ici ses débuts face à un Fred Astaire toujours aussi enthousiaste, aussi bien en comédie qu'en danse. Bien que l'ensemble soit inégal, l'image se maintient au niveau des contrastes. Il en est de même pour le mono 2.0. (Note DVD : 5/10). FB

Face au soleil levant (1943)
De Edward Dmytryk avec Robert Ryan, Gloria Holden, Donald Douglas

Boulet dans les carrières de Robert Ryan et d'Edward Dmytryk, Face au soleil levant n'est ni plus ni moins qu'un film de propagande sur le Japon. Américain(e)s grimé(e)s en Asiatiques, dialogues truculents, et stock shots de guerre entachent cette désolante vision d'époque de ce pays par des États-Unis à peine remis de l'attaque de Pearl Harbor. En guise de bonus, Serge Bromberg revient bien évidemment sur le contexte dans lequel est sorti ce film bien étrange, et ne manque pas d'affirmer la médiocrité de l'œuvre. L'image est inégale, avec parfois des différences de contrastes et des défauts de pellicule. Il en va de même dans la médiocrité pour le son. (Note DVD: 3/10). FB

Mr Lucky (1943)
De Henry C. Potter avec Cary Grant, Laraine Day, Charles Bickford, Gladys Cooper

Sous les traits d'un escroc sans foi ni loi, Mr Lucky vous fera découvrir l'acteur Cary Grant dans un rôle à contre-emploi aux côtés de la délicieuse Laraine Day. Comédie romantique dans une Amérique en pleine Seconde Guerre mondiale, ce film signé Henry C. Potter est une rareté à découvrir pour les amateurs du genre, du couple étonnant Cary Grant/Laraine Day et du réalisateur dont la mise en scène est plus qu'inspirée. L'introduction de Serge Bromberg, toujours aussi informative et quelque peu scolaire, est plus axée sur Cary Grant et sur le réalisateur H. C. Potter, tout en remettant le film dans son contexte historique. L'image proposée, de bonne facture compte tenu de l'âge du film, n'est pas exempte de défauts de pellicule et possède une compression des plus justes. Côté son, le mono 2.0 a le mérite d'offrir des dialogues clairs mais timides. (Note DVD : 5/10). FB

Taïkoun (1947)
De Richard Wallace avec John Wayne, Sir Cedric Hardwicke, Laraine Day, Anthony Quinn

Si John Wayne est plus connu pour les westerns qu'il a interprétés, la carrière de l'acteur ne se cantonne pas uniquement à ce genre. Superproduction de la RKO (3 millions de dollars), Taïkoun permet à son interprète principal de changer de registre, dans un rôle d'architecte amoureux maladroit et de donner la réplique à l'actrice Laraine Day ainsi qu'à Anthony Quinn dans un de ses premiers rôles au cinéma. L'introduction de Serge Bromberg revoit en grande partie la carrière de l'acteur fordien tout en rappelant également celle de la RKO. Ne bénéficiant pas de restauration, l'image du DVD possède des couleurs Technicolor aux tons criards, mais l'ensemble se maintient malgré quelques défauts (poils, points blancs, marques de fin de bobine et quelques plans flous). La piste mono 2.0 reste claire, bien que quelques défauts subsistent. L'ensemble reste malgré tout regardable car la compression s'avère un peu plus poussée que sur les autres titres RKO (sans doute parce qu'il s'agit ici d'un DVD-9). (Note DVD : 5/10). FB

L'île des morts (1945)
De Mark Robson avec Boris Karloff, Ellen Drew, Marc Cramer

Avant-dernier film d'horreur produit par le studio RKO, L'île des morts permet de retrouver l'interprète mythique de Frankenstein, Boris Karloff, dans l'un de ses derniers rôles. Produit par l'illustre producteur de films d'horreur de l'époque, Val Lewton, L'île des morts a pour décor la Grèce de la guerre des Balkans, terrassée par la peste. Entre mythologie et superstition, le personnage de Boris Karloff ne tarde pas à succomber aux croyances locales pour devenir fou dans ce « huis clos à l'atmosphère pesante », dixit Serge Bromberg, dont l'introduction vous permettra de resituer le contexte du film dans l'histoire du cinéma. Cette édition propose une des meilleures images de cette nouvelle salve RKO. Malgré quelques défauts de pellicule, le master lumineux rend hommage au travail du chef op, Jack MacKenzie. La compression est tout de même juste, et certains plans ne manquent pas d'être flous. Le mono 2.0, de bonne facture, offre des voix claires mais un peu timides. À noter, la présence d'un gros défaut de compression à 8min13s. (Note DVD : 6/10).FB

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