Divorce, famille et tueurs.... la sélection cauchemardesque de la rédac en octobre sur Filmo

La Rédaction | 27 octobre 2022 - MAJ : 27/10/2022 14:17
La Rédaction | 27 octobre 2022 - MAJ : 27/10/2022 14:17

Des massacres, un chirurgien fou, un tueur de chiens, la vie de couple, la famille... En octobre, les cauchemars prennent plusieurs formes sur Filmo.

Parce qu'Halloween n'est pas seulement l'occasion de se refaire La nuit des masques, Massacre à la tronçonneuse, Justice League ou autre film d'horreur populaire pour la centième fois, le riche catalogue de  Filmo, service de SVOD à abonnement, propose à ses abonnés plusieurs bijoux noirs et expériences cauchemardesques de cinéphiles, de la plus gore à la plus dramatique en passant par la plus psychédélique ou la plus malaisante. Les rédacteurs d'Écran Large vous ont donc sélectionné cinq films à (re)découvrir. 

Au programme : des massacres interdits aux plus de 18 ans, un précurseur du slasher, une balade onirique à Los Angeles, les retrouvailles suffocantes entre Kate Winslet et Leonardo DiCaprio et un diner de famille auquel personne ne voudrait assister. Et parce que Noël est dans moins de deux mois, si vous utilisez le code ELFILMO, vous bénéficierez de deux mois offerts sans engagement (si vous êtes encore abonné.e ensuite, ce sera 6€99 par mois)

la reco de mathieu - battle royale

Sortie : 2000 - Durée : 1h54

 

Battle Royale : PhotoTop 2

 

Vous avez mal vécu vos années lycée ? Vous ne pouviez pas piffer vos camarades de classe ? Vous rêviez de découper votre voisin de table, celui qui reniflait toujours, mais n'apportait pas pour autant le moindre paquet de mouchoirs ? Battle Royale sera le parfait exutoire. Le jeu de massacre auquel est forcée de s'adonner la Terminale B du lycée de Shiroiwa, suite à une loi martiale censée réduire la délinquance juvénile dans un futur pas très radieux, atteint une violence physique et psychologique que ses nombreux imitateurs, qu'ils soient cinématographiques ou vidéoludiques, n'ont su qu'effleurer.

Une radicalité qu'il doit au génial livre de Kōshun Takami qu'il adapte et au style de son réalisateur, Kinji Fukasaku, trop souvent résumé à ses deux derniers films. Le metteur en scène des Combat sans code d'honneur, du très beau Virus et du très politique Le Samourai et le Shogun étale sur l'écran une noirceur et une brutalité que la société japonaise déplace sur une île au lieu de l'éradiquer, comme elle le clame haut et fort. Un cynisme absolu, terrifiant même, symbolisé par un Takeshi Kitano quasi inhumain, superviseur de cette mascarade sanglante.

Pourtant, malgré la satire cruelle qui motive les enjeux (derrière la façade égalitaire, simple outil de communication, les rapports de force sont au mieux aléatoires, au pire arbitraires), Takami et Fukasaku réinsufflent finalement l'humanité et l'empathie faisant défaut à un appareil totalitaire qui ne dit pas son nom, au sein d'un climax volontairement apaisé. Ainsi, en dépit du sadisme certain de ces affrontements entre ados ayant déjà beaucoup à faire avec leurs hormones, ils s'échappent du nihilisme opportuniste raconté. On ne voit pas ça au cours d'une partie de Fortnite.

 

la reco d'antoine - LES YEUX SANS VISAGE

Sortie : 1959 - Durée : 1h28

 

Edith Scob : photo, Les Yeux sans visageLa nuit des masques

 

Si l’on regrette souvent la frilosité du cinéma français dès qu’il s’agit de s’attaquer à l’horreur ou au fantastique, il y a quand même quelques auteurs qui ont bouleversé le genre, et ce dès les années 50. Parmi eux, Georges Franju s'est taillé une place de choix dans le coeur des cinéphiles avec Les Yeux sans visage. Mine de rien, on peut déjà voir dans cette proposition insensée une sorte de précurseur du slasher, au travers d'un chirurgien fou qui souhaite reconstituer le visage défiguré de sa fille en "volant" celui de ses victimes.

La simplicité glaçante du concept n'a d'égal que le traitement épuré de Franju. Un cimetière inquiétant et une maison aussi triste que vide suffisent à engendrer un sentiment profond d'inquiétude, tandis que des chiens deviennent les cerbères et la métonymie de monstres (trop) humains. Au-delà des performances géniales de Pierre Brasseur et d'Edith Scob, le film se démarque par son calme apparent, et la minutie d'une mise en scène aussi tranchante que le scalpel utilisé par le médecin. Tout en lignes définies et en contrastes forts (en particulier quand il filme le masque de son héroïne sans visage), le long-métrage est tout entier porté sur la notion de la limite, de la frontière qui donne forme et chair à nos corps et notre environnement.

Georges Franju atteint un sublime stylistique ahurissant par son noir et blanc somptueux, qui confère aux Yeux sans visage une étonnante poésie, confrontée en permanence au réalisme de l'ensemble, jusqu'à cette scène de chirurgie insoutenable filmée en quasi-temps réel. La réalité du corps et l'horreur de l'apparence sont prises dans le tourbillon d'élans plus abstraits, comme cette libération de colombes, mise en parallèle de la condition de son héroïne, dépossédée de son humanité, et transformée en cobaye. Un classique à (re)découvrir d'urgence, au même titre que La Piel que habito, son remake par Pedro Almodóvar.

 

la reco de dÉborah - UNDER THE SILVER LAKE

Sortie : 2018 - Durée : 2h19

 

Under the Silver Lake : Photo Andrew GarfieldLa cité des anges en pleine désillusion

 

Après avoir créé un petit phénomène d'horreur avec It Follow, par ailleurs inspiré par un cauchemar récurrent de David Robert Mitchell, le cinéaste est revenu en salles pour la dernière fois en 2018 avec Under the Silver Lake qui poursuit cette thématique. Le film pourrait se vendre comme la rencontre entre Les Goonies et Mulholland Drive, le cinéaste ayant troqué l'artère pittoresque de Los Angeles contre un quartier huppé de la ville californienne. Il suit les mésaventures de Sam (Andrew Garfield dans un de ses meilleurs rôles), un trentenaire adulescent paumé qui passe ses journées à ignorer les rappels de son propriétaire, à regarder la télé et à espionner ses voisines. 

Son quotidien morne et dépressif est bouleversé par l'arrivée dans sa résidence de Sarah (Riley Keough), qui disparaît aussitôt, poussant Sam dans une enquête névrotique. Voilà les bases d'un polar néo-noir plutôt classique, qui renvoie cependant à plusieurs pans du 7e art en naviguant entre le thriller tentaculaire, la comédie absurde de mauvais goût, le film fantastique ou le pur film d'épouvante. 

Le film interroge également le rapport de toute une génération à la pop-culture (qui traverse tout le film) et la quête désespérée de sens et de symbolique là où il ne devrait pas y avoir. Sam a beau traverser la ville en long, en large et en travers jusqu'à terminer dans les tréfonds de l'industrie pour tenter de remplir un vide, il reste un personnage qui tourne en rond et revient à son point de départ, avec seulement un changement de perspective où il se place en spectateur de sa propre vie. 

Under the Silver Lake est un récit cyptique et labyrinthique, qui veut désarçonner son public autant que son protagoniste. Le film ouvre d'innombrables portes qui sont autant d'occasions de "se faire des films", de scénarios qui commencent, mais ne se terminent jamais. C'est un film volontairement peu accessible, qui se digère sur plusieurs visionnages et prend finalement le sens qu'on cherche à lui donner.  

 

la reco de geoffrey - LES NOCES REBELLES

Sortie : 2008 - Durée : 2h05

 

Les Noces rebelles : photo, Kate WinsletL'amour à mort

 

L'enfer, c'est les autres, surtout quand c'est l'autre moitié d'un couple. Au rayon cauchemar de la vraie vie, Les Noces rebelles est un monument de la petite horreur ordinaire, celle qui broie la moindre miette d'espoir pour laisser un champ de ruines existentielles. Le film marquait les retrouvailles entre Kate Winslet et Leonardo DiCaprio une bonne décennie après Titanic, et la puissance de cette tragédie ferait passer l'iceberg de James Cameron pour un apéricube trop froid.

Les Noces rebelles raconte la plus vieille histoire du monde : un homme et une femme tombent follement amoureux, pensent être meilleurs que tout le monde, et différents de tous les autres. Puis, la vie arrive. Le mariage, la maison, les enfants, les angoisses, les egos, et les espoirs qui s'envolent avec les années. Derrière cette simplicité, il y la richesse vertigineuse d'un drame qui dissèque la vie de couple, les mensonges qu'on se raconte pour avancer, et le fossé qui peut ensevelir tout un monde à cause des silences et non-dits. L'histoire a beau se dérouler dans les années 50, elle reste d'une modernité folle.

Si Les Noces rebelles s'est imposé avec l'évidence d'un chef-d'œuvre, c'est parce qu'il repose sur une somme monstrueuse de talents. A commencer par Leonardo DiCaprio et surtout Kate Winslet, qui livre l'une de ses interprétations les plus belles, féroces et intenses. Il y a aussi la musique de Thomas Newman, d'une beauté et d'une mélancolie immense, et tous les seconds rôles, impeccables, avec notamment Michael Shannon. Et enfin, le film ne serait rien sans le scénario de Justin Haythe, adapté du livre de Richard Yates, et la mise en scène de Sam Mendes. Le réalisateur d'American Beauty et Les Sentiers de la perdition signe peut-être son plus grand film, faussement sobre et véritablement fantastique. Il suffit de revoir les premières minutes, racontées avec une précision exceptionnelle, ou la magnifique scène du bar entre April et Shep, pour s'en rappeler.

 

la reco d'alexandre - FESTEN

Sortie : 1998 - Durée : 1h40

 

Festen : Photo Ulrich ThomsenC'est l'heure de la révélation

 

Sur le papier, rien d’anormal à ce qu’un diner de famille tourne mal. Il suffit que tonton fasse une blague de beauf ou que grand-père commence à parler de l’élection présidentielle pour que le ton monte et que les visages fermés remplacent les sourires de retrouvailles. Sauf que dans Festen, lorsqu'un membre de la famille va révéler à tout l'auditoire des secrets inavouables, c'est un cauchemar beaucoup plus déstabilisant et incommode que tout ce que l’on pouvait imaginer qui se met en place.

Même s’il est plus puissant de découvrir les raisons de la tension en regardant le film, difficile d’évoquer Festen sans en exposer les sujets abordés (inceste, abus sexuels, suicide…). S’inspirant d’une histoire vraie, Thomas Vinterberg y a vu le parfait moyen de lancer le mouvement Dogme 95 (créé avec Lars Von Trier pour riposter au formatage de l’industrie hollywoodienne). Et c'est justement grâce à ce nouveau style, refusant les artifices et reposant sur une mise en scène brute et élémentaire (décors, sons et lumière naturels, caméra épaule), que Festen en devient d’autant plus troublant.

 

Festen : Photo Henning MoritzenSecret Story en mode vénère

 

Car avec son aspect crade, ses cadres anarchiques et son montage très nauséeux, le long-métrage accentue le malaise des situations et intensifie l’atmosphère de plus en plus anxiogène. Une spontanéité scénique qui décuple les émotions, voire insuffle un réalisme proche du documentaire ou du reportage à Festen. Et pourtant, sa narration en quasi-temps réel, voyant les réactions du reste de la famille évoluer au fur et à mesure des confessions, plonge paradoxalement les spectateurs dans une situation surréaliste où tout le monde semble nier la parole de la victime dans un premier temps.

Festen met donc une énorme claque dans la tronche n'hésitant pas à évoquer frontalement l’abominable toxicité d’une masculinité qui se croit tout permis et l’hypocrisie de toute une société préférant se taire pour éviter de devoir l'affronter. Un vrai gros choc en 1998 pour délier les langues, amorcer une possible bascule des hiérarchies bienvenue et surtout ouvrir la voie à un cinéma d'une simplicité inventive admirable.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ? 

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commentaires
Loozap
28/10/2022 à 01:00

Des très bonnes réalisations