Le Charlatan : le diamant du film noir qui a précédé Nightmare Alley

Antoine Desrues | 27 mars 2022
Antoine Desrues | 27 mars 2022

Avant Nightmare Alley, il y avait Le Charlatan, première adaptation du roman de William Lindsay Gresham, devenue un classique du film noir.

S’il marque indéniablement une évolution dans la filmographie du cinéaste, Nightmare Alley se reconnaît en quelques secondes comme une œuvre de Guillermo Del Toro. De sa photographie aux couleurs lourdes de sens à son rapport au monstre, le réalisateur du Labyrinthe de Pan s’est réapproprié le roman noir de William Lindsay Gresham, dont il est depuis longtemps un grand fan.

Résultat, le film est parvenu à esquiver le piège du piètre remake, étant donné que Nightmare Alley a déjà eu droit à une première version cinématographique en 1947, réalisée par Edmund Goulding. Intitulé en français Le Charlatan, le long-métrage a longtemps été introuvable en vidéo, et son flop au box-office à l’époque ne l’a pas vraiment aidé à marquer les esprits. Pourtant, au fil des ans, ce modèle de film noir a gagné un statut culte, au point de devenir un classique du genre.

 

Le charlatan : photo, Joan Blondell, Tyrone Power"Je vois, je vois... un grand film !"

 

Paradise Circus

À première vue, on comprend ce qui a attiré Guillermo Del Toro vers le récit de William Lindsay Gresham, qui s’inspire fortement d’un de ses films cultes : Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning. Les deux œuvres partagent la même fascination pour les monstres de foire, et c’est justement ce regard, à la limite du morbide, qui est au cœur du Charlatan. Stanton Carlisle est un petit employé de cirque itinérant, mais pendant les premières minutes du métrage, il en est l’un de ses spectateurs.

Il assiste, comme tout le monde, au spectacle du "crétin" ("geek" en anglais, difficilement traduisible dans ce contexte), un homme tellement désespéré (et alcoolique) qu’il accepte de jouer un être sauvage, quelque part entre l’homme et la bête. "Comment peut-on tomber si bas ?" se demande le protagoniste d’un air concerné, alors qu’au fond, on perçoit bien une part de plaisir dans ses yeux.

 

Le charlatan : photo, Tyrone PowerUn Tyrone qui a du pouvoir

 

C’est d’ailleurs l’occasion de souligner l’importance de l’acteur Tyrone Power dans la réussite du film. Le comédien, popularisé par Henry King, s’est longtemps spécialisé dans des rôles de personnages positifs et propres sur eux (notamment dans Le Signe de Zorro, où il incarne le justicier masqué). Désireux de se risquer à étendre son jeu, il a lui-même demandé à Darryl F. Zanuck, le directeur de la 20th Century Fox, d’acheter les droits du livre de Gresham pour qu’il puisse y incarner le rôle principal.

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commentaires
Pat Rick
27/03/2022 à 23:32

Un grand film noir.