Red alert
Avec la somme astronomique de 364,3 millions de dollars récoltés en Chine, Full River Red est non seulement le plus gros succès au box-office local en 2023, mais également le septième au niveau mondial, devant des produits hollywoodiens tels que Wonka, La Petite Sirène ou le dernier Mission : Impossible. Sur place, ce succès rare a fait couler beaucoup d’encre : suspecté par certains médias d’avoir profité de pratiques commerciales douteuses, le film a carrément effrayé les distributeurs concurrents, qui ont été jusqu’à décaler des sorties pour ne pas rester dans son ombre.
Avec une telle réputation et connaissant la mégalomanie de certains grands spectacles chinois (qui n’ont rien à envier à leurs cousins yankee), on s’attend volontiers à une gigantesque fresque historique saturée de batailles homériques et de séquences d’action acrobatiques, d’autant que le long-métrage affiche 2h30 au compteur et qu’il est réalisé par le grand Zhang Yimou. Le metteur en scène de Hero est passé maître dans l’art des productions d’envergures. Il fait partie de ces cinéastes ayant troqué leurs ardeurs contestataires contre de gros budgets et des occasions d’expérimenter formellement.

Toutefois, Full River Red n’est rien de tout ça. Mieux, il est presque un anti-blockbuster. Il se déroule pendant la dynastie Song, alors que celle-ci accueille des émissaires de la dynastie ennemie. Quand l’un d’entre eux est tué et sa lettre volée, la garde du palais se retrouve dans un sacré pétrin. À partir de ce postulat, qui aurait pu suffire à ouvrir n’importe quel film de guerre, Zhang Yimou et son co-scénariste Chen Yu déballent un whodunit tentaculaire. L’un des gardes est accusé, mais alors qu’il est contraint de résoudre l’affaire pour sauver sa vie, il apparaît que personne n’est en sécurité dans ce jeu de dupe, d’accusation et d’honneur.

Twisters
Le jeu en question occupe donc l’intégralité du récit, lequel prend très vite une tournure absurde, voire – pour emprunter une référence occidentale – résolument kafkaïenne. Le décor du palais n’est autre qu’un gigantesque labyrinthe parcouru, en long, en large et en travers par une tripotée de sujets perdus (mais attachants), lesquels subissent ou initient une succession impressionnante de twists, de plus en plus improbables, de plus en plus tirés par les cheveux, de plus en plus amples.
En franchissant très vite les frontières du réalisme, le réalisateur assume d’apposer un regard contemporain sur la situation. Les mésaventures de ses héros, constamment sous la menace d’un mille-feuille hiérarchique sans fin et d’un complot plus alambiqué à chaque centimètre de pellicule, virent à la comédie, instaurant forcément une distance avec le spectateur. Impression confirmée par l’irruption de hip-hop dans la bande originale à intervalles réguliers. Zhang Yimou filme son whodunit comme une farce médiévale, avec sa savoureuse ironie, ses nœuds narratifs… et sa fonction symbolique.

Car une fois arrivé dans le grandiloquent dernier acte, bien plus pompeux, le véritable but de cette longue entreprise apparait plus que clairement. En caricaturant avec brio les méandres administratifs d’un dirigeant déconnecté, elle prône un nationalisme fier, épique, mais dont les sous-entendus volontairement anachroniques ont fait grincer des dents. Comme l’explique le correspondant du Monde à Pékin, Frédéric Lemaître, l’exaltation d’une Chine unie fait pour beaucoup forcément écho à la situation de Taiwan, d’autant que les figures choisies, particulièrement manichéennes, ne sont pas du tout anodines.
Pendant les vingt dernières minutes, on ne rigole plus du tout, et pas uniquement parce que la fable pétrie d’humour noir (la partie autour de la lettre qui ne doit pas être lue est vraiment amusante) perd en saveur ce qu’elle gagne en théâtralité boursoufflée, mais parce que les superproductions chinoises de ce type sont désormais à peu près aussi subtiles que les pires blockbusters reaganiens des années 1980. On ne peut s’empêcher de regretter que le talent de Zhang Yimou soit utilisé de la sorte.

On parle souvent de hero mais jamais d’épouse et concubine ou du sorgho rouge toute sa période 90 avec gong li ou il a eu des prix à Cannes. Non c’est hero (meilleur que tigre et dragon d’accord) et la grande muraille
Vous ne dénoncez que les nationalismes qui vous dérangent. Muets sur la planmarshallisation mondialisée!!! Muets sur le génocide en cours en Palestine.
C’est de la politique filtrée par Netflix/starbuck/Disney etc.