Baba Yaga : Critique expédiée

Christophe Foltzer | 4 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 4 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Forcément, quand on voit que les Conjuring cartonnent à ce point, les films d'horreur à petit budget ont la côte et se reproduisent comme des lapins. Et comme dans toute portée, il peut y avoir des accidents.

Derrière Baba Yaga, se cache en fait le film Don't Knock Twice, dont on avait vaguement parlé il y a quelques mois, à l'occasion d'une première bande-annonce, et qu'on trouvait plutôt prometteur mais dont nous avions peu d'espoir de le voir débarquer chez nous puisqu'il sortait directement en vidéo aux USA. Et nous étions bien stupides puisqu'il a atteint nos bacs à DVD le 6 août dernier et qu'on l'a copieusement raté. Faut dire aussi qu'il ne l'a pas joué très honnête puisqu'il s'est permis un sale retitrage au passage, histoire de brouiller les pistes.

Donc voilà, Baba Yaga est dispo partout, on l'a enfin vu et comme certaines choses dans la vie, on ne pourra pas faire comme si ce n'était pas le cas. Malheureusement. Et c'est fort dommage parce que le film a quand même de sacrées bonnes intentions. Manquait juste un peu d'honnêteté et de talent derrière tout ça.

 

Photo Baba Yaga

 

BAILLE-BAILLE MAN

Baba Yaga nous raconte donc l'histoire terrible de Chloé, une adolescente de 17 ans, plus ou moins abandonnée par sa mère Jess, une artiste légèrement torturée, qui l'a placée en institution et qui essaye aujourd'hui d'en récupérer la garde. Sauf que Chloé, elle est rebelle, d'ailleurs elle s'habille comme son homologue dans le jeu Life is Strange, et est bien décidée à faire payer son absence à sa mère. Sauf que bon, parfois c'est utile d'avoir une maman, surtout quand on va frapper à la porte d'une maison supposément maudite avec son pote, que le poto disparait sous ses yeux en plein conversation Skype et que l'on se croit également porteuse de la malédiction. Et Jess, si elle ne croit pas au début à ce que lui raconte sa fille, elle y voit là une bonne occasion de marquer des points, donc c'est tout bénef.

 

Photo Baba Yaga

 

On le voit, sur le papier, Baba Yaga comporte tous les ingrédients pour faire une bonne histoire d'horreur : des personnages détruits psychologiquement, une légende ancestrale assez attirante, un rapport mère-fille symboliquement illustré par le monstre en question et un cadre propice à tous les délires (une grande baraque avec un atelier rempli de sculptures potentiellement flippantes). Sauf que voilà, le film tire à côté sur à peu près tous les plans.

Sacrifiant à la mode insupportable du jump-scare gratos, Baba Yaga est plus occupé à essayer de nous faire flipper nos mères qu'à installer une vraie ambiance et des personnages auxquels on pourrait un minimum s'identifier et avec lesquels entrer en empathie. Résultat : dès le départ, le film nous sort de grosses séquences de trouille qui arrivent bien trop tôt puisque dans leur construction, elles exigent d'avoir peur pour le personnage concerné, elles ne fonctionnent que comme ça, alors même que nous n'avons pas encore fait connaissance avec la personne que l'on nous montre. Du coup, fatalement, la scène ne fonctionne pas du tout, la peur n'est pas là et on se demande bien pourquoi ils font tant d'efforts pour un résultat aussi minime. Et c'est à peu près comme ça durant tout le film.

 

Photo Baba yaga

 

PAS DE QUOI EN RESTER BABA

Baba Yaga souffre du même problème que The Bye-Bye Man : on le sent totalement flingué par la production alors que le film avait des choses à nous raconter. Ce qui en pâtit le plus, c'est évidemment le monstre. Sa mythologie est bazardée en deux coups de cuillère à pot, l'entité n'existe jamais vraiment par elle-même et lorsque l'on s'enfonce dans son univers durant la dernière partie du film, l'effet ne fonctionne pas parce qu'on ne sait pas de quoi on nous parle.

Le plus grave étant que son mode opératoire n'est jamais constant ni réellement expliqué. Encore une fois, on nous sort le coup de visions (ça, c'est pour avoir des jump-scares à la con), de malédictions fatales (ça c'est pour se dépêtrer du scénario qui échappe à ses créateurs), mais rien ne fait sens et ne parvient à dépasser le stade du truc artificiel. En fait, ce qui fait défaut au film, c'est une bonne dose d'honnêteté dans ce qu'il raconte.

 

 

Et c'est d'autant plus dommage que l'on a l'impression que les intentions sont là. Si le film n'est pas un modèle de mise en scène, il contient néanmoins quelques séquences et quelques idées qui valent le coup d'oeil et qu'on aurait aimé voir mieux exploitées (ou apparaitre dans un meilleur film). Le sous-texte rédemption-culpabilité et maternel de l'histoire est lui aussi intéressant mais vraiment mal utilisé et compris (on a l'impression d'assister à une dissertation de Terminale, pour vous donner une idée de la subtilité). Et c'est toujours un plaisir de revoir Katee Sackhoff dans un film (Battlestar Galactica forever) même si on aimerait la voir plus souvent dans des bons films.

En fait, le problème est peut-être là : Baba Yaga a de bonnes intentions, mais il ne les a pas clairement identifiées et il ne sait pas les raconter. Hésitant entre plusieurs histoires, son envie de créer un monstre légendaire fort et durable, limité par son budget et obligé de sacrifier à la mode du jump-scare, on ne s'étonnera donc pas de la voir arriver nulle part.

 

Affiche

 

 

Résumé

Baba Yaga n'est pas un bon film et c'est bien dommage parce qu'il en avait le potentiel. Encore aurait-il fallu prendre le risque de suivre une vraie histoire et de tourner le dos à la mode actuelle du jump-scare facile. En trahissant son identité et sa volonté sous-jacente, il ne ressemble plus à grand chose et prend son public pour un imbécile. On en viendrait presque à le plaindre.

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commentaires
Maided
04/09/2017 à 13:59

Sans compter les incohérences comme le fait que les persos se retrouvent à un endroit on ne sais pas trop comment.

Concernant " ...limité par son budget...", pour moi ce n'est pas une excuse, certains des meilleurs films d'horreur n'avait pas le budget pour une boite de Pepito et pourtant ils sont entrés dans la légende.

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