Films

Gabriel et la montagne critique en altitude

Par Simon Riaux
30 août 2017
MAJ : 28 octobre 2018
2 commentaires

Récompensé en 2017 des Prix de la Révélation France 4 et du Prix de la Fondation Gan à la Diffusion lors de la Semaine de la Critique, Gabriel et la Montagne comptait parmi les très belles surprises de la Croisette. Retour sur une errance poétique stupéfiante.

 

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INTO THE WILD

C’est dès son ouverture que Gabriel et la Montagne nous livre l’issue de son récit, la clef de voute de son dispositif itinérant, dévoilant lors d’un plan introductif stupéfiant que son personnage principal ne reviendra pas de l’odyssée qu’il entreprend. Etudiant en économie décidé à faire le tour du monde, nous suivons Gabriel du Kenya au Malawi, en passant par la Tanzanie, qu’il arpente avec la volonté chevillée au corps de vivre au plus près des hommes et des femmes dont il croise la route.

Cet homme, ami du réalisateur dans la vraie vie et interprété par le sensitif Joao Pedro Zappa, est au cœur d’une mécanique fragile et passionnante. Gabriel et la Montagne fictionnalise ainsi un fait divers terrible, grâce à la mise en scène délicate de Barbosa, l’interprétation de deux comédiens professionnels de très haut niveau et l’intervention de ceux que le véritable Gabriel a croisé sur la route de son dernier voyage.

 

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Entre documentaire et fiction, l’intrigue explore un champ d’expérimentation passionnant, où la moindre inflexion de chaque protagoniste génère une lumineuse intensité dramatique au fur et à mesure que se marie la dimension tragique du voyage et la grâce qui en constitue le premier ingrédient.

 

A LA VIE, A LA MORT

S’il ne peut échapper à une certaine distance avec les humains qu’il côtoie, si son regard ne peut toujours se départir d’un orgueil de classe, d’impensés culturels inhérents à sa condition d’adepte d’un dénouement volontaire parfois trop candide, la démarche de Gabriel bouleverse. Derrière cette volonté de progression, cette avancée, au mépris du danger, se niche une idée de la disparition.

 

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En cherchant toujours à partager le quotidien de ceux qu’il rencontre, en progressant pour achever un deuil impossible, le personnage principal dévoile progressivement son désir inconscient de s’effacer, d’embrasser l’univers et de s’y soustraire simultanément. Cet hommage rendu à un frère disparu, le réalisateur Fellipe Barbosa l’accomplit avec un mélange d’admiration et de recherche de la paix.

À travers les longs plans ou le corps de Gabriel cherche son emplacement, dans la nature, dans le plan, le metteur en scène nous laisse petit à petit saisir qu’il accomplit la même expédition que celui à qui il rend un dernier hommage. La photo d’un père disparu, l’image recréé d’un ami décédé, ces deux concepts avancent de concert et achèvent de faire de Gabriel et La Montagne une élégie vivante et incroyablement personnelle, dont Barbosa parvient miraculeusement à ne jamais nous exclure.

 

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Ded

COUREZ (comme un guerrier Maasaï) LE VOIR ! COUREZ !…

MystereK

ça donne envie.