Critique : Les Hommes ! De quoi parlent-ils ?

Maryne Baillon | 9 juillet 2014
Maryne Baillon | 9 juillet 2014

Après s'être penché sur les amours adolescents dans le charmant Krampack, Cesc Gay s'attaque treize ans après au thème de la crise d'identité masculine. L'histoire est celle de huit quadragénaires un peu bobo dont la vie affective est mise à mal par diverses séparations, infidélités et problèmes d'érection. Mais comment exprimer leurs émotions ? Dur, dur d'être un homme au 21ème siècle.

Qu'on se le dise, le nouveau film de Cesc Gay ne laissera pas dans nos esprits un souvenir impérissable. Car il est bien beau d'écouter tour à tour un tel parler de sa dépression, voir l'autre galérer à reconquérir son ex-femme, ou un troisième qui aimerait bien coucher avec une collègue de bureau, mais au fond, ce n'est pas plus intéressant que le portrait « VDM » de monsieur-tout-le-monde dont les émissions sociétales regorgent et sur lesquelles on zappe le midi en mangeant sa choucroute. Pourquoi tant de haine ? Parce que notre patience a des limites. Au cinéma, cette accumulation finit très vite par lasser même garnit d'un casting hispanique quatre étoiles (en tête Javier Camara, Luis Tosar, Ricardo Darin).

Si on retrouve dans le style de Cesc Gay les qualités de Krampack, à savoir cette capacité à réaliser un film léger sans pour autant être mièvre, ni prétentieux, cela ne suffit pas à sauver de la platitude cette succession de saynètes sans la moindre ambition cinématographique. Ici, la place est réservée au discours sociologique terriblement convenu qui tente de prouver la sensibilité et la fragilité masculine en relatant les petites contrariétés affectives d'un groupe de gaillards barbus et paumés. Pour le prouver il fallait pouvoir jeter un regard accusateur sur le sexe opposé. Ces méchantes femmes donc, que l'on pointe allègrement du doigt car elles trompent leur mari, sont la cause d'une thérapie, refont leur vie en toute impunité, dévoilent leurs petits secrets embarrassants aux copains...

Mêlé de compassion et d'ironie, le regard posé sur cette gente masculine prisonnière de situations pathétiques ne suffit pas à élever ce portrait générationnel au-delà du simple constat. À se demander si finalement, on n'en a pas rien à secouer de ce dont parlent les hommes.

En bref : Au regard d'une absence totale de mise en scène, saupoudré d'un discours caricatural et d'un intérêt quelconque, autant lire Psychologies. C'est moins cher et plus ludique.

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