On attendait de pied ferme un renouveau du cinéaste par l’image. Après quasiment une décennie de filmage ascétique, voire clinique, le grotesque sanguinolent qui fit la marque du réalisateur, son goût pour les chairs mutantes manque et désarçonne. Qu’on se le dise, le David Cronenberg des années 80 semble tout à fait disparu. Mise en scène d’une affolante discrétion, photographie atone, si la réalisation du Canadien fait une nouvelle fois preuve d’autant de sobriété que de maîtrise, certaines baisses de rythme et hésitations trahissent combien l’auteur est engoncé dans un système dont il a fait le tour.
Pour autant, Maps to the stars pourrait bien réconcilier (à raison) une partie du public avec l’artiste qui retrouve ici une verve et une agressivité qu’on ne lui connaissait plus. Récit des turpitudes de la société du spectacle autant que quête d’un absolu de liberté corrompu par le souffre des flash, le film se mue rapidement en une comédie féroce absolument hilarante. Grâce à l’excellent scénario de Bruce Wagner, Julianne Moore et John Cusack se livrent à un ballet décadent absolument prodigieux, où la vulgarité embrasse l’ignominie avec un bonheur certain.
Plus qu’un simple pamphlet à l’encontre de la nullité vénérienne d’une époque honnie, Maps to the stars s’offre quelques rares mais puissantes respirations visuelles, versant parfois carrément dans le fantastique. Alors qu’il joue avec perversion de la figure du fantôme, le metteur en scène s’amuse également du spectateur, tour à tour juge et partie, voyeur et victime des torrents d’immondices déversés à l’écran par une famille de stars tout à fait abominables. L’œuvre est ainsi émaillée de tours de forces réguliers, à l’image d’une Mia Wasikowska pulvérisant le quatrième mur dans un sursaut de violence libératoire. S’il ne signe pas le retour en grâce tant attendu du maître de l’horreur anatomique, le métrage pourrait bien être le premier d’un nouveau cycle, plus léger que le précédent, libéré de ses ambitions auteurisantes et théoriques.