You're Next : critique

You're Next devait donc être la nouvelle sensation du cinéma d'horreur, entre home invasion et slasher. Précédé d'une réputation de petite bombe transgressive depuis ses premières présentations festivalières courant 2011, on pouvait légitimement se demander s'il était vraiment de bonne augure que le nouvel effort du réalisateur de A Horrible Way to die languisse de si longs mois sur les étagères des distributeurs avant d'arriver jusque chez nous. Si la récente interview d'Adam Wingard chez nos confrères de Mad Movies levait une partie du voile sur ce mystère, le tout reniflait quand même gentiment le soufflé qui se dégonfle.

Et en l'état, You're next relève plus de la grossesse nerveuse de festivalier en manque de sensations fortes que de la déflagration que nous attendions. Malgré toute la bonne volonté du monde, on aura le plus grand mal à voir dans ce petit métrage très classique où réside la fameuse « charge contre la famille américaine » (un repas houleux ne pouvant être synonyme de charge), et où sont passés les meurtres réputés inventifs, et toutes les autres qualités précédées des qualificatifs « féroces », « au scalpel », et autres « sans concession ».

On sera reconnaissant au scénario d'enchaîner ses rares bonnes répliques et trouvailles lors de la dernière bobine, nous offrant ainsi un final rentre-dedans, voire bien vénère, pour quiconque n'a pas eu la chance de connaître de dispute familiale homérique. Reste que l'ensemble se laisse regarder sans déplaisir, notamment grâce à un rythme soutenu, et une générosité certaine, quoique terriblement maladroite. Ainsi, si vous pardonnez à ce gentil tâcheron d'Adam de tuer le personnage potentiellement le plus porteur de conflit en premier, avant d'enchaîner sur un twist couillon, détectable à plus de huit cent kilomètres, vous devriez passer un moment pas foncièrement déplaisant.