Critique : God Bless America

Laurent Pécha | 5 octobre 2012
Laurent Pécha | 5 octobre 2012

Présenté en compétition au dernier festival de Deauville, God bless America, comme bon nombre de films indépendants US actuels, cherche à mettre en évidence les faillites d'un pays qui va mal. Mais contrairement à certains de ses petits camarades, le film de Bobcat Goldhwait n'oublie jamais de faire tout simplement du cinéma. Et God bless America de reprendre ainsi les meilleurs ingrédients d'un cinéma contestataire qui n'oublie pas d'être aussi pédagogique que divertissant.

Jouant à fond la carte de la satire avec une dose d'humour noir particulièrement développée, Bobcat Goldhwait, entraîne un couple improbable composé d'un quadragénaire divorcé, gravement malade et d'une lycéenne tendance anarchiste dans une virée sanglante où ils deviendront l'égal des Bonnie & Clyde et autres natural born killers. Leur crédo : débarrasser l'Amérique de la bêtise qui la consume en tuant les personnes qu'ils estiment nuisibles.  Et rien ne les arrête lorsque leur choix est fait : un bébé qui crie trop la nuit, un coup de fusil à pompe et le problème est réglé. Une star de la télé réalité capricieuse et ses parents incapables de lui apprendre un savoir-vivre, quelques balles et un couteau de cuisine plus tard, tout est rentré dans l'ordre.  

Mais loin d'être un simple jeu de massacre graphique et faussement provocateur, God bless America n'oublie jamais d'asséner un vrai discours de pamphlétaire désireux de faire, à son petit niveau, avancer les choses. Goldhwait et ses deux acteurs principaux, le pragmatique Joel Murray (frère de Bill) et la délurée Tara Lynne Barr, croisement savoureux entre Christina Ricci et Anna Faris, s'en donnent ainsi à cœur joie pour énoncer tout haut des vérités tristement d'actualité. A l'image de cette terrible tirade sur l'Amérique qui ne serait plus une civilisation puisque plus personne ne cherche à être civilisé, on ressort de cette équipée sauvage avec le sentiment contrasté d'avoir ri devant tant de stupidité tout en étant effrayé par l'absence de solutions pour enrayer cette inéluctable descente aux enfers. L'Amérique, future idiocratie ?

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