Critique : Les Seigneurs

Laurent Pécha | 26 septembre 2012
Laurent Pécha | 26 septembre 2012

On a beau aimer dans le désordre le foot, Olivier Dahan et être plus ou moins réceptif à une grande partie des talents comiques recrutés pour l'occasion, on entre dans la salle des Seigneurs avec une énorme appréhension. De celle qui vous dit que la comédie « à la française » ne va pas sortir grandie de cette projection. Reconnaissons alors nos torts de critiques remplis de préjugés tant la bande assemblée par l'auteur de La Môme (c'est lui-même qui a eu l'idée de les réunir) est parvenue à nous faire passer un bon moment et même à ouvertement nous faire rire principalement dans une première partie rondement menée.

Car, de manière surprenante, on n'assiste pas ou presque jamais à une accumulation de sketchs qui verrait chacun des cadors du box-office humoristique faire leur show respectif. Non, Les Seigneurs s'articule autour d'une histoire aux charpentes suffisamment solides (la rédemption d'une ancienne gloire du foot condamnée à entraîner une équipe de bras cassés afin que la justice lui laisse voir son gosse) pour permettre de concocter des amorces de scènes de comédie réjouissantes que José Garcia et consorts n'ont alors plus qu'à nourrir de leur abattage reconnu. A ce titre, le recrutement de l'équipe par coach Garcia en constitue le point d'orgue avec sa capacité à introduire des personnages particulièrement croustillants. La palme revenant à Gad Elmaleh en attaquant vedette passé sur le banc des remplaçants car refusant de marquer de peur que ses coéquipiers viennent l'enlacer pour fêter le but et qui tente de soigner ses névroses chez un psy totalement dépassé par le phénomène.

Filmé par un Olivier Dahan constamment à l'aise dans cet univers, prouvant une fois de plus que ses talents visuels ne doivent jamais faire oublier qu'il est aussi et surtout un réalisateur qui aime les acteurs, Les Seigneurs atteint malheureusement un peu trop vite sa vitesse de croisière. Une fois l'équipe composée, il manque ce grain de folie, ce supplément de rebondissements qui rendrait l'objectif  - passer des tours en coupe de France en battant des grosses équipes - plus cocasse à atteindre. Le cahier des charges se dévoile alors un peu trop et le charme des ces pieds nickelés du foot perd de sa superbe. Jamais au point néanmoins de suspendre notre intérêt éphémère pour le spectacle proposé comme le prouve ce regain de forme lors de l'ultime match au climax étonnamment humain. Preuve que sous ses airs de gros bulldozer de la comédie, Les Seigneurs en garde toujours un peu sous le pied pour surprendre ses « adversaires » d'un jour.

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