Critique : Inside

Simon Riaux | 28 juin 2012
Simon Riaux | 28 juin 2012
La charmante barmaid qu'Adrian, jeune chef d'orchestre à Bogota, séduit et installe chez lui passe de longues journées seule dans la demeure du mystérieux prodige. D'où viennent les murmures et vibrations qui inquiètent la jeune femme ? Et que veulent ces policiers enquêtant sur la récente disparition de son épouse ? La jeune femme ignore qui la menace, si son adversaire est un fantôme, un amant psychologiquement instable, ou une concurrente éconduite, voire kidnappée. Tout le problème, c'est que Andrés Baiz, réalisateur d'Inside semble également ignorer la réponse.

Son film maintient l'ambiguité quant à la nature de l'angoisse qu'il prétend distiller pendant trop ou pas assez longtemps, et frustre autant qu'il agace. On est d'abord intrigué par le trouble que dégage ce thriller sulfureux, jusqu'à ce que même le montage elliptique ne puisse plus cacher longtemps une première faille évidente du récit. Si le metteur en scène nous laisse mariner pendant plus d'une bobine avant d'éclairer notre lanterne, et attend presque quarante minutes pour révéler ce qui aurait dû tenir lieu d'exposition, c'est car tout son tortueux récit repose sur une invraisemblance absolument ridicule, et une psychologie des personnages à la ramasse. Car la harpie qui scrute et harcèle la torride Martina Garcia ne doit pas son enfermement dans une sordide panic room à un quelconque tortionnaire, mais bien à l'intersidérale connerie qui la pousse à s'y enfermer en oubliant la clef !

Dès ce triste pot aux roses révélé, impossible d'être en empathie avec la prisonnière vengeresse, bien trop bécasse pour que nous nous y identifions, tandis que les atermoiements et retournements de veste de son adversaire achèvent de rendre la situation vaudevillesque plus qu'inquiétante. Sans compter que la mise en scène se prend également les pieds dans le tapis, à l'image du plan, sensé nous faire bondir, où se révèle le visage émacié de la magnifique Clara Lago, d'une laideur et d'un ridicule aussi involontaire que dévastateur. Dès lors, Baiz n'a plus qu'à mollement relier les arcs narratifs dispersés artificiellement jusqu'à l'épilogue, également très convenu.

Toutefois, le réalisateur paraît tout à fait conscient des faiblesses du métrage, à tel point qu'il met complaisamment l'accent sur les anatomies incendiaires de ses comédiennes, aussi souvent que possible, soit à peu près toutes les trois minutes. Ce sera d'ailleurs le seul intérêt du métrage, de nous charmer à la manière de vils cobras, fascinés par deux comédiennes -certes desservies par un scénario rachitique- d'un charisme, d'un talent et d'une beauté qui font par intermittence oublier la nullité de l'ensemble.

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