Critique : Le Voyage extraordinaire

limubai | 13 décembre 2011
limubai | 13 décembre 2011

Très documenté, soigneusement didactique, ce Voyage extraordinaire raconte le miracle de la restauration d'une copie en couleurs du Voyage dans la Lune de Georges Méliès, premier chef d'œuvre du septième art. Photographié en noir et blanc en 1902, le fameux alunissage inspiré par les romans de Jules Verne avait ensuite été coloré au pinceau, diapositive par diapositive, dans des ateliers spécialisés comme il était pratiqué à l'époque, histoire de rendre plus attractifs les produits finaux auprès du public.

Dans la première partie du programme, le passionné Serge Bromberg revient avec une grande variété d'archives et beaucoup de générosité sur les débuts du cinéma. A la fin du 19ème siècle, tout restait à inventer. Innovateur et concepteur de génie, l'illusionniste Méliès fut le premier à utiliser l'appareil des frères Lumière pour truquer la réalité, d'abord dans d'amusants numéros de music-hall puis dans de véritables ouvrages de cinéma, dont le féérique Voyage dans la Lune donc. Avec ferveur et émotion, au gré d'extraits à la fois magiques, naïfs ou épatants de ses créations en trompe-l'œil, le film rappelle l'ascension de Méliès, adulé pour ses trucages et son inventivité pour divertir, puis son déclin, lorsque le cinématographe rencontre le drame et regarde la société. Il explique aussi la projection en aparté dans les foires, la contrefaçon et l'exploitation illicite de ses œuvres en Amérique, et décrit le processus semi-industriel de la coloration.

Moins instructif et plus technique, le deuxième segment, véritable motif du film, détaille l'interminable et minutieux travail de nettoyage et de réparation artisanal, chimique, puis scientifique d'une bobine a priori inexploitable retrouvée à la cinémathèque de Barcelone dans le années 80. Étape par étape, secondé par Éric Lange, Bromberg témoigne d'un amour obsessionnel pour l'œuvre. Plus d'un siècle après sa fabrication, Le Voyage dans la Lune revit ironiquement du plus bel éclat kitsch grâce à l'intelligence logicielle américaine. Quel dommage toutefois que la nouvelle version du fameux court-métrage ainsi retapé et diffusé comme promis en fin de devoir ait été habillée d'une bande-son électro hors-sujet du groupe Air qui lui ôte beaucoup de son merveilleux...

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