Critique : Jewish connection

La Rédaction | 14 février 2011
La Rédaction | 14 février 2011

Kevin Ash aurait difficilement pu trouver meilleur interprète que Jesse Eisenberg pour ce rôle. Il incarne avec subtilité et intelligence les tiraillements psychologiques d'un futur rabbin qui dérive des sentiers de l'éthique pour intégrer un réseau de trafiquant d'ecstasy. De la naïveté à la crise existentielle, en passant par la culpabilité liée au poids du regard familial, il est littéralement habité par son personnage. La pègre représente une porte de sortie à cette vie trop bien rangée. Sam s'émancipe peu à peu du joug de la religion, découvrant les joies de la volupté au cœur du Brooklyn des années 1990. Comme une fleur en train d'éclore, il se montre plus rugueux. Multiple. Il retire son masque de jeune homme irréprochable, se laissant débrider par Rachel, la petite amie dévergondée de son patron, qui se charge de faire sauter chaque verrou de sa personnalité.

Ici, péché rime avec liberté et l'étape charnière de son envol repose sur la scène où il se coupe les deux mèches emblématiques de la communauté juive orthodoxe. Le vice comme empreinte du passage à l'âge adulte et de la découverte du libre-arbitre. Au fil de l'intrigue, on ne peut s'empêcher de repenser à Une Education, de Lone Scherfig, où cette adolescente, aveuglée par la candeur, croit reprendre le contrôle de sa vie, passant d'un extrême à l'autre. Comme son alter ego, Sam prend possession de lui-même brutalement, au détriment, sans doute, de ses convictions éthiques et de son intégrité morale. Se perdre pour mieux se retrouver en somme.

Le fait divers qui a inspiré Jewish Connection est comme une excuse pour témoigner de la difficulté de concilier archaïsme religieux avec modernité. Le film dessine avec réalisme les mœurs d'une communauté hors du temps et sa vulnérabilité face au monde extérieur. Le regard est sans complaisance. Sans jugement non plus. On s'immisce dans un monde de traditions et on découvre à quel point il est violent de ne pas se soumettre à la morale du troupeau.  

 

Laure Beaudonnet

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