Critique : Rien à déclarer

Didier Verdurand | 26 novembre 2010
Didier Verdurand | 26 novembre 2010

12 ans séparent Avatar de Titanic, le film qu'on a le plus souvent comparé à Bienvenue chez les Ch'tis, box-office oblige. Nul doute que cette fois, les journaleux s'abstiendront de citer James Cameron au côté de Dany Boon qui lui n'aura attendu que 3 ans pour enchaîner. Déjà parce que même si Rien à déclarer devrait faire quelques millions d'entrées, il ne s'approchera pas des 20 millions mais surtout parce qu'il déçoit cruellement. Son film-phénomène n'avait peut-être rien d'un chef d'œuvre, il reste néanmoins drôle et populaire dans le bon sens du terme, malgré certaines facilités. Ici, Boon tombe dans le piège du film-qui-suit qui consiste à resservir un plat identique à quelques ingrédients près. La Belgique remplace le Sud. Les douaniers remplacent les facteurs. Benoît Poelvoorde remplace Kad Merad. Dans les cinémas, les caissières peuvent s'attendre à bouffer du Bienvenue chez les Ch'tis 2 ou Bienvenue chez les Belges.

Seulement voilà, la mayonnaise ne prend pas. L'innocence et la gentille naïveté de l'original se sont transformées en machine formatée à faire rire des millions de gens et comme souvent voire toujours dans ce cas-là, le lourd l'emporte largement. Certes, on ne tombe pas aussi bas que Les Visiteurs 2 ou Taxi 2 mais franchement, on en n'est pas loin. Pour donner une idée du niveau, voici en gros le premier dialogue, lorsqu'un douanier belge rentre dans un troquet : « Ah, j'te sers un p'tit rouge ? » lui dit le barman. « Oh non, tu sais que je prends pas d'alcool pendant que je suis en service. Sers-moi une p'tite bière plutôt ! » Il manque les rires enregistrés pour se croire devant une sitcom. Une fois qu'on a clairement compris que Rien à déclarer serait inférieur aux Ch'tis, l'ennui prend naturellement place, en attendant le happy end de convenance. Et il ne faut pas compter sur Poelvoorde, qui surjoue, ou les secondes-rôles pour se distraire - seuls Karine Viard et François Damiens s'en sortent à peine.

Quant à Dany Boon, il a l'air plus inspiré par la technique (un confortable budget lui donne les moyens de s'amuser et de se croire un instant dans Fast and furious 5) que par le scénario, prévisible et sans saveur, ne lui donnant que peu d'occasions de montrer son talent devant la caméra. Les gags réussis se comptent sur les doigts d'une main, tel est le triste verdict qui nous donne envie de créer le César de la pâle copie. On espère surtout que la page-concept « Luttons contre les préjugés et ouvrons-nous à des cultures différentes » est définitivement tournée et que Boon nous fera rire à nouveau. Qu'il prenne son temps...

 

 

 


 

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(3.5)

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commentaires
christo8448794
12/09/2020 à 21:48

drôle de fou

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