Critique : AO le dernier Néandertal

Sandy Gillet | 28 septembre 2010
Sandy Gillet | 28 septembre 2010

Initialement prévu pour les fêtes de fin d'année 2009, Ao, ainsi nommé et dernier du genre néandertalien, aura donc du attendre quasiment un an de plus pour enfin arriver sur nos écrans. Pourquoi un tel retard à l'allumage ? D'autant qu'en termes de post-prod le film de Malaterre ne propose par exemple que très peu de plans numériques. Quasiment tout ce qui est à l'écran a été capté in situ aux quatre coins du monde. Une partie de la réponse se trouve en fait dans le métrage lui-même d'ailleurs étonnamment court (85 minutes) surtout quand on sait qu'à l'origine était prévue une fresque de près de deux heures.

Suite au succès de sa trilogie télévisuelle et préhistorique dont L'odyssée de l'espèce, en 2003, reste le fleuron, Jacques Malaterre n'a pas eu de mal à réunir les fonds pour décliner ce savoir-faire sur grand écran (le film est budgétisé aux alentours de 15 millions d'euros sans les frais marketings). Mais ce qui fait les beaux jours de la petite lucarne n'est pas forcément un gage de succès au cinéma et Ao le dernier Neandertal en est la preuve flagrante. Oscillant sans cesse entre film familial nantis de valeurs ad hoc comme le respect et la compréhension de l'autre dut-il être différent à maintes égards (physique, coutumes, évolution...) et quête aventureuse comportant des scènes extrêmes (pour un public familial s'entend), voici un film dysfonctionnel et un peu schizo qui valide plus de deux années de production faites de compromissions gênantes et au final destructrices.  

Il est évident que les intentions initiales de Malaterre ont bel et bien disparu, lui qui en toute honnêteté doit avoir du mal à admettre que ce film met la touche finale à une décennie passée à fureter aux origines de l'humanité. Pour autant l'histoire reste belle puisqu'elle raconte la rencontre entre un néandertalien et une sapiens, validant ainsi les dernières recherches en la matière qui ont affirmées que ces « unions » ont bien eu lieu et que de fait nous avons donc tous un peu en nous du génome de l'homme de Néandertal.

Qu'il est donc frustrant de voir qu'avec un tel potentiel et une telle envie de bien faire, l'on aboutisse à une sorte bouillie visuelle assez indigeste où prime de surcroît une voix off censée expliciter ce qui se passe à l'écran. Preuve s'il en est que personne ne faisait confiance au potentiel intrinsèque du film. Et Ao le dernier Néandertal de n'être qu'une sorte de mauvais documentaire animalier humiliant de surcroît les efforts prolixes et incontestables de ses acteurs tout en se montrant indigne du grand frère cinématographique signé Jean-Jacques Annaud décidément intouchable.

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