Critique : Miral

"Regarde les femmes tomber" aurait pu être le titre du nouveau film de Julian Schnabel. En adaptant un roman autobiographique de Rula Jebreal, le peintre et réalisateur américain survole l'Histoire troublée de la Palestine du point de vue des femmes. En particulier celui de la gracieuse Hind Husseini, qui va monter l'institut Dar Al Tifel pour les jeunes orphelines en 1978, et celui de la belle Miral qui va y vivre un destin extraordinaire. Baigné dans une esthétique en roue libre où Schnabel abuse de tous les effets possibles et imaginables, le film conte alors leurs tourments sous le joug des hommes en guerre. Mais, attention, tout le monde est beau, du terroriste palestinien à la sublime Freida Pinto dans le rôle titre. Si, à la décharge de Schnabel, Rula Jebreal est bien d'une beauté éblouissante, l'ensemble s'éloigne ainsi du réalisme viscéral que l'on pourrait attendre de ce genre de sujet, pour se poser en hymne idéaliste. Une sorte de mix filmique entre Femmes, je vous aime de Julien Clerc et les pop song engagés de Bono.

Les femmes, le conflit israélo-palestinien et une approche picturale en roue libre, Miral est un loukoum sentimental et démago devant lequel il est difficile de ne pas verser une petite larme, tout en refreinant un "Tous pourris !" rageur. Néanmoins, il est également difficile de ne pas voir les limites d'une telle approche où la politique et la religion sont réduites à leur plus simple expression et où l'Amérique, représentée par Willem Dafoe, ne fait qu'une apparition. Lorsqu'on ajoute à cela une construction narrative boiteuse, Miral devient vite oubliable d'un point de vue cinématographique. Comme le sont, d'un point de vue musical, toutes les compilations d'artistes pour aider telle ou telle cause. Ca donne bonne conscience. Ca passe le temps. Mais ça va vite s'entasser sur les étagères.

Damien Winjgaard