Critique : El Nino pez

Thomas Messias | 2 mai 2009
Thomas Messias | 2 mai 2009

Après l'excellent XXY, on attendait beaucoup du retour de Lucía Puenzo. Hélas, trois fois hélas, la réalisatrice livre avec El niño pez un film bâtard et pataud, qui ne convainc que par la qualité de son interprétation. La première bizarrerie du film est qu'il débute un peu n'importe comment, comme s'il manquait une bobine au début. Voire bien plus. L'histoire d'amour décrite, qui unit la fille d'un juge et sa gouvernante, est en effet posée en deux secondes à peine alors que c'est vraisemblablement là qu'était le sujet du film. Sauf que ce n'est visiblement pas ce qui intéresse Puenzo : elle ne s'en sert que comme le point de départ vaseux d'un polar lesbien (mais sans sexe, malgré les promesses très mensongères de l'affiche) dont on a très vite fait le tour.


Racontée en flashback (pendant un long voyage en bus, la fille du juge se souvient), l'histoire d'El niño pez semble ne tirer aucun parti de ce traitement sur deux époques, qui finit même par en ruiner le peu d'intérêt. Nul besoin d'être Einstein pour avoir tout compris, et très vite : c'est le genre de film policier où, avant même qu'il soit fait état d'un crime, on devine sans mal le nom de la victime, celui du coupable et même le mobile. Ce qui serait presque excusable si Puenzo ne s'obstinait à faire dans le pur film noir, balayant du revers de la main le potentiel purement dramatique de sa trame.


C'est déjà suffisant pour faire d'El niño pez une énorme déception, mais on ne peut pas ne pas évoquer le pire de ses défauts : l'onirisme et les effets visuels. L'une des deux amantes raconte en effet à l'autre une légende, celle de l'enfant-poisson, qui donne son nom au film. Celle-ci est assez révélatrice du passé et de l'état d'esprit des deux héroïnes. Sauf que la réalisatrice, dans un élan de lyrisme ou de folie, en vient à mettre cette histoire en images, explorant les fonds marins en compagnie de cet être inventé. Exécution calamiteuse et ridicule total de la situation ne font qu'accentuer la consternation ressentie devant ce beau gâchis, qui ne doit son tout petit salut qu'à la beauté fragile et à la conviction de ses deux interprètes principales.

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