Critique : Les Orphelins de Huang Shi

Vincent Julé | 9 juin 2008
Vincent Julé | 9 juin 2008

Les vrais orphelins de Huang Shi le disent face caméra lors du générique de fin, George Hogg était parfait. Il y a pourtant toujours un détail, un trait de caractère... mais non, là, il était parfait. Il faut dire qu'en pleine guerre, ce jeune journaliste anglais a emmené près de 60 orphelins à travers contrées hostiles et sommets enneigés de Chine pour atteindre un village où tous seraient en sécurité. Incarnation du courage, de la responsabilité, du sacrifice, il n'a finalement qu'un seul défaut, être joué sur grand écran par Jonathan Rhys-Meyers. Si certains rôles lui siéent à merveille comme dans Match Point ou The Tudors, Les orphelins de Huang Shi rappelle définitivement que ce dernier peut faire une belle icône mais reste un mauvais acteur. Chacune de ses moues ou œillades finit d'achever un film déjà mal en point.

 

En effet, fasciné par cette histoire vraie et ce destin extraordinaire, le réalisateur Roger Spottiswoode ne sait plus trop où donner de la tête. Ainsi, pendant une longue première partie, il veut tout faire (de la géopolitique, de la guerre, du cinéma engagé, de la fresque historique) et finit par faire ce qu'il sait le mieux, de l'illustratif. Les plans sont joliment composés, un peu artificiels aussi, mais n'appellent aucune émotion et s'enchaînent au gré d'ellipses répétitives et forcées. C'est d'autant plus dommage que c'est un vrai cinéaste humaniste (Under fire, Les soldats de l'espérance, J'ai serré la main du diable), bien que naïf et maladroit, Les orphelins de Huang Shi en étant une preuve supplémentaire et flagrante.

 

Ce n'est que dans la seconde partie, lorsque le film retrouve une narration classique avec l'exil, que la mise en scène se déploie et dévoile son seul trésor. Elle brille au milieu d'un casting facile (Michelle Yeoh et Chow Yun-Fat dans un film américain sur la Chine, nan, vraiment ?) et confirme ce qu'avait laissé entrevoir Silent Hill et Solitaire. Radha Mitchell est bien une beauté hors du temps, qui parvient à habiter, à enivrer chacune de ses scènes. On en oublierait presque tous ces pauvres orphelins.

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