Critique : Les Citronniers

Jonatan Fischer | 23 avril 2008
Jonatan Fischer | 23 avril 2008

Avec Les Citronniers, c’est une nouvelle vision du conflit israélo-palestinien qui nous est proposée sur grand écran. Ici, pas de bombes, de hurlements mais tout de même du désespoir. Ou la tristesse contenue d’une brave palestinienne expulsée de son verger à la demande de son voisin, ministre israélien de la sécurité, apeuré à l’idée de voir ses citronniers devenir une planque à terroristes. Une femme attachante et innocente victime d’un homme de pouvoir qui n’éprouve pas la moindre compassion : schéma classique et cliché ? Oui, un peu. Il faut bien avouer que le film de Eran Riklis ne sort jamais des sentiers battus. Mais Les Citronniers fait partie de ces portraits de femmes qui, sans forcément témoigner d’originalité, finissent par vous prendre aux tripes, tant ils font preuve d’une sincérité et d’une subtilité à toute épreuve.

 

D’une remarquable pudeur, cette fable moderne (et souvent cruelle) interroge sur la paranoïa qui gagne Israël et sur le rapport complexe que l’on peut avoir à nos racines. Salma, la palestinienne, pourrait accepter de déménager et toucher une compensation. Mais son terrain, c’est toute sa vie, c’est le souvenir de son père, de son mari décédé, son identité. Cette femme droite et généreuse nous touche par son obstination et son égarement progressif n’en est que plus touchant. Paradoxalement, elle, qui est si attachée à la tradition, va s’en retrouver la première victime, puisqu’elle va se découvrir un faible pour l’avocat qui tentera de l’aider à gagner son procès. Prisonnière de la société, d’un passé révolu, d’un amour naissant, Salma va être amenée à mener un véritable combat contre les autres et contre elle-même.

 

Humaniste mais pas naïf, le film oppose la vie en profonde mutation de cette battante à l’existence luxueuse et hypocrite de sa voisine, femme du vilain ministre. Deux portraits de femmes qui se font écho et qui essaient de nous mener vers le chemin de la tolérance. Si vous aussi vous avez besoin d’un peu de soleil et d’un bon verre de citronnade fait avec amour, laissez-vous tenter par ce drame intimiste et social convaincant et formidablement interprété.

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