Critique : Sans arme, ni haine, ni violence

Sandy Gillet | 16 avril 2008
Sandy Gillet | 16 avril 2008

Pour son premier film en tant que réalisateur, Jean-Paul Rouve s'est intéressé à Albert Spaggiari, le fameux gangster qui défraya la chronique en 1976 en s'attaquant avec succès à la chambre forte de la Société Générale de Nice par les égouts puis en faussant compagnie à la police en sautant par la fenêtre du bureau du juge au cours de l'une de ses premières audiences.

 

Si Sans arme, ni haine ni violence (inspiré d'une annotation que les employés de la banque trouvèrent sur les murs de la chambre des coffres saccagée) s'inscrit bien dans la tendance lourde du cinéma actuelle français qui s'emploie avec un « je ne sais quoi » de nostalgie un peu rance à remettre au goût du jour les ennemis publics n°1 de notre histoire contemporaine (le gang des postiches avec Le dernier gang l'année dernière et en attendant le biopic en deux parties sur Mesrine), il est évident que Rouve s'est surtout intéressé ici à l'homme en quête perpétuelle de reconnaissance, bourré de contradictions, farceur, inventif et mythomane ce qui le rend forcément attachant aux yeux de ceux qui découvriraient le personnage.

 

Et c'est d'ailleurs bien là le vrai et seul reproche que l'on peut faire au film et à son auteur. Cette volonté de passer sous silence l'autre aspect de la personnalité d'un homme au passé trouble (ancien d'Indochine, membre de l'OAS et ouvertement réceptif aux préceptes de l'extrême droite à la française) qui avait pris pour sa défense l'avocat Jacques Peyrat alors membre du Front national et future maire de Nice (battu aux dernières élections municipale par Christian Estrosi - UMP - accusé par Peyrat lors de la campagne des municipales en 95 d'être le motard complice de l'évasion de Spaggiari. Sic !). Bref de quoi faire un autre film autrement plus « spectaculaire » et dérangeant aux ramifications forcément actuelles mais qui ne fait pas partie de notre bagage culturel cinématographique à la différence par exemple des Etats-Unis.

 

Pour autant cette oblitération voulue n'altère que relativement le plaisir que l'on a à visionner un film qui s'appesantit donc beaucoup plus sur l'aspect « Robin des Bois » du bonhomme (pour ses coups d'éclat à l'encontre de la police) de toute façon beaucoup plus cinégénique et vendeur. Rouve s'y emploie de toutes ses forces via une mise en scène sans esbroufe et une conduite de la narration en apparence linéaire mais extrêmement efficace. L'histoire dira s'il s'agit d'un simple coup d'essai gagnant !

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