Critique : Le Fils de l'épicier

Julien Foussereau | 20 mars 2008
Julien Foussereau | 20 mars 2008

Un trentenaire instable enchaînant les petits boulots se voit moralement obligé de revenir momentanément tenir l'épicerie itinérante de son père, terrassé par un infarctus. A la lecture de ce résumé, on redoute la bonne leçon de vie lénifiante sur les vraies valeurs de la vie rurale. Ce sujet balisé - pour ne pas dire labouré - par des décennies de faiseurs inondant les écrans de produits hypocrites laissait envisager le pire, à mi-chemin entre Jean-Pierre Pernault, Louis la Brocante et le nanar congénital façon Une grande année de Ridley Scott.

 

Il n'en est rien. Enfin, pas tout à fait. Le Fils de l'épicier est bel et bien le parcours initiatique d'un homme reconstruisant sa vie grâce à la rudesse des vallons drômois et de ses habitants qu'il avait fuis. Ces paysages verdoyants n'échappent pas toujours à la vision de carte postale, on en conviendra, et certains aspects de la mise en scène d'Eric Guirado tendent parfois vers la candeur. Pourtant Guirado refuse l'épate et n'oublie pas l'école documentaire qui l'a formé. C'est pourquoi, embarquer sur les routes de campagne avec Le Fils de l'épicier procure un très grand plaisir parce que l'on a vraiment envie d'y croire ; surtout lorsqu'il rend hommage à ces commerçants, derniers liens sociaux d'une désertification rurale.

 

Mais l'irrésistible humanité se dégageant de cette balade bucolique ne serait pas complète sans l'indéniable justesse des comédiens, Nicolas Cazalé et Clotilde Hesme en tête. Par la délicatesse de leur interprétation, ils incarnent des êtres pudiques, dignes et graves, pas ces pantins trop glamour ou misérables pour être honnêtes. Grâce à eux, on est prêt à les suivre jusqu'au bout de leur tournée estivale, Without Gravity dans l'autoradio pour la touche romantique achevant de rendre ce Fils de l'épicier terriblement attachant.

Résumé

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