Critique : Les Tueurs de la lune de miel

Julien Foussereau | 21 janvier 2008
Julien Foussereau | 21 janvier 2008

Dans l'après-guerre de l'Amérique triomphante, Ray Fernandez, beau gosse et beau parleur, escroque les veuves éplorées en dépouillant leur compte en banque après un mariage express. C'est en voulant lessiver Martha Beck de ses économies que sa vie bascule. Elle n'en a pas et son existence n'a été qu'un cauchemar entre le rejet de sa famille et son obésité liée à un dérèglement thyroïdien. Martha tombe inconditionnellement amoureuse de Ray. Ils ne vont plus se quitter et ils semeront la désolation.

 

Leonard Kastle adapte en 1969 le parcours sanglant de ce couple de désaxés au cinéma. C'est son seul film et il impose le respect par ses choix artistiques judicieux. Des acteurs inconnus, un noir et blanc rappelant le documentaire. Le bagage de compositeur lyrique de Leonard Kastle ne se retrouve nulle part. Les Tueurs de la lune de miel ne lâche pas d'une semelle Beck et Fernandez via un enregistrement âpre et réaliste et trouve toujours la bonne distance.

 

Bien qu'il faille attendre longtemps avant que le couple bascule dans le meurtre à l'unisson, le malaise est là, dissimulé derrière les œillades malades de Sheryl Stoler à l'encontre de ces veuves séduites par Ray. Plus que Tony LoBianco, Sheryl Stoler est la révélation de ce film : ce bloc massif de colère rentrée que la jalousie maladive transforme en veuve poison distille un certain malaise avant de choquer durablement lorsqu'elle décide de fracasser le crâne d'une septuagénaire au marteau.

 

Les Tueurs de la lune de miel peut s'envisager comme un ancêtre préhistorique des films de Michael Haneke dans sa volonté de ne pas esthétiser le crapuleux et la violence. Ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme un des films les plus effrayants du cinéma indépendant des sixties. Bien plus, dans tous les cas, que Cœurs Perdus, son misérable remake.

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