Critique : Jin-Roh, la brigade des loups

Ilan Ferry | 15 décembre 2007
Ilan Ferry | 15 décembre 2007

Réduire Jin-Roh à une pure réflexion Bergsonienne sur la condition de l'homme reviendrait à ne mettre en lumière que l'un des aspects primordiaux du film de Hiroyuki Okiura. Or, il ne faut pas oublier que si le talent du co-réalisateur de Cowboy Bebop irradie littéralement l'écran, c'est avant tout à Mamoru Oshii (créateur de Ghost in the shell  et scénariste de Jin-Roh) que l'on doit la portée philosophico- politique de cette Brigade des Loups. Epuré à l'extrême tant dans son esthétisme que dans son rythme, Jin-Roh dresse le portrait glaçant d'un Japon post-Nagasaki où violences et psychoses y sont admirablement décrites comme les symptômes latents d'un pays au bord de l'implosion. C'est sous couvert d'une métaphore, certes appuyée mais ô combien appropriée, que le duo Oshii/Okiura dresse l'état des lieux glaçants d'une société traumatisée où toute notion du bien et du mal se voit recouverte du voile gris de l'ambivalence.

 


On retrouve dans Jin-Roh toutes les obsessions d'Oshii : une quête perpétuelle de l'humanisme (inhérente à tous ses personnages) ainsi que le rapport quasi organique liant l'homme à la machine comme une mue logique voire inévitable. A cela s'ajoute un lyrisme inattendu au vu de son sujet mais traduit par des séquences d'une incroyable fulgurance promptes à marquer longtemps notre inconscient cinéphilique jusqu'à son bouleversant final.

Passionnant film d'espionnage, glaçant brulot social, Jin-Roh est tout cela et bien plus à la fois : un cri d'alarme aux multiples couches de lecture, certes quelque peu prévisible scénaristiquement mais suffisament prenant pour interpeller durablement le spectateur.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire