Critique : Elizabeth : l'âge d'or

Laurent Pécha | 11 décembre 2007
Laurent Pécha | 11 décembre 2007

Presque 10 ans séparent Elizabeth de sa suite, Elizabeth, l'âge d'or. Entre temps, son actrice principale, Cate Blanchett est devenue l'une des comédiennes les plus incontournables du nouveau millénaire multipliant les prestations remarquées (voir le récent I'm not there où elle joue...Bob Dylan). La retrouver alors dans le rôle qui la fit reconnaître au plus grand nombre (nomination à l'Oscar à l'appui) est un authentique régal. Le personnage d'Elizabeth, reine d'Angleterre durant 45 ans, et ses multiples facettes offrent à l'actrice la possibilité de créer de toutes pièces une figure cinématographique des plus fascinantes.

Chaque plan du film nous rappelle ainsi que Cate Blanchett était née pour jouer ce rôle. Elle retrouve les costumes de la reine comme si elle ne les avait jamais quittés et nous entraîne dans les tourments d'une femme toujours aussi prisonnière entre ses désirs et la raison d'État. L'intrigue amoureuse a beau changer, Clive Owen en aventurier-pirate offrant un charisme nettement plus exaltant que le pâlot Joseph Fiennes du premier film, les ressorts dramatiques, du moins sentimentaux, du récit restent les mêmes. Elizabeth est et restera Reine avant d'être femme et le film de Shekhar Kapur nous montre magistralement ce bouillonnement intérieur qui consume la première dame d'Angleterre, cette reine vierge que nul homme ne domptera jamais.

Grand film féministe - il faut voir avec quelle force cette frêle femme est capable de faire respecter ses convictions -, Elizabeth, l'âge d'or est aussi et surtout une magnifique et passionnante fresque historique, soucieuse d'exactitude, même si l'interprétation prête de rares fois à des schématisations quelque peu manichéennes dans la représentation des « méchants » espagnols. Après n'avoir tourné qu'un (médiocre) film depuis le premier Elizabeth, Kapur démontre, à l'instar de sa comédienne principale, qu'il est l'homme de la situation. Plus ambitieux encore que par le passé, le cinéaste et sa talentueuse équipe technique soignent sa reconstitution dans les moindres détails. Il multiplie les séquences à la beauté vertigineuse comme l'atteste une dernière demi-heure visuellement splendide dont l'apogée, un plan stupéfiant d'Elizabeth surplombant de la falaise une mer embrasée par les galions espagnols en flammes, imprime durablement nos rétines.

Mené tambour battant au rythme d'un thriller - Elizabeth arrivera t-elle à contrer le roi d'Espagne et sa possible invasion ? Sera-t-elle déjouer le complot qui tente de mettre sur le trône sa cousine, Marie Stuart, reine d'Écosse ? -, Élizabeth, l'âge d'or captive tout autant qu'il parvient à effleurer des questions essentielles (le respect des convictions religieuses d'autrui par exemple) et dresse surtout le portrait terriblement émouvant d'une femme à la destinée hors du commun.   

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