Critique : Les Fourmis rouges
Derrière un titre un peu abscond pour qui ne s'intéresserait qu'à l'affiche (l'actrice Deborah François déjà vu dans La Tourneuse de page, toute de rouge vêtu est de trois quart profil et vous fixe intensément du regard) se cache un premier long signé Stéphan Carpiaux qu'il faudra suivre à l'avenir. Au-delà, il est évident que Les Fourmis rouges en désarçonnera plus d'un ne serait-ce que pour sa petite musique intérieure faite d'une mise en scène toute en retenue et d'une interprétation à l'unisson.
Un parti-pris filmique que l'on aurait pu croire difficile à tenir considérant un postulat
de départ assez minimaliste : la mort il y plusieurs années dans un accident de
voiture de sa femme, a plongé un père et Alex sa fille dans une vie réglée et « solitaire ».
Mais qui in fine tient la route cela même si, par moments, on se perd un peu en
digressions inutiles. Ainsi, beaucoup des passages autour de la rencontre avec Hector
qui s'ils offrent à Alex une sorte de miroir salutaire sur son sacrifice
permanent envers son père - telle une fourmi rouge bravant tous les obstacles
pour le bien-être de la fourmilière - et quelques bouffées d'air frais,
auraient pu passer à la trappe.
Le fait
est qu'avec son style fait d'abstraction (pas de repères géographiques ni
temporels) et proche de la fable moderne, Stéphan Carpiaux arrive à faire
passer beaucoup de choses, voire à les stigmatiser, à commencer par la violence
sourde des « relations amoureuses » entre un père et sa fille ou
encore son sacrifice inutile qui ne fait qu'amplifier la détresse de celui-ci,
le tout autour de l'incommunicabilité, le manque d'amour et la peur de la
solitude. Tout cela pour un premier film, ce n'est pas si mal et bien entendu fortement
recommandable.
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