Critique : The Ringer

Julien Foussereau | 27 mai 2007
Julien Foussereau | 27 mai 2007

Le cas Peter et Bobby Farrelly pourrait fortement s'apparenter à celui de Quentin Tarentino : on adhère volontiers au cinéma de ces maîtres dans leurs registres respectifs à condition qu'ils y tiennent la barre. Dès qu'ils délèguent le commandement, leur entreprise boit trop souvent la tasse. Parce qu'il ne rencontre pas d'iceberg majeur qui le précipiterait dans les abysses des navets incunables, The Ringer est peut-être la moins honteuse des comédies produites par la fratrie de l'humour trash et tendre. De là à revendiquer une pleine satisfaction à la vision du film, il ne faudrait pas pousser non plus...

 

...Et c'est bien dommage tant l'idée de départ est savoureuse : un bon gars un peu couillon sur les bords se fait passer pour attardé mental afin de disputer les Jeux Paralympiques. Son éventuelle victoire permettrait alors de régler l'onéreuse chirurgie réparatrice des doigts de son jardinier ; doigts que ce dernier, désespérément con lui aussi, s'est coupé en inspectant de trop près une tondeuse à gazon en marche. On reconnaît bien là quelques traits typiquement « Farrelliens » comme ce crétinisme inaugural porteur des germes d'une absurdité potentiellement jubilatoire ou encore cet attachement sincère pour les handicapés et marginaux . Sur ce point, il faut reconnaître à The Ringer son regard juste envers une population préférant se faire parfois gentiment malmener et dépeindre sous un jour moins consensuel plutôt que d'être la source d'une vague d'apitoiements misérabilistes ; être témoin de cette complicité sincère entre Knoxville et ses partenaires special empêche de rejeter le film dans sa totalité.

 

Il y a pourtant des choses à redire, comme certaines facilités scénaristiques, tout bonnement hallucinantes : toi aussi, lecteur valide, infiltre les Jeux Paralympiques ! Pour ce faire, rien de plus simple : remonte ton futal jusqu'aux aisselles et parle la tête incliné de 30° sur le côté ! Au delà de cet exemple déjà gros, The Ringer exaspère avec son récit par trop paresseux. Quand Dumb et Dumber et Kingpin se révélaient être des rouleaux compresseurs rythmiques et comiques, Barry W. Blaustein le disciple englue son film dans une romance avec Katherine Heigl mal intégrée avant de le mutiler assez gravement au montage. Reste donc une comédie gentillette, emmenée par un Johnny Knoxville, certes, pro, mais peinant à se débarrasser de son image de Jackass nihiliste et masochiste. Un peu comme le show de MTV, on aurait préféré que The Ringer assume davantage le mauvais esprit originel. Quitte à (se) faire vraiment mal !

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