Critique : La Mort suspendue

Thomas Douineau | 8 octobre 2004
Thomas Douineau | 8 octobre 2004

À l'époque du drame, lorsqu'ils rentrèrent en Angleterre, Yates et Simpson reçurent un accueil mitigé de la communauté des alpinistes qui, choquée par le geste de Yates, voulait les exclure du Club alpin. Devant cette incompréhension, Joe Simpson écrivit son histoire et relata avec précision les évènements pour défendre son ami. Il explique le geste de Yates, qui, en coupant la corde, les sauva tous les deux. Ce livre, La Mort suspendue, dont est tiré le film, devint un best-seller.

En mettant en scène ce scénario de manière docu-fictionnelle (très à la mode aujourd'hui), Kevin McDonald, déjà oscarisé pour son One day in september (documentaire retraçant les attentats terroristes de 1972 au JO de Munich), adopte un point de vue extrêmement réaliste, allant à l'encontre du projet de départ (le film devait être un blockbuster spectaculaire avec Tom Cruise dans le rôle titre!). Grand bien en a pris aux producteurs car le film, cautionné par les interventions des véritables protagonistes, y gagne en émotion et crédibilise cette aventure extraordinaire et inimaginable, qui repoussa pendant quelques jours les limites de l'humain. Ainsi les images ne sont-elles pas dramatisées par le processus cinématographique. C'est la mise en perspective juste et modeste de la réalité par des scènes reconstituées qui donnent tout son sens au film.

Ce mélange original nous donne à voir une expérience humaine exemplaire, doublée d'une incroyable leçon de survie. Éprouvant à plus d'un titre, La Mort suspendue devient un grand film de montagne, spectaculaire par son action et ses décors plus que par sa mise en scène. Ce qu'on aimerait voir finalement plus souvent dans les films d'aventures dits de fiction, où, hélas, la mise en image percutante cache souvent une absence de fond.

Le suspense humain est souvent insoutenable et le drame d'autant plus fort qu'il est réel. La caméra à l'épaule suit au plus près les deux personnages, perdus dans l'immensité blanche. En plus de tomber d'une falaise à pic, ils risquent de sombrer à tout moment dans un abîme intérieur. Kevin MacDonald et les deux alpinistes nous emmènent sur un terrain émotionnel que l'on aimerait, à l'instar des sommets pour les deux héros, fouler plus souvent.

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