Critique : L'Avenir est ailleurs

À l'heure où la question d'identité nationale revient au centre de la campagne présidentielle de 2007, L'avenir est ailleurs arrive à point nommé. Ce documentaire d'Antoine Leonard-Maestrati pose un regard sur une part d'ombre de l'histoire de France : le Bumidom. Crée en 1963 par le Premier ministre Michel Debré, le Bureau d'immigration des départements d'outre-mer était un programme de repopulation et d'apport de main d'œuvre à la métropole. Dans un premier temps, le Bumidom devait régler le problème démographique des départements d'outre-mer en particulier celui de La Réunion mais il devint, au fil du temps, une sorte de « traite migratoire » dont la Guadeloupe et la Martinique furent le plus touchées. Le film d'Antoine Leonard-Maestrati s'intéresse donc au cas des Antilles dont plus de 30 000 ressortissants sont venus en métropole grâce à ce programme.

Si L'avenir est ailleurs commence par une scène d'enterrement fictionnel et possède quelques mises en scène pour restituer les événements, le film est bel et bien un documentaire. Des familles, des personnalités locales (Aimé Césaire, Pierre Aliker, illustres écrivains de la Martinique ou encore Henri Bangou, Maire de Pointe à Pitre) et « internationales » (Lilian Thuram) se succèdent devant la caméra pour raconter leur point de vue de cette période de « voyage sans retour » où l'on partait institutrice et l'on arrivait femme de ménage, agent des P.T.T ou douanier.

La force de L'avenir est ailleurs réside dans le regard des différentes générations (surtout les jeunes) sur l'événement et comment ils le vivent au quotidien. Partagés entre leur terre de naissance ou/et d'adoption, les victimes du Bumidom et leurs enfants se cherchent, pansent leurs blessures et espèrent ne pas être oubliées, chose que le film d'Antoine Leonard-Maestrati rétablit avec justesse.