Par effraction : Critique

Vincent Julé | 12 mars 2007
Vincent Julé | 12 mars 2007

Jamais depuis son premier long-métrage Truly, madly, deeply il y a 15 ans, Anthony Minghella n'avait écrit lui-même le scénario d'un de ses films. En effet, le réalisateur britannique s'était plutôt fait une spécialité d'adapter les grands noms de la littérature, avec Michael Ondaatje (Le Patient anglais), Patricia Highsmith (Le Talentueux M. Ripley) et Charles Frazier (Retour à Cold Moutain). L'occasion à chaque fois de signer une grande fresque romantique, dépaysante et… nominée aux Oscars. C'est cette même recette, réappropriée et remise au goût du jour, des classiques du cinéma populaire d'antan, qu'il tente avec Par effraction de transposer à notre époque, dans notre société moderne et dans sa ville-monde, Londres.

 

 

Mais sans grands espaces, ni amour passion impossible, Anthony Minghella se retrouve à raconter une histoire terriblement anecdotique. Difficile, il faut l'avouer, de rendre passionnant les problèmes existentiels de ces pauvres riches qui, s'ils restent toujours propres sur eux, souffrent intérieurement. Surtout que le metteur en scène n'exprime jamais clairement ces questionnements, et donc les enjeux du film, bien qu'il leur apporte toujours la même réponse : « je ne sais pas », répète ainsi sans cesse Jude Law. Que dire alors lorsqu'il s'attaque au thème de l'immigration à travers le personnage tout en œillades et accent de Juliette Binoche.

Pourtant, ce drôle de mélange, ce vide même, finit par devenir irrésistiblement envoûtant. En effet, après avoir démonté le film et démontré sa vacuité, le spectateur se retrouve face à un objet purement formel, presque abstrait. Alors qu'il hésite entre s'ennuyer profondément et détester chaque action, ce dernier est rattrapé malgré lui par une mise en scène fluide et sophistiquée, et surtout par la bande originale signée main dans la main par le compositeur attitré du réalisateur, Gabriel Yared, et le groupe électro Underworld. Une musique à la fois trip hop, minérale, obsédante, qui doucement mais sûrement se mêle à notre propre battement de cœur. Fallait-il détester ce film pour pouvoir l'aimer ? Etrange, se répète-t-on les jours, semaines, mois suivants.

 

Résumé

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