Critique : Anna M.

Lucile Bellan | 18 mars 2007
Lucile Bellan | 18 mars 2007

Invitation à entrer dans un monde inconnu, personnel, celui d'Anna, Anna M. est un des rares films pudiques et vrais à garder une dimension cinématographique forte. Sans concession sur le fond, le réalisateur Michel Spinosa dit avoir fait beaucoup de recherches sur l'érotomanie et cela se sent. Une maladie mentale méconnue, où tout se passe exclusivement dans la tête (une des raisons d'ailleurs qui rendent cette psychose très difficilement détectable pour la famille), mais surtout un thème austère, parfois détourné comme dans A la folie, pas du tout, et ici traité de manière réaliste et méticuleuse. Il ne s'agit pas pourtant d'une chronique médicale, mais avant tout de l'histoire d'une femme qui d'un coup, tombe dans une folie destructrice et irréversible.

Le titre Anna M. place le film au rang de cas d'école ou d'étude, comme dans les livres de psychiatrie. Mais plus qu'un journal de la folie, diablement maîtrisé il faut bien le dire, un parallèle est à faire sur le jugement de l'amour, la réciprocité des liens et sur les droits que cet amour donne. Et c'est grâce à cette identification qu'on ne peut sortir de la salle que vidé(e), et en questionnement. Une vraie expérience de cinéma, à laquelle Isabelle Carré se donne tout entière.

Sa performance déroute puis impressionne. Quatre étoiles n'est pas si loin et déjà, elle balaye tout du plat de la main pour se mettre en danger, à vif. Un jeu si pur et réaliste qu'il fait très vite penser à celui d‘Isabelle Huppert dans La Pianiste de Michael Haneke. Et la comparaison ne s'arrête pas là : de l'importance d'une mère castratrice, à l'aspect visuel à la fois beau, clinique et oppressant, un style qu'on ne pensait trouver que chez le réalisateur autrichien. Si ainsi, certains spectateurs sensibles supporteront parfois mal la violence sourde, tous la vivront, qu'ils le veuillent ou non.

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