Critique : Les Petites vacances

On n'avait pas vu Bernadette Lafont au cinéma depuis un moment. C'était sans compter sur l'ingéniosité d'Eric Lartigau de la choisir dans la successfull comédie Prête moi ta main pour incarner la mère à poigne d'Alain Chabat. Heureusement l'ingéniosité se transmet et a touché Olivier Peyon qui transforme l'actrice en grand-mère mélancolique.

Étonnant premier film que ce road-movie alpin sur fond de bouleversement familial. En évoquant l'escapade d'une mamie avec ses petits-enfants, le synopsis annonce davantage le film d'aventure et la comédie pure qu'une plongée dans le dramatique. Pourtant, Olivier Peyon s'engouffre dans une voie peu déblayée pour parler de la vieillesse, de la solitude qu'elle engendre et de ce sentiment d'inutilité qui l'accompagne. L'implication de Bernadette Lafont démontre l'originalité de traitement du sujet. L'actrice apparaît sans fard, nature, authentique, loin des rôles de débutante qui laissait alors une place majeure à son physique et sa sensualité. Elle est ici crédible en grand-mère tourmentée et ce registre dramatique la révèle davantage mettant en évidence une valeur sûre mais parfois oubliée du cinéma français.

A ses côtés et revenant lui aussi en force sur les écrans, Claude Brasseur fait un cameo quand Claire Nadeau et Eric Savin (l'excellentissime patron de Fair Play) sont les points d'ancrage dans une réalité que Lafont tente de fuir. Remise en question, conflit entre générations, le film baigne dans une nostalgie et une mélancolie qui attirent l'œil mais ne l'aveuglent pas pour autant. Le jeu des jeunes acteurs manque un peu de consistance dans une histoire marquée avant tout par les sentiments. Et le manque d'action souvent lié au genre du road-movie pose d'autant plus problème qu'il vient s'ajouter à la lenteur du film. Des maladresses probablement inhérentes à tout premier film mais qui, du coup, portent un peu préjudice à un sujet pourtant singulier.