Critique : Le Serpent

Zorg | 10 janvier 2007
Zorg | 10 janvier 2007

En adaptant avec Le Serpent le roman Plender de Ted Lewis (Get Carter), Eric Barbier prend un pari quelque peu risqué : faire s'affronter Yvan Attal, photographe au bord de la crise de nerf pour cause de divorce, et Clovis Cornillac, maître chanteur brutal et sans remords. Ce dernier a acquis une stature nationale reconnue grâce à ses rôles comiques, et même s'il a démontré par le passé ses capacités à jour les brutes (dans le méconnu mais fort sympathique Maléfique d'Eric Valette, notamment), il plane cependant un soupçon de doute à l'entame du film sur son aptitude à se montrer réellement menaçant (et donc convaincant). Fort heureusement, Cornillac se montre absolument irréprochable dans la dégaine baraquée de l'ancien camarade de classe retors et manipulateur qui ourdit une machination implacable pour détruire la vie d'Yvan Attal.

Pour son troisième long métrage, Eric Barbier se lance donc dans un thriller stylé, bien qu'imparfait. Ainsi, même s'il nous épargne le traditionnel monologue explicatif qui éclaircit la moindre zone d'ombre de l'intrigue, travers auquel n'avait pas échappé Guillaume Canet dans Ne le dis à personne, il demeure que Le Serpent n'en finit pas de serpenter, et l'on ressort de la salle en ayant l'impression d'y avoir passé bien plus qu'une heure quarante. Cette constatation est d'autant plus regrettable que les rares passages faisant preuve d'un peu d'action déploient un punch réjouissant et nous donnent à rêver ce qu'aurait pu donner le film s'il avait été plus ramassé. Même constat sur l'ambiance, théoriquement oppressante dans pareil contexte, qui manque cruellement de densité et n'est pas assez appuyée sur la durée du métrage, à l'exception notable de la scène finale.

L'histoire n'entrera certes pas dans les annales pour son originalité, mais elle s'avère relativement bien construite et a au moins le mérite de tenir la route jusqu'à son dénouement. Si l'on ajoute enfin une partition qui alterne l'accompagnement d'ambiance estampillée thriller et la dissonance éclectique un peu pénible, Le Serpent est un produit correctement bouclé, solidement interprété (trop rare Pierre Richard), plutôt bien mis en image, mais tout de même décevant.

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