Critique : Le Héros de la famille

Le héros de la famille, c'est elle, Gabrielle. Figure emblématique du cabaret niçois "Le Perroquet bleu", elle réunit sa famille du spectacle lors de son enterrement. Prestidigitateur, danseuses, chanteuses, tous s'y retrouvent et Nicky son fils de cœur s'attend à hériter.

Février dernier voyait le succès critique et public de Fauteuils d'orchestre. À peine l'hiver passé, Christopher Thompson reprend sa plume pour tenter de renouveler l'événement. Les ingrédients sont là. Affiche de prestige pour choix de casting audacieux. Claude Brasseur en Gabrielle pailletée est l'exemple de ce coup de maître. En donnant du strass à son intrigue, le scénariste peut offrir de purs moments de cinéma. Géraldine Pailhas, Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart poussent la chansonnette quand Miou-Miou s'amuse à jouer la femme coupée en deux. Parmi les vedettes, Michaël Cohen (habitué de Thierry Klifa) se fraye aisément un chemin et s'impose par une justesse et une émotion troublantes. Les co-scénaristes Thompson et Klifa créent des rencontres jubilatoires et les répliques assassines pleuvent des bouches de Deneuve et Pailhas.

Mais la mort de l'étoile réveille des non-dits dans le lieu du paraître. La remise en question des personnages des faubourgs de Nice est la même que celle de l'avenue Montaigne. Alors qu'elle se suffisait à elle-même dans Fauteuils d'orchestre, cette remise en questionelle pâtit ici paradoxalement du manque d'action. L'issue de l'héritage ne réussit pas à tenir en haleine. Salut d'un Gérard Lanvin, magicien has-been et fardeau pour ses enfants, "Le Perroquet Bleu" reste fade malgré l'énergie de la meneuse de revue, Valérie Lemercier. L'intrigue ne fascine jamais et la mayonnaise est juste bonne là où on l'attend délicieuse. La bande à Gabie attire sans nous attraper vraiment.