Critique : Hooligans

Vincent Julé | 30 mai 2006
Vincent Julé | 30 mai 2006

Pour son premier long-métrage, Lexi Alexander, réalisatrice allemande exilée aux États-Unis, s'est intéressée à un phénomène culturel et social typiquement européen, et plus particulièrement encore britannique. Rares sont les films à s'être penchés sur cet aspect sombre et violent du football. Avec Hooligans, le spectateur suit le destin du jeune Matt, et subit la même descente aux enfers. Renvoyé de la prestigieuse université de Harvard pour un délit qu'il n'a pas commis, Matt Buckner part se faire oublier chez sa sœur en Angleterre. Là-bas, il découvre la fièvre qu'engendre le football, et surtout les groupes de supporters qui défendent l'image et la réputation de leur club comme une religion. Sensible à l'esprit de camaraderie et à cette volonté d'absolu, Matt se laisse entraîner pour le meilleur et pour le pire.

Le meilleur est la mise en scène nerveuse et percutante de Lexi Alexander, qui réussit à donner corps à la fièvre des pubs londoniens et à l'ultra violence des batailles rangées aux abords des stades. Le pire est d'avoir, consciemment ou inconsciemment, abandonné toute morale et toute critique en faisant des hooligans une communauté comme les autres, avec ses trahisons, ses états d'âme, ses amitiés viriles. Si ces artifices scénaristiques doivent nourrir la fiction, la rendre plus cinématographique, ils minimisent les actes, pourtant impardonnables, de ces supporters. L'empathie de la réalisatrice avec son sujet, et surtout ses personnages, se fait alors sans aucun recul, et ressemble à s'y méprendre à de la complaisance. Et même si le film veut se la jouer « la violence, c'est pas bien ; la morale est sauve », la dernière image laisse un arrière-goût douteux dans la bouche.

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