Critique : Raymond

Patrick Antona | 23 mai 2006
Patrick Antona | 23 mai 2006

Dernier recyclage en date des comédies fantastiques qui ont fait le succès des studios Disney depuis les années 1950, Raymond – Une vie de chien, tout comme La Coccinelle revient ou Freaky friday, est une veine tentative de renouer avec un genre dont les descendants de l'oncle Walt ont visiblement perdu la recette.

Pourtant le principe de base de voir un homme agir comme un chien et inversement aurait du être à la base de quelques gags certes plus ou moins faciles mais qui auraient eu le mérite de faire passer un bon moment au spectateur qui ne demandait pas plus. Tim Allen, une fois mordu par un chien plusieurs fois centenaires venu du Tibet, va ainsi passer de l'état d'assistant procureur (un peu borné il est vrai) à celui de bearded collie et ce de manière aléatoire. Malheureusement, le spectacle de Tim Allen en train de se soulager auprès d'une bouche d'incendie, de grogner ou de chasser les chats est malheureusement plus navrant que franchement drôle, au point qu'on se demande ce que l'ex-pensionnaire de la série Papa bricole (excellent au demeurant dans Galaxy quest) est venu faire dans cette galère.

Nouvellement transférée du petit écran, Kristin Davis, autrefois Charlotte délurée dans Sex & The City , ici femme aimante déboussolée par le comportement étrange de son mari, n'arrive jamais à nous convaincre ni à nous émouvoir. Et Disney oblige, aucun gag tendancieux à base de zoophilie n'est même tenté, ce qui aurait eu au moins le mérite de faire dans le « trash » et non dans le politiquement correct dans lequel baigne le film du début jusqu'à la fin. Car cette fois-ci ce sont les laboratoires pratiquant les expérimentations sur les animaux qui sont la cible de Disney, le tout enrobé sans finesse entre sempiternelles scènes de procès et conflits de génération dans la famille mais rassurez-vous, à la fin l'harmonie reviendra et le chien centenaire venu du Tibet sera converti à l'American way of life !

Seul Robert Downey Jr, qui joue le « méchant » Dr Kozak, avec son air azimutée (est-ce un rôle de composition ?) et ses répliques à l'emporte-pièce arrive à tirer son épingle du jeu mais la palme du cachetonnage revient à Danny Glover, venu ici uniquement pour toucher son chèque ! Seuls quelques effets spéciaux réussis arrivent de temps à autres à nous faire ciller : la représentation de l'ADN du chien « mutant » qui circule dans les veines de Tim Allen, la langue hypertrophiée que Tim Allen exhibe assez souvent (le running gag du film…), les créations mutantes du Dr Kozak. Mais tout cela fait pauvre en regard des moyens déployés, tout comme ces chiens créés en animatronique et dont on se demande l'utilité : de vrais chiens dressés auraient largement suffit ! Un autre artifice qui finit par rendre la vision de Raymond franchement pénible est l'utilisation systématique de la voix-off de Tim Allen pour rendre compte de son désarroi lorsqu'il est transformé en quadrupède, ne faisant que paraphraser l'action qui se déroule à l'écran. Les précédentes versions du Shaggy dog avaient au moins le mérite de verser davantage dans la slapstick de base, les rendant plus fluides et universelles que celle-ci, inutilement verbeuse et moins sympathique.

Le producteur déclare, à propos de son film : « C'est l'histoire d'un homme qui se transforme en meilleur ami de l'homme et apprend à devenir le meilleur ami de sa famille ». Vu le résultat final, il est peu probable que Raymond (NDLR : encore une fois un titre français idiot !) se fasse beaucoup d'amis parmi les spectateurs…

Résumé

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