Critique : La Rumeur court

Stéphane Argentin | 11 janvier 2006
Stéphane Argentin | 11 janvier 2006

« Madame Robinson, vous essayez de me séduire ». Cette phrase mythique d'un film qui ne l'est pas moins pourrait tout aussi bien s'appliquer à la nouvelle comédie romantique de Rob Reiner, réalisateur du tout aussi mythique Quand Harry rencontre Sally (comment oublier l'anthologique scène d'orgasme ?).

Prenant comme point de départ le fait divers qui serait à l'origine du roman de Charles Webb et du film de Mike Nichols, La rumeur court cherche en effet à séduire un public friand de comédies romantiques (très) populaires. Le film ne s'appela d'ailleurs pas « Jennifer Aniston Graduate Comedy » durant quelque temps pour rien avant d'obtenir son titre définitif. Pour autant, la véritable responsable de tous ces commérages n'est nullement l'ex-Friends mais Mrs Robinson, ou plus exactement Katharine Richelieu alias Shirley MacLaine, qui aurait donc inspiré le personnage campé par feu Anne Bancroft dans Le lauréat.

Une grande dame du cinéma en appelant une autre, c'est elle, Mrs MacLaine, qui constitue le véritable « atout séduction » de La rumeur court bien qu'occupant seulement la troisième position sur les crédits de l'affiche (par ailleurs bien plus réussie pour une fois pour l'exploitation française qu'américaine, cf. notre galerie photos et qui ne sera pas sans rappeler celle du Lauréat). Dans le rôle de la mamie « expérimentée » dans bien des domaines et au franc parlé sans équivoque (Le « go play with your dick » sera-t-il appelé à devenir mythique lui aussi ?), Shirley MacLaine dynamise à elle seule la bonne demi-heure de métrage dans laquelle elle apparaît. Le reste du temps, la rumeur sent plus ou moins la rose fanée, à l'image des dernières comédies romantiques de Rob Reiner (Une vie à deux ou encore Alex & Emma, cette dernière étant même sortie en France directement en vidéo).

Kevin Kostner campe à nouveau un homme quelque peu décrépi mais néanmoins toujours aussi séducteur après avoir roulé sa bosse pendant des années, Jennifer Aniston reprend peu ou prou son personnage de Rachel dans la série qui la rendit si célèbre (finalement, seule sa composition dans le très réussi The good girl vaut jusqu'à maintenant le détour parmi tous ses films) tandis que Mark Ruffalo poursuit dans la catégorie du beau gosse au capital séduction mono expressif après 30 ans sinon rien et Et si c'était vrai… (il pourrait tout de même faire un effort compte tenu des partenaires auxquels il est opposé : Jennifer Garner, Reese Witherspoon et aujourd'hui Jennifer Aniston !).

Mais puisque c'est encore dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes (sans la moindre connotation péjorative, eut égard à la grande dame du cinéma qu'elle est), c'est véritablement Shirley MacLaine qui chipe la vedette à toute cette jeunesse molassonne (un peu moins jeune certes dans le cas de Costner) après sa composition tout aussi remarquable dans le très réussi In her shoes. La rumeur court en sortant de la projection que ce serait elle la véritable lauréate du film.

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