Critique : Les Amants réguliers

Sandy Gillet | 24 octobre 2005
Sandy Gillet | 24 octobre 2005

Si l'on est un inconditionnel du cinéma de la « Nouvelle vague », alors le dernier film de Philippe Garrel, un des derniers activistes du genre encore en liberté, s'adresse en priorité à ceux-là. Pour les autres, il sera de bon aloi de passer son chemin au risque de se retrouver « piéger » au sein d'un film à la durée outrancière de trois heures. Pas de méprise cependant. L'auteur de ces lignes n'est pas un pourfendeur de ce cinéma qui aura révélé des réalisateurs tels que Godard, Rivette, Rohmer, Eustache ou encore Truffaut ni même un ardent révisionniste de la chose (quoique !). Non, disons seulement que Les Amants réguliers procède de la nostalgie d'une époque que l'on croyait révolue et met en exergue la face la moins « visible » d'un cinéma qui aurait dû le rester.

Se voulant peut-être comme une réponse à Dreamers, la tentative un peu naïve de Bertolucci à vouloir partager avec nous une période éminemment marquante de sa génération où Philippe Garrel en était d'ailleurs le personnage central, Les Amants réguliers propose donc lui aussi sa vision de Mai 68 à travers les yeux d'un jeune homme un peu poète que les événements vont jeter dans les bras d'une fille qu'il va aimer à en mourir jusqu'en 1969. On se doute que Garrel a mit beaucoup de lui dans ce personnage, qu'il y a transposé énormément de son histoire et de sa jeunesse, et tel un cadeau générationnel, c'est son propre fils à l'écran qui met en chair tout cela reprenant de fait un peu le rôle qu'il tenait déjà dans le film de Bertolucci. Et des jeux de piste à l'attention des aficionados de l'œuvre du cinéaste, le film en compte des dizaines et des dizaines excluant de fait la majorité des spectateurs courageux et/ou intrépides.

Pourtant Les Amants réguliers est loin d'être un film austère, recroquevillé sur lui-même ou encore imperméable à la moindre émotion. Bien au contraire, la photo en noir et blanc y est sublime, certaines séquences qui s'étirent à l'infini finissent par provoquer l'état de somnambulisme voulu à l'instar de ces jeunes « opiumés » et désillusionnés retranchés dans leur grande villa parisienne. Mais si la poésie de certaines images affleure au détour d'un regard, d'un geste ou d'un cadre, celle-ci cache mal un simple film nostalgique et donc vain. Il ne fera plaisir qu'à ceux qui gravitent autour de la sphère Garrel ainsi qu'aux critiques qui se sont réalisés via cette période et qui s'en veulent aujourd'hui les gardiens bouffés aux mites.

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