Juste ciel ! : critique de la sainte merde de Dieu

Judith Beauvallet | 15 février 2023
Judith Beauvallet | 15 février 2023

Laurent Tirard, le roi de la comédie facile, est de retour avec Juste ciel !, l’histoire de nonnes déterminées à remporter une course de vélo coûte que coûte. Celui qui s’est fait connaître avec MolièreAstérix & Obélix : Au service de Sa MajestéLe Retour du héros ou encore Le Discours tape ici dans la religieuse pour tenter de gratter quelques rires grâce aux mimiques de Valérie BonnetonClaire Nadeau et François Morel. Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ?

À LA NONNE FRANQUETTE

Dans un modeste couvent dirigé par la mère Véronique (Valérie Bonneton), une apprentie nonne qui croit plus en la grasse mat’ qu’en Dieu faisant une bourde. Pour racheter sa conduite auprès de la mère supérieure et ne pas se faire renvoyer fissa, la jeune Gwendoline cherche un moyen de financer les travaux de l’EHPAD du coin, plus décrépi que ses occupants. Et pourquoi pas remporter le prix promis au vainqueur de la course de vélo qui s’annonce au village ? Pour différentes motivations pas toujours très altruistes, voilà les nonnes décidées à pédaler jusqu’à la victoire. Mais c’était sans compter sur un gang de nonnes rivales, bien plus rigides et surtout bien plus sportives...

Inutile de revenir en détail sur la pauvreté des images qui servent à raconter cette histoire cousue de fil blanc, puisqu’il est très clair que la seule ambition du film est de faire rire (et absolument rien d’autre). Le problème, c’est que c’est bien le bout du monde s’il parvient à arracher deux ou trois vagues sourires à son spectateur. En effet, l’humour de Juste ciel ! est d’une simplicité et d’une prévisibilité telle qu’il n’en est même pas grossier, mais plutôt enfantin.

 

Juste ciel ! : photo, Guilaine LondezComme une nonne

 

Si Tirard a le bon goût d’éviter la facilité des gags pipi-caca caractéristiques des comédies paresseuses, les blagues du film n’en ressemblent pas moins à la version bambine du plus plat des traits d’esprit. Même pas si nombreuses, elles sont étirées par souci de remplissage jusqu’à susciter l’ennui et la gêne pour celui qui les regarde, à l’image de la séquence où les deux mères supérieures se disputent la cloche.

De la même manière, les dialogues (qui pourraient presque avoir de temps en temps quelques lignes inspirées) sont plombés par un montage terriblement mou du genou qui tire les comédiens vers le bas. L’ensemble donne l’impression que Juste ciel ! se destine avant tout aux jeunes enfants et aux gâteux, pourtant l’histoire ne semble adressée ni aux uns ni aux autres, et se contente de multiplier sans point de vue les images qui mettent des nonnes dans toutes les situations où il peut être supposément drôle de voir des nonnes. Les nonnes font du vélo, les nonnes prennent des selfies, les nonnes ont des envies de meurtre... Sans surprise, ça ne suffit pas.

 

Juste ciel ! : photo, Valérie BonnetonAprès la papamobile, le papaphone

 

EHPADUTOUT

Si les gags sont pressés comme des citrons pour faire durer le déplaisir, c’est parce que le scénario ne suffit pas à faire tenir le film sur ses deux jambes. Le point de vue de la narration et les enjeux changent sans arrêt de manière arbitraire, de sorte que le développement de l’histoire (pourtant pas bien compliquée) est un bazar qui ne permet pas d'y prendre goût.

D’abord, on suit la stagiaire Gwendoline qui n’a rien compris à la vie de couvent et qui risque de se faire renvoyer. Au détour d’un dialogue expéditif, elle et ses amies religieuses décident que la solution, c’est de gagner une course de vélo pour que le prix serve à rénover un EHPAD sous l’impulsion de Gwendoline, ce qui rachèterait son image auprès de la mère supérieure et lui permettrait de devenir nonne.

 

Juste ciel ! : photo, Camille ChamouxTu ne critiqueras point

 

Un point de départ complètement tiré par les cheveux, d’autant plus qu’il est exposé en quelques secondes et que ses principaux éléments sont très vite balayés. Des artifices qui se veulent des rebondissements viennent changer cette trajectoire, et alors que la mère supérieure prend la place de personnage principal sans crier gare, on oublie Gwendoline pour que l’enjeu devienne la possibilité de rencontrer le Pape en gagnant la course (tant pis pour l’EHPAD et pour la logique). L’arrivée des nonnes rivales change encore ce paradigme, et chaque sous-intrigue, si indigente et précipitée soit-elle, parasite le récit principal plutôt que de l’alimenter.

 

Juste ciel ! : photo, Valérie Bonneton, Sidse Babett KnudsenRejoue-moi ce vieux vélodrame

 

DU PAIN MAUDIT

Au milieu du carnage, pourtant, le casting se démène. Valérie Bonneton fait ce qu’on attend d’elle et recycle ses mimiques sur un air connu, mais Camille Chamoux tire son ostie du jeu et remporte la palme de la nonne la plus amusante du couvent. Claire Nadeau a à peine de quoi laisser entrevoir sa veine comique, mais fait un joli acte de présence, et Guilaine Londez fait ce qu’elle peut avec le personnage le plus mal écrit du film.

Parmi les rôles secondaires, un François Morel sous-exploité passe faire un coucou, même s’il est davantage utilisé pour son image que pour le peu de choses qu’on lui donne à jouer. Pour preuve : son dernier dialogue du film, qui est une référence directe à un vieux sketch des Deschiens, série humoristique dont il était la pièce maîtresse dans les années 90.

 

Juste ciel ! : photo, François MorelLe pape François

 

Le sketch cité est hilarant, mais la référence est tellement mal amenée qu’elle manque d’être drôle par elle-même et ne décochera qu’un sourire de nostalgie aux spectateurs qui connaîtront encore suffisamment les Deschiens pour comprendre le clin d’œil. Compter sur le potentiel comique acquis par avance de certaines images (comme les nonnes à vélo) plutôt que de se fatiguer à proposer une histoire cohérente et des gags nouveaux, c’est le mot d’ordre du film, qui fait perdre foi en son réalisateur. Car avec Juste ciel !, Laurent Tirard se brade et retombe dans le bas du panier de sa propre filmographie.

 

Juste ciel ! : photo

Résumé

Même sans en attendre grand-chose, Juste ciel ! parvient à décevoir avec son scénario griffonné sur un coin de table et ses blagues enfantines usées jusqu'à la corde. Le casting lutte fort contre le malaise mais perd la bataille dès le premier round.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.8)

Votre note ?

commentaires
Ctb
02/03/2023 à 11:55

Mais quel nanard
Pas de rires ni de sourires dans la salle. Comment Valérie bonneton et François Morel ont ils pu accepter cela?
Rien n’est crédible dans ce film.
Déjà la stagiaire dans le couvent on y croit pas. Les flashbacks inutiles. La course de vélo non plus.
Sans aucun doute la plus mauvaise comédie de tout les temps.
Les « 7e compagnie », sous doués ou encore les films des charlots sont des chef d’œuvre à côté.

HalaVARdrid
28/02/2023 à 23:10

J'ai aimé cette >petite comédie< de "région" , j'aime beaucoup les films tourné dans les régions. Mention spécial à toutes ces peties idées de situation qui fourmille dans ce film.
Ces Soeurs (actrices) sont bien plus exprésives que tout ces comédiens que j'ai bien pu voir dans les comédies jusqu'ici (2023).
Une comédie avec un rythme assez "poser" ! :-)
Ma note : 3.5 étoiles

"il faut que tu t'appelles VELO !". XD

Malda
21/02/2023 à 23:01

Film nul il y avait longtemps que je n.avais pas vu un navet pareil!!
A ne pas voir

Valnar
17/02/2023 à 17:09

Vous êtes dur, c'est tellement agréable de regarder une nonne enfourcher un vélo dans le Jura..

Fanou
17/02/2023 à 08:13

Je suis allé voir ce film et même si ça n'est pas le film de l'année, il s'agit d'une comédie sympathique et agréable à regarder. Les acteurs tiennent bien leur rôle. A voir pour un moment de détente.

yo
17/02/2023 à 02:15

en plus elles seraient possédées par le dieux du metal et son groupe motorhead, cracheraient du feu et feraient des crêpes normandes, rhum, calva, ou poire, on oublie pas la vanille de madagascar, merci

Judith Beauvallet - Rédaction
16/02/2023 à 11:45

@Pedrolito59

Parce que sous prétexte qu'il y a des personnages de nonnes et une croix dans le titre, vous avez cru que le film était religieux ? Et que donc dans cette critique je m'en prenais à une religion ? J'aurais très bien pu le faire en d'autres circonstances, mais en l'occurrence, je ne commente que le film (qui est, par ailleurs, rempli de blasphèmes, comme c'est bien son droit).

Pedrolito59
15/02/2023 à 22:52

Wahou ! Dès qu'il s'agit de bouffer du curés à chaque coin de rue, Écran Large répond présent. Super partialité. Sur d'autre sujets, on sent beaucoup plus de retenue. On dit quoi des gens qui tapent sur ceux qui ne répliquent pas ? Des lâches et des couards à la pensée unique ...

neuneu
15/02/2023 à 20:06

Pt'tain, le niveau... Lovecroft. Qu'est-ce que tu fous encore là ? Si tu supportes pas les mauvaises critiques, casse-toi. Le site n'a pas besoin de trolls dans ton style.

Lord Sinclair
15/02/2023 à 15:23

On se croirait revenu au bon vieux temps des films de bidasses et de curé chez les nudistes...

Plus
votre commentaire