Respect : critique qui n'arrêta pas Franklin

Alexandre Janowiak | 17 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:32
Alexandre Janowiak | 17 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:32

Après le biopic sur David Bowie, Stardust, sorti en catimini sur OCS et le faux-biopic de Céline Dion, Aline, une nouvelle célébrité de la chanson vient rejoindre la longue liste des stars ayant eu le droit à leur film au cinéma ces dernières années : Aretha Franklin. La Reine de la Soul est au centre de Respect réalisé par Liesl Tommy et son interprète Jennifer Hudson qui est époustouflante.

JUST RESPECT

Quelques mois avant l'arrivée de Respect dans les salles de cinéma est sorti Billie Holiday, Une affaire d'état.  Réalisé par Lee Daniels, il revenait sur la chanteuse du même nom et notamment son parcours semé d'embûches entre la drogue, les hommes, le racisme et surtout l'injustice vécue avec le gouvernement, dont elle était devenue une cible à abattre à cause de son répertoire musical engagé. Globalement, le film subissait ses choix de narration hasardeux et ratait tout ce qu'il entreprenait visuellement, avec ses effets de styles bancals.

Toutefois, on sentait une envie de bien faire dans Billie Holiday, voire mieux, de se démarquer. Et même si l'ensemble tombait dans l'outrance au fur et à mesure, le film avait donc une identité presque unique dans le fameux genre du biopic. Avec Respect, la réalisatrice Liesl Tommy fait absolument tout le contraire et ne fait que suivre une trace bien trop attendue.

 

Photo Jennifer Hudson, Forest WhitakerForest Whitaker très anodin dans le rôle du père

 

Autant le dire tout de suite : lire la page Wikipedia d'Aretha Franklin, aussi longue soit-elle, sera toujours un temps précieux de gagner plutôt que de s'enfiler ce biopic de 2h25. Non pas que le long-métrage soit imbuvable, mais rien ne donne envie de s'y attacher tant il aligne les poncifs du genre sans aucune originalité narrative ou esthétique.

L'histoire étant racontée de manière chronologique, toute la vie de la Reine de la Soul passe devant la caméra : jeunesse, talent précoce, viol adolescent, grossesse non désirée, violence du père, mort de la mère, violence du mari abusif et manager de surcroit... À quelques exceptions près, Liesl Tommy s'attarde sur tous les tournants de la vie de sa star. Tellement de choses que finalement, rien n'a le temps de prendre vie véritablement à l'écran. Et niveau mise en scène, le film manque assurément de panache, avec son imagerie proprette et peu inspirée (les fausses images d'archives, on a déjà vu ça partout).

 

photoLa photo est parfois un peu plus imaginative

 

NO FREEDOM

Avec la personnalité d'Aretha Franklin, la jeune réalisatrice avait pourtant de quoi offrir un regard moins généraliste et plus intime, plus engagé. Après tout, la chanteuse était une grande militante des droits civiques et son engagement lui a même valu la médaille présidentielle de la liberté remise des mains de George W. Bush. Elle a notamment rendu hommage à Martin Luther King en chanson lors de son enterrement avec le sublime Precious Lord, Take My Hand. Au-delà, son désir d'indépendance en tant qu'artiste et surtout en tant que femme noire aurait pu être un angle passionnant à suivre de bout en bout.

Malheureusement, si les sujets sont évoqués, ils ne font jamais l'objet d'un développement profond, le long-métrage préférant cumuler les tubes, les séquences de disputes à rallonge et finalement les fameuses phrases d'explication finales, révélant tout ce que n'a pu aborder le récit. Et même si la disparition tragique de la mère d'Aretha Franklin était une idée plutôt intéressante, elle ne délivre jamais l'émotion à laquelle elle devrait mener.

 

photo, Saycon Sengbloh, Jennifer Hudson, Hailey KilgoreDes moments plus libres

 

Reste alors l'interprétation de Jennifer Hudson. L'actrice oscarisée en 2007 pour Dreamgirls avait carrément été choisie par la Queen en personne avant son décès en 2018. Et il faut dire que son choix était plus qu'opportun. La comédienne est la grande (et seule) réussite du film tant elle accapare l'écran et donne de la voix avec un talent certain (Hudson étant aussi chanteuse de soul, cela est un vrai avantage).

Les scènes les plus entrainantes du film sont d'ailleurs celles où elle pousse la chansonnette ou plutôt, où elle crée ses tubes planétaires. Entre la mélodie, l'air, les modifications de ton, de rythme ou d'accord, le processus créatif est amusant à suivre et la caméra s'y fait plus spontanée. On peut même constater à quel point l'actrice semble s'être investie d'une sorte de mission pour honorer Aretha Franklin. Dommage qu'elle soit la seule à le montrer avec autant de puissance.

 

Affiche française

 

Résumé

Respect est un énième biopic musical dont la seule once d'âme repose sur les épaules de son interprète, ici l'impressionnante Jennifer Hudson.

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commentaires
Pistolero
20/08/2022 à 13:36

Put@in mais ce titre d’article !!!!
De l’or en barre :)))))

leduc23
18/08/2022 à 07:52

@caracalla oui c Otis qu'il l'a écrit, mais pour le coup elle a sacrément changé le sens du morceau.

RobinDesBois
17/08/2022 à 22:59

@Caracalla pas vu le film mais oui c'est Ottis qui l'a composé et sa version est d'ailleurs très sympa surtout en live. Mais la version d'Aretha est incroyable. C'est clairement l'une des 3 meilleures chanteuse du 20ème siècle.

Rick-Ornichon
09/09/2021 à 11:42

disons que c'est quand même dommage d'avoir un film sur Aretha, quand la saison 3 de Genius traitait déjà d'elle.
heureusement que c'est Hudson quoi...

Caracalla
08/09/2021 à 16:54

Bonjour, je n'ai pas vu le film mais je me posais une question : La BA laisse entendre que c'est Aretha Franklin et son entourage qui a composé et écrit "Respect", est-ce vraiment ce que le film raconte ?

Je sais que les Bio-pic prennent des libertés, ça ne me choque pas. Je ne suis pas un acharné de la véracité historique et je me doute bien de l'enjeu que représente cette chanson dans un film de 2021. Mais ça serait un peu injuste de passer Otis Redding sous silence ...

Alexandre Janowiak - Rédaction
08/09/2021 à 12:32

@JR

J'avais mis 2017 ? Quel noob.

Geoffrey Crété - Rédaction
08/09/2021 à 12:21

@JR

Merci, coquille corrigée !

JR
08/09/2021 à 12:11

Bonjour
Oscarisée en 2007, pas 2017. ;)

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